ECONOMIE
22
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 22 MAI 2025
Développement agricole Pourquoi il faut une stratégie spécifique pour les petits exploitants Ils ne profitent pas assez des mesures de soutien de l’Etat. Le CESE préconise de prendre en considération les particularités de chaque région. Par C. Jaidani
ne bénéficie pas des mesures d’accompagnement, comme l’encadrement technique», sou- ligne Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome. Dans son dernier avis, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a pré- conisé le lancement d’un plan d’action spécifique pour les petits et moyens exploitants et de prendre aussi en considéra- tion les particularités de chaque région. L’idée est de promouvoir des cultures résilientes assu- rant une forte valeur ajoutée et créant de l’emploi. A cet égard, il a recomman- dé la protection des petites et moyennes exploitations contre le morcellement des terres. «Le morcellement est la princi- pale contrainte d’investissement dans l’agriculture. Plusieurs personnes n’arrivent pas à lan- cer leur projet car ils sont pro- priétaires dans l’indivision. Pour obtenir un crédit et avoir une autorisation, ils ont besoin de l’aval des autres propriétaires», explique Guennouni. Le CESE a insisté sur le regrou- pement des petits et moyens exploitants dans des asso- ciations ou coopératives. Une telle initiative permettra de mieux utiliser la mécanisation, les intrants les plus adaptés ainsi que l’accompagnement au niveau technique. En matière de production, il est utile de promouvoir des variétés rési- lientes et rentables. Au niveau de l’élevage, le CESE suggère le développement de races locales qui résistent mieux à la sécheresse et ont un coût d’entretien moindre, contraire- ment aux races importées qui sont plus exigeantes en matière d’alimentation. Par ailleurs, force est de consta- ter que de nombreux petits agriculteurs sont alphabètes. Ils trouvent donc des difficultés à accéder aux outils modernes de communication. Sur le plan administratif, il faut leur faci- liter la procédure pour qu’ils puissent bénéficier des diffé- rentes mesures de soutien fixées par le gouvernement. ◆
Pour mieux encadrer les exploitants, il est essentiel de les regrouper en associations ou en coopératives.
L
’
agriculture constitue toujours un pilier fondamental de la crois- sance économique du Maroc. Les récentes années de séche- resse, qui ont lourdement pesé sur le secteur, en sont une illus- tration frappante. Cette situa- tion a d’ailleurs contribué à l’ag- gravation du chômage dans les zones rurales, renforçant ainsi le constat de la vulnérabilité struc- turelle de l’activité agricole. Le tissu agricole national est composé à près de 90% de petits et moyens exploitants, dont la majorité possède moins de trois hectares. Ces exploita- tions, le plus souvent à carac- tère familial, continuent pour beaucoup de fonctionner selon des méthodes traditionnelles.
Faiblement mécanisées et peu enclines à adopter les inno- vations technologiques, elles peinent à suivre les nouvelles dynamiques du secteur. Pour impulser une transforma- tion en profondeur, le Maroc a lancé en 2008 le Plan Maroc Vert (PMV), auquel a succédé la stratégie Génération Green. Ces deux plans ont permis des pro- grès notables, notamment au sein des filières orientées vers l’export. Toutefois, malgré ces avancées, certaines limites per- sistent dans la mise en œuvre des politiques agricoles, en par- ticulier s’agissant de l’accom- pagnement des petits fellahs. En dépit de leur poids numé- rique, ces derniers demeurent pénalisés par la faiblesse ou l’inefficacité des disposi- tifs d’appui. Nombre d’entre eux vivent dans une précarité proche du seuil de pauvreté. «Le PMV est une stratégie
purement agricole. Toutes les réformes initiées portent sur la chaîne de valeur, à commencer par la production, la commer- cialisation, la transformation et l’export. Mais le secteur doit impliquer également de nom- breux départements et interve- nants. Pour séduire les investis- seurs, il faut des infrastructures de base de qualité. Outre les barrages et les canaux d’irri- gation, l’activité a besoin d’un bon réseau routier, de stations d’entreposage et de condi- tionnement. Un programme de développement intégré est nécessaire pour faire converger toutes les orientations qui ont trait au secteur. Également, il faut un effort sur le plan législatif et réglementaire pour conce- voir des lois adaptées. Pour la plupart, les petites exploitations travaillent dans un cadre infor- mel et une bonne part des fellahs n’a pas accès au financement et
La modernisation de l’agriculture nécessite l’implication tant du ministère de tutelle que d’autres départements et intervenants.
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker