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BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 22 MAI 2025

Marché obligataire Détente prolongée sur fond de confort budgétaire Depuis plusieurs semaines, le Trésor imprime au marché une dynamique résolument baissière, en particulier sur la partie longue de la courbe. Si le calme domine pour l’instant, plusieurs échéances prévues à partir de juin pourraient modifier l’équilibre. Par Y. Seddik

la semaine du 8 au 14 mai, selon les données de BMCE Capital Global Research. Les lignes 26 semaines, 52 semaines et 5 ans ont enregistré les plus fortes baisses, avec des reculs respec- tifs de 21,73, 11,58 et 5,39 pbs. À l’inverse, les lignes très courte (13 semaines) et très longue (30 ans) ont légèrement progressé (+0,32 et +0,07 pb), mais sans que cela n'altère la tendance globale. Une stabilité à court terme, des incertitudes à moyen terme Dans l’immédiat, le contexte reste favorable à une certaine stabilité des taux, voire à une détente modérée, selon les anticipations de plusieurs inter- venants de marché. Le faible recours au financement domes- tique, combiné à la hausse des placements du Trésor sur le mar- ché monétaire et à une gestion active de la liquidité par Bank Al-Maghrib, devrait maintenir les taux interbancaires autour du niveau du taux directeur. Toutefois, cette configura- tion pourrait évoluer à partir de juin. Le calendrier budgétaire et monétaire à venir s’annonce chargé, avec notamment la tenue du Conseil de la Banque centrale et plusieurs tombées importantes sur la dette. À cela s’ajoute l’annonce récente d’une rallonge budgétaire de 13 mil- liards de dirhams, destinée à couvrir de nouveaux engage- ments. Si cette enveloppe devait se traduire par une augmenta- tion du rythme des levées sur le marché intérieur, elle pourrait amorcer une inflexion dans la dynamique actuelle. En définitive, le mois d’avril aura été marqué par une forme de pause maîtrisée sur le front des taux, rendue possible par un environnement de trésorerie exceptionnellement favorable. Le Trésor, en position de force, a choisi de modérer son recours au marché, maintenant ainsi une pression baissière sur les taux. Une stratégie qui pourrait se révéler transitoire, à l’approche de rendez-vous budgétaires et monétaires plus exigeants. ◆

 Le marché des taux a poursuivi en avril une trajectoire de détente progressive.

S

ans surprise, le marché obli- gataire a poursuivi en avril et début mai son mouvement de détente, porté par une situation de trésorerie exceptionnellement favorable. Avec un recours au marché domestique nettement réduit, le Trésor a laissé les taux glisser à la baisse, en particu- lier sur les maturités longues. Cette évolution s’inscrit dans un contexte budgétaire maîtrisé, marqué par des ressources exté- rieures solides et une dynamique fiscale soutenue. En effet, plusieurs facteurs ont contribué à renforcer cette aisance de trésorerie. D’abord, des levées significatives réa- lisées en mars ont permis de

constituer une réserve utile en début de trimestre. À cela, s’ajoute une opération réussie sur le marché international, avec une émission de 2 milliards d’eu- ros, qui est venue diversifier les sources de financement sans pression sur le marché local. En parallèle, le Maroc a bénéficié de l’activation d’une ligne de finan- cement flexible du FMI, à hau- teur de 4,5 milliards de dollars. Enfin, les recettes fiscales issues des acomptes de l’impôt sur les sociétés ont apporté un soutien supplémentaire. Dans ce contexte, le Trésor a nettement réduit sa présence sur le marché primaire. À titre d’illustration, entre le 4 mars et le 6 mai (7 séances), les levées lors des séances d’adjudication sont systématiquement restées en dessous du seuil d’un mil- liard de dirhams, ce qui traduit une faible sollicitation du marché

intérieur. Un signal qui n’est pas anodin : il reflète une stratégie de gestion prudente, favorisée par un coussin de liquidité suffi- samment ample pour couvrir les échéances de court terme. La dernière séance d’adjudica- tion en date illustre également cette dynamique : sur un montant proposé de près de 8,9 milliards de dirhams, seuls 2,1 milliards ont été retenus, soit à peine 24%. Les maturités concernées (26 semaines, 5 ans et 15 ans) ont été servies à des taux limites en baisse, respectivement de 2%, 2,4696% et 3,1547%. Les replis observés sur les taux primaires sont significatifs : -18 points de base sur la ligne 26 semaines, -15,3 pbs sur la ligne 5 ans, et -30,9 pbs sur la maturité 15 ans. Parallèlement, la détente se confirme également sur le mar- ché secondaire, où les rende- ments ont poursuivi leur repli sur

Le calendrier budgétaire et monétaire à venir s’annonce chargé, avec notamment la tenue du Conseil de la Banque centrale.

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