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ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 22 MAI 2025

Tourisme «L’aérien joue un rôle important pour le développement du secteur»

développer davantage le secteur touristique. C’est du gagnant- gagnant pour toutes les parties, y compris l’Etat en termes de recettes fiscales et de devises ainsi que des recettes parafis- cales, puisque les employés du secteur seront déclarés à la sécu- rité sociale. F. N. H. : Pour augmenter le nombre de touristes, il faut diversifier également les marchés. Que pensez- vous ? L. Z. : Nous avons toujours prôné cette approche. Elle per- met non seulement d’augmenter les arrivées, mais aussi de ne pas dépendre d’un seul marché. Le Maroc dépend largement du mar- ché européen et cela représente des risques majeurs en cas de tensions géostratégiques ou une pandémie comme le Covid. Le marché israélien présentait des perspectives prometteuses du fait de l’importante commu- nauté de ce pays originaire du Maroc, jusqu’à l’éclatement de la guerre à Gaza. La diversification des marchés ne passe pas uni- quement par des campagnes de promotion, mais aussi et surtout par le développement du trans- port aérien. La RAM a un rôle important à jouer en lançant de nouvelles dessertes vers des pays qui ne sont pas connectés avec le Royaume. Certains marchés présentent un potentiel important pour le Maroc, comme les Etats- Unis, l’Amérique du Sud ou la Chine. Mais ils ne sont pas des- servis par des compagnies à bas coût. Certes, la compagnie natio- nale a annoncé un méga projet d’acquisition d’avions à l’horizon 2037 pour porter sa flotte à 200 appareils. Mais d’ici là, elle doit recourir au leasing pour augmen- ter sa capacité de transport. ◆

Tous les grands secteurs comme l’agriculture ou l’industrie sont représentés au Parlement sauf le tourisme. La loi sur les résidences touristiques tarde à être opérationnelle. Entretien avec Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie touristique.

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Vous préconisez l’institu- tion d’une haute autorité du tourisme. Pourquoi ? Lahcen Zelmat : Tous les grands secteurs du Maroc sont représen- tés au Parlement sauf le tourisme. Dans la Chambre des conseillers, on retrouve des représentants de la Chambre de commerce, de l’artisanat, de l’industrie et mari- time, excepté ceux du tourisme. Ces représentants font du lob- bying pour leurs secteurs res- pectifs. Ce qui n’est pas le cas pour notre secteur qui ne dispose que d’associations ou de fédé- rations qui n’ont pas le même poids juridique et n’ont pas le financement nécessaire. Car ce sont les membres qui cotisent. Pourtant, c’est une activité qui crée beaucoup d’emplois et dans toutes les régions. Elle séduit les investisseurs et a des effets d’en- traînement sur d’autres secteurs. C’est l’une des plus importantes sources de devises pour le pays. Le gouvernement n’accorde pas l’attention voulue à ce secteur, bien qu’il ait un poids socioé- conomique majeur. A travers la

création d’emploi, il participe acti- vement à l’augmentation de la demande nationale, qu’elle soit d’investissement ou de consom- mation. Si l’on analyse les prin- cipaux secteurs du Maroc, on remarque que l’agriculture est dépendante des aléas climatiques et que l’industrie n’a pas encore atteint toute sa maturité malgré ses performances. Il n’y a que le tourisme qui peut générer de l’emploi dans toutes les régions du Royaume, d’où la nécessité de lui accorder une attention par- ticulière. F. N. H. : Le Maroc a dépas- sé l’Egypte en termes d’ar- rivées, mais pas au niveau de la rentabilité. Comment expliquez-vous cela ? L. Z. : Le Maroc n’a pas le même modèle que celui de l’Egypte. Le nôtre est basé sur le système de l’Open Sky et des compa-

gnies aériennes low-cost. Mais le modèle égyptien se focalise sur- tout sur les tour-opérateurs qui vendent des destinations ciblées, comme Sharm El Sheikh ou Ghardaqa. L’autre facteur péna- lisant concerne la faible présence au Maroc de l’immobilier locatif à caractère touristique, à l’instar de Airbnb. Les quelques offres loca- tives ne sont pas réglementées. Certes, un texte de loi encadrant cette activité a été approuvé par le Parlement, mais les décrets d’application tardent à sortir. Si l’on ajoute les recettes de l’ac- tivité informelle, la valeur totale des recettes touristiques va aug- menter car 50% sont accaparées par l’informel. Un sondage réalisé il y a quelques années au sein de l’aéroport de Marrakech a confirmé ce constat. D’où l’opportunité d’organiser cette activité et faciliter la pro- cédure aux investisseurs pour

La RAM a un rôle important à jouer pour lancer de nouvelles dessertes vers des pays qui ne sont pas connectés avec le Royaume.

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