DEVELOPPEMENT DURABLE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 22 MAI 2025
comme le programme Nassim pour les éoliennes, ou encore le renforce- ment du réseau électrique, afin qu’il puisse absorber davantage d’éner- gies renouvelables. Nous y enga- geons des financements importants, pour permettre la mise en place de ces infrastructures et ainsi offrir aux entreprises un accès à une énergie décarbonée, moins coûteuse, avec un impact moindre sur leur facture carbone. Le plus récent de nos programmes est le programme «Économie verte», récemment adopté par la Commission européenne pour un montant de 88 millions d’euros. Ce programme vise à soutenir la décar- bonation, l’économie circulaire, et à mettre en place, concrètement, des filières d’énergie et d’économie cir- culaire, où les ressources, en fin de cycle, redeviennent des ressources. Enfin, les programmes qui peuvent intéresser les entrepreneurs sont ceux destinés directement aux PME. Nous les mettons en œuvre à travers les banques commerciales: Bank of Africa, Crédit du Maroc, Société Générale… Les entrepreneurs qui vous lisent peuvent se rapprocher de leur agence bancaire et deman- der s’il existe un produit pour la décarbonation ou pour l’économie verte. Dans ce cas, l’Union européenne peut financer des subventions à l’in- vestissement, lorsqu’une entreprise souhaite acquérir un équipement moins énergivore, éviter le plastique, ou installer un système de recyclage des déchets; de l’assistance tech- nique, c’est-à-dire des experts qui aident à élaborer un business plan, à aller plus loin dans la stratégie; un accompagnement dans les aspects liés à la gouvernance : renforce- ment de l’entreprise, participation des femmes, responsabilité sociale et environnementale, préparation à une introduction en Bourse ou à l’accueil d’investisseurs. Et enfin, des garanties permettant aux entre- preneurs de recourir à l’endettement ou de mobiliser des ressources sur le marché, tout en étant couverts en partie par l’Union européenne, ce qui réduit leur risque et les encou- rage à franchir le pas. Nous sommes là, un peu, en mode «sécurité». ◆
Matilde Ceravolo : «Nous avons également travaillé avec le Maroc sur la possibilité de mettre en place une taxe carbone nationale».
assez bas pour l’instant en 2026. Bien sûr, l’idée est de le relever progressivement afin d’éliminer le carbone sur le marché. En ce qui concerne notre action au Maroc, le mécanisme CBAM a com- mencé à être mis en place depuis quelques années et il est entré en vigueur le 1 er janvier 2025. Pour l’instant, les entreprises ne doivent pas payer, mais simplement com- mencer à déclarer leurs émissions : c’est une phase test. Cela se met en place très progressivement. C’est un processus que nous apprenons à maîtriser et que nous voulons apprendre avec nos partenaires. Le Maroc fait partie d’un groupe sélect de partenaires qui participent à toute cette procédure, en tant qu’observateurs. Ils participent aux réunions des experts CBAM, qui définissent les détails du méca- nisme, afin que le Maroc dispose, d’une part, de l’information actua- lisée le plus tôt possible, et d’autre part, puisse faire un retour sur les impacts qu’il subit à cause de ce mécanisme. Ainsi, s’il y a des effets négatifs sur les entreprises, nous pouvons en être informés et inter- venir. À Rabat, depuis deux ans, nous avons beaucoup travaillé sur ce sujet avec toutes les institutions. Nous avons expliqué le CBAM, sa mise en œuvre, les acteurs concer- nés, etc. Il y a beaucoup de «fake news» à ce sujet. C’est-à-dire qu’on pense souvent que le CBAM va toucher tout le monde, alors qu’en
réalité seules certaines industries précises et ciblées sont concer- nées. À l’avenir, peut-être que nous élargirons le champ d’application, mais il ne sera jamais étendu à l’agriculture, qui n’est pas couverte par l’ETS. Nous resterons dans les limites du système ETS, qui est le mécanisme applicable à l’intérieur de l’Union européenne. Il ne s’agit pas d’aller au-delà de cela. Nous avons tenté de bien l’expliquer, d’aider les entreprises à se préparer. Nous avons également travaillé avec le Maroc sur la pos- sibilité de mettre en place une taxe carbone nationale. Un tel méca- nisme enverrait un message très clair à l’économie et à l’industrie marocaines : il faut décarboner. De plus, cela permettrait que les res- sources financières générées par ce mécanisme restent au Maroc, au lieu d’être transférées à l’Europe. Cela créerait des revenus pour l’État marocain. C’est une réflexion en cours au Maroc. D’ailleurs, dans le projet de Loi de Finances 2025, il y avait déjà une première esquisse d’une taxe carbone, qui a été repor- tée à l’année suivante. Ce report est tout à fait raison- nable : les autorités marocaines abordent le sujet avec prudence. Toute mesure fiscale, comme une taxe, doit être soigneusement éva- luée pour en mesurer l’impact sur le tissu entrepreneurial. Il faut donc y aller progressivement. Mais la vision est bien là. Le Maroc est un pays qui a une stratégie bas car-
bone, une vision à long terme. J’ai toute confiance que, le moment venu, cela sera mis en œuvre. F. N. H. : Dans le cadre du partenariat Maroc-UE, votre structure investit énormé- ment dans le financement de différents projets verts maro- cains, que ce soit en matière d’agriculture durable ou de transition verte. Pouvez-vous nous énumérer quelques projets phares sur lesquels l’Union européenne travaille actuellement avec le Maroc ? M. C. : Oui. Dans le cadre du Partenariat vert, il ne s’agit pas uniquement de coopération finan- cière. C’est d’abord une vision poli- tique, une coopération technique, des échanges sur les politiques publiques, qui sont ensuite suivis par des projets concrets. Nous avons, par exemple, un important programme d’appui budgétaire à la stratégie «Génération Green». C’est le programme «Terre verte», qui sou- tient le ministère de l’Agriculture et les acteurs économiques du secteur agricole dans tous les aspects de la transition verte. Il s’agit d’un pro- gramme de 115 millions d’euros, si je ne me trompe pas. Nous avons également un pro- gramme dans le secteur de l’éner- gie, qui accompagne la politique publique de transition énergétique. Il comprend aussi des programmes de soutien aux investissements dans les énergies renouvelables,
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