FNH N° 1118

VENDREDI 28 JUILLET 2023 / FINANCES NEWS HEBDO

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«Le basculement du Ramed à l’AMO a mis fin à une situation d’une santé à deux vitesses» ◆ Désormais, les ex-Ramedistes bénéficient des mêmes droits que les adhérents AMO du secteur privé. ◆ Le financement de la généralisation de la couverture médicale est le deuxième défi à relever après celui des ressources humaines. ◆ Entretien avec Abdelmajid Belaïche, expert en industrie pharmaceutique et membre de la Société marocaine de l’économie des produits de santé. Protection sociale

lation AMO favorisée, puis une seconde pour une population Ramed défavorisée. Cette dernière ne bénéficiait pas des mêmes droits en termes de choix des prestations et des médecins traitants, qu’ils soient dans le privé ou dans le public. Désormais, les ex-Ramedistes bénéficient des mêmes droits que les adhérents AMO du secteur privé. En effet, le basculement du Ramed vers l’AMO-CNSS n’est pas le fruit du hasard. Il s’explique plutôt par la situation finan- cière de la Caisse, relativement bien équilibrée, mais également par le fait que la CNSS dispose de nombreuses agences réparties à travers le Royaume. Celles-ci sont en mesure de gérer l’en- semble des demandes de cette impor- tante population de Ramedistes (dépôt des feuilles de soins, demande de prise en charge, etc.). F.N.H. : L’AMO est désormais généralisée. En revanche, les affiliés revendiquent la révision de la politique de rembourse- ment de certains médicaments ou encore de la prise en charge des opérations. Que faut-il amé- liorer dans ce sens ? A. B. : Certes, beaucoup de choses restent à améliorer, mais on ne peut ignorer le chemin parcouru depuis l’inefficient Ramed à travers lequel les patients ne pouvaient recourir au sec- teur privé quand le secteur public était saturé et incapable de répondre à leurs besoins. Par ailleurs, il faut noter que l’ensemble des médicaments à ser- vice médical rendu (SMR) important ou modéré seront remboursés après leur estimation au sein de la commission

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna

Finances News Hebdo : Le 1 er décembre 2022 reste une date marquante du processus de généralisation de l’AMO. Dès ce jour-là, près de 11 millions de Ramedistes ont basculé vers la CNSS. Huit mois après, quelle évaluation en faites-vous ? L’effet de cette généralisation commence-t-il à se faire ressen- tir ? Abdelmajid Belaïche : On ne peut évo- quer cette date sans rappeler les étapes qui l'ont précédée, dans le cadre de la généralisation de l’assurance maladie. En 2006, le Maroc a mis en place l’AMO avec l'extension de la couverture par assurance maladie qui est passée de 16% de la population à 32%. En 2012, nous avons assisté à l’instauration du Régime d’assistance médicale aux éco- nomiquement démunis (Ramed) qui, au fil des années, a montré ses limites en raison de l’impossibilité des structures hospitalières de répondre à la majorité des besoins des patients en consulta- tion, en examens radiologiques, etc. Le projet d’extension de la couverture par l’Assurance maladie des indépendants (AMI) était en cours lors de l’arrivée de la pandémie du Covid-19. Cette crise sanitaire a rebattu toutes les cartes et imposé un changement radical du para- digme de la santé. Tout au long de cette période, l'État avait pris en charge l’ensemble des mesures préventives et curatives de la population face à cette pandémie dévastatrice. Le discours pro- noncé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI,

que Dieu l’assiste, le 29 juillet 2020, allait être le point de départ du colossal et historique chantier royal de la couver- ture sanitaire universelle (CSU), avec l’inclusion de 22 millions de citoyens qui allaient s’ajouter aux 11 millions déjà couverts. Un peu plus tard, il a été décidé de généraliser la couverture médicale à l’ensemble de la population, soit près de 37 millions de personnes, et non pas seulement 22 millions de citoyens. Après cela, les Ramedistes ont intégré la CNSS, qui gérait habituelle- ment l’assurance maladie des employés du secteur privé. Ce basculement a mis fin à une situation d’une santé à deux vitesses. Une première pour une popu-

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