VENDREDI 28 JUILLET 2023 / FINANCES NEWS HEBDO
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La couverture sanitaire universelle suppose la satisfaction des énormes besoins en soins de l’en- semble de la population de notre pays.
d’évaluation financière des produits de santé. De plus, un plus grand recours aux médicaments génériques et biosi- milaires sera nécessaire pour permettre de traiter le maximum de patients à un moindre coût. Les opérations chirur- gicales et autres opérations thérapeu- tiques essentielles pour la santé seront également prises en charge, mais avec la mise en place de protocoles théra- peutiques et avec le respect du parcours de soins coordonné pour une meilleure optimisation des coûts des soins. Et ce, afin de permettre d’éviter au maximum des dépenses catastrophiques et sou- vent inefficaces pour les patients. F.N.H. : La couverture sanitaire universelle implique une aug- mentation de la demande de services de santé, ce qui néces- site plus de personnel médical, de matériels et de médicaments. Concrètement, le Maroc a-t-il renforcé son dispositif depuis le lancement de ce chantier ? Que reste-t-il encore à faire ? A. B. : Du moment où l’on parle d’une couverture sanitaire universelle, cela suppose la satisfaction des énormes besoins en soins de l’ensemble de la population de notre pays. Cela implique non seulement des infrastructures hos- pitalières suffisantes et bien équipées en matériels d’imageries (radiographies, échographies, scanners IRM etc.) ainsi qu’en laboratoires d’analyses médicales et en médicaments essentiels préventifs
ou curatifs, mais surtout en ressources humaines médicales et paramédicales. C’est là que se trouve le véritable défi. Comment peut-on satisfaire cette impor- tante demande en médecins quand les lauréats des 11 facultés de médecine partent soit dans un secteur privé plus rémunérateur ou carrément à l’étranger, notamment en Europe ? Les ressources humaines paramédicales se perdent en suivant malheureusement les mêmes voies. Comment peut-on alors retenir la majorité de ces précieuses ressources dans notre pays ? Cette situation nous amène à nous demander s’il faut revenir au système des contrats liés aux forma- tions et aux services militaires et civils comme cela se faisait jadis, ou encore s’il faut continuer à accepter la fatalité de former des médecins et des infirmier(e)s pour d’autres pays, plus avancés, quand nous en manquons si cruellement. F.N.H. : Ce chantier royal est un enjeu de taille pour l’Etat maro- cain qui va devoir allouer un bud- get conséquent. Devant un tel défi, comment le gouvernement peut-il le relever et quelles sont les prochaines actions à mener pour résoudre cette équation ? A. B. : Effectivement, le financement de la couverture sanitaire universelle est le deuxième défi après celui des res- sources humaines, quoique plus facile à résoudre, avec une forte volonté poli- tique, une bonne gouvernance et un peu d’imagination pour rechercher d’autres
sources de financement. Il est à noter que les 14 milliards de dirhams alloués à la CSU seront largement insuffisants pour satisfaire les énormes besoins en soins de l’ensemble de la population marocaine. En revanche, les cotisations des futures personnes intégrées à la CSU seront insuffisantes si l’on considère les petites cotisations des ex-Ramedistes, voire l’absence de cotisations pour les plus précaires parmi eux. Le problème aujourd’hui réside également au niveau de l’importance du secteur informel dans notre pays. Comment savoir qui va payer quoi en termes de cotisations? Être dans l’informel ne veut pas forcément dire être dans la pauvreté. Dans ce secteur, il existe non seulement des salariés non- déclarés, mais également des patrons qui gagnent très bien leur vie mais qui n’ont pas envie de se retrouver sous les radars des impôts et des organismes gestionnaires de l’assurance maladie et de devoir payer des cotisations ou de déclarer leurs employés. La solution se trouve aujourd’hui dans l’opérationnali- sation du Registre social unifié (RSU) qui sera en mesure d’identifier l’ensemble des citoyens et leurs revenus. De cette manière, l’assiette des impôts autant que celle des cotisations seront alors élargies, d’où plus de ressources pour l'État. Dans le sillage des solutions, il est également question de rechercher des financements en taxant un certain nombre de produits qui ont un impact négatif sur la santé, tels que le tabac, l’alcool, etc. ◆
Le bascu- lement du Ramed vers l’AMO (…) s’explique par une situation financière de la CNSS rela- tivement bien équilibrée, et par son réseau étendu
à travers le Royaume.
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