DEVELOPPEMENT DURABLE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 22 MAI 2025
CBAM – Décarbonation - Agriculture durable Le pacte vert Maroc-UE se précise
plexe pour la majorité des PME. Préparer un dossier technique ou mobiliser une expertise en dura- bilité représente un coût souvent prohibitif pour les petites struc- tures. A cela, s’ajoute l‘épineux pro- blème de la réglementation, qui présente un important décalage entre textes et application. Les lois existent, mais leur application reste faible. Sheryn Ziani, experte en développement durable et représentante de la COVAD à la conférence, a illustré ce point en évoquant la gestion des déchets: «Il est temps de rendre le tri à la source obligatoire dans toutes les couches de la société, et en particulier dans les ménages. Le cadre juridique est là, mais la capacité à faire appliquer les lois fait défaut». De plus, l’échec de la taxe sur le plastique de 2014 résume bien cette problématique: une mesure visionnaire sur le papier, mais un manque de gou- vernance mixte public-privé qui a limité son efficacité. Les interve- nants ont également plaidé pour le développement de la R&D dans ce secteur de l‘économie verte. Le pays ne manque pas d’idées ni de talents. Mais les entrepre- neurs verts manquent d’espaces pour tester leurs solutions, et sou- vent leurs projets n’atteignent pas le stade de commercialisation. Comme l’a résumé avec justesse Chaqor, «la dynamique actuelle ne nous emmène pas en Champions League. Il faut redessiner une feuille de route avec un niveau d’ambition plus élevé, et une intel- ligence collective plus forte». La transition verte au Maroc ne manque pas de vision. Le Royaume a su affirmer sa détermination en matière de durabilité, comme en témoigne son classement à la 8 ème place du Climate Change Performance Index 2025. Mais la poursuite de ce succès reposera sur sa capacité à apprendre de ses expériences passées, à adap- ter ses outils à la réalité du terrain, et surtout, à mobiliser l’ensemble de ses forces vives : entreprises, territoires, chercheurs, citoyens et institutions. ◆
Partenaire stratégique du Maroc en matière de transition verte et de la troisième édition du Carrefour vert, l’Union européenne multiplie les initiatives de soutien aux projets durables. Dans cet entretien, Matilde
Ceravolo, Cheffe de la section économie-environnement à la
délégation de l’Union européenne au Maroc, revient sur les motivations de l’UE à accompagner des événements autour de l’économie verte, clarifie les contours du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et détaille les principaux projets verts
soutenus au Maroc, notamment dans l’agriculture durable et la décarbonation industrielle.
Propos recueillis par Désy M.
Finances News Hebdo : Ma première question, c’est sur- tout votre participation ici. Dans quel contexte êtes-vous partenaire de cet événement ? Matilde Ceravolo : L'Union euro- péenne cofinance ce programme mis en place par cinq agences des Nations unies. L'Union européenne, mais aussi plusieurs de nos États membres, sont bailleurs de ce pro- gramme parce que nous croyons profondément en la transition verte et au fait que l'économie peut et doit se transformer en un modèle plus durable, qui assure la gestion de nos ressources, lesquelles ne sont pas infinies. Il s’agit de pouvoir récupérer et utiliser les ressources que nous avons à disposition de la manière la plus efficace, pour que cela puisse perdurer pour les géné- rations futures. Et donc de créer des emplois dès maintenant, des emplois verts qui sont, en général, de qualité pour nos jeunes, mais aussi de garantir que la planète
soit encore là pour les générations à venir.
trie qui dépasse cette limite doit payer à l'État pour financer des programmes de reconversion verte. Ce que nous voulons éviter, c’est que les entreprises se délocalisent juste en dehors des frontières et continuent de polluer l’air que nous respirons tous, mais simplement de l’autre côté de la frontière, afin d’échapper au mécanisme ETS de l'Union européenne. L’ajustement vise donc à créer une base équivalente, à mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Que vous produisiez à l'intérieur de l'Union européenne ou à l’extérieur, vous ne pouvez pas dépasser le niveau d'émission. Lorsqu'une entreprise maro- caine exportera vers l'Union euro- péenne ou, pour être plus précise, lorsqu’une entreprise européenne importera des produits du Maroc, elle devra payer le CBAM, le méca- nisme d'ajustement carbone, uni- quement si le contenu carbone dépasse le seuil permis, qui est
F. N. H. : L’UE prévoit une taxe carbone aux frontières, le MACF ou CBAM, le méca- nisme d'ajustement carbone aux frontières, qui entrera en vigueur en 2026. Comment la délégation de l'Union euro- péenne au Maroc aide-t-elle les industries marocaines à se mettre au pas ? M. C. : Tout d’abord, une préci- sion. Pour nous, il ne s'agit pas d'une taxe, parce que ce n'est pas quelque chose de payable sur tous les produits qui rentrent. C'est vrai- ment un mécanisme d'ajustement aux frontières. Pourquoi justement? Parce que les entreprises à l'inté- rieur de l'Union européenne fonc- tionnent déjà sur un mécanisme d’émissions carbone. Il y a donc une limite aux émissions qu'une industrie peut émettre à l'intérieur de l'Union européenne, et l'indus-
Avec la participation de
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