VENDREDI 28 JUILLET 2023 / FINANCES NEWS HEBDO
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Les avis divergent Passage du Ramed à l’AMO-CNSS
◆ L’Etat social se matéria- lise avec le basculement des Ramedistes vers la CNSS, qui gérait habituellement l’assu- rance maladie des employés du secteur privé. ◆ Le Maroc a ainsi réussi à achever la première phase du chantier de la généralisation de la protection sociale. ◆ Voici quelques témoignages édifiants de bénéficiaires.
LAILA K.
KHALID B
NOUREDDINE M.
«J’avais l’habitude d’être pris en charge rapidement sans aucun acompte. Aujourd’hui, avec le basculement vers l’AMO, je dois d’abord attendre et contribuer au paiement des frais d’hospitalisation. Du temps du Ramed, la prise en charge était totale, alors qu’aujourd’hui je dois mettre la main à la poche. J’ai dû payer la moitié des frais liés à l’opération de mon épouse, hospitalisée d’urgence. Cela a été très dur de rassembler tout cet argent. Par ailleurs, pour les frais des médicaments, analyses et autres, je n’ai été indemnisé que partiellement, une somme vraiment médiocre. J’ai déboursé 2.900 dirhams, je n’ai reçu que 1.000 dirhams». ◆ «Bénéficier de la couverture médicale reste un luxe pour moi. Et pour cause, depuis 2015 je cherchais à m’inscrire au Ramed pour en bénéficier ainsi que mes enfants. Mais cela n’a pas abouti, car on exige la signature de mon mari sur le papier du rassemblement familial. Sauf qu’il a quitté le foyer conjugal depuis de nombreuses années, et refuse de payer la pension alimentaire. Mon avocat m’a alors recom- mandé de joindre le document du tribunal relatif à la pension à ma demande pour compléter le dossier. C’est toute une procédure à suivre que j’ai déjà entamée, et j’espère que mon dossier sera accepté et que nous pourrons enfin bénéficier mes trois enfants et moi de l’«AMO Tadamoun». C’est une initiative louable, mais je sou- haite que les démarches administratives soient plus fluides et prennent en considé- ration certains aléas. Je rappelle que je suis diabétique et je travaille dans l’informel comme femme de ménage. Je suis seule à subvenir aux besoins de mes enfants. Bénéficier de l’AMO va énormément me soulager» . ◆ MERYEM R.
«Mon mari travaille dans l’informel. Nous bénéficions à l’époque du Ramed pour nos besoins en soins médicaux. Avec ce régime, nous étions pris en charge immédiatement. Je parle en connaissance de cause, puisque mon fils qui souffrait d’une malformation cardiaque à sa naissance, en plus d’autres pathologies, avait constam- ment besoin de soins. La prise en charge était à 100% et surtout rapide. Avec la généralisation de l’AMO, la transition s’est faite tout doucement. Mais pendant ce temps-là, mon fils avait besoin dans l’urgence d’une énième opération pour traiter une autre pathologie. Puisque son cas était très délicat, nous avons eu une prise en charge totale après un mois d’attente. J’ai contacté des associations pour accélérer l’opération. Le médecin m’a aussi conseillé de commencer les démarches pour bénéficier de cette opération au lieu d’attendre, car le temps était contre nous. J’ai donc suivi son conseil. Aujourd’hui, mon fils va un peu mieux, il respire mieux, arrive à s’asseoir, alors qu’avant il était tout le temps allongé. Le combat est long et pénible, mais l’alternative de l’AMO est plus que bénéfique. Par contre, si les actes chirurgicaux sont rapidement pris en charge, à ce jour et depuis 6 mois, je n’ai toujours pas été remboursée des médicaments, des radios et des IRM que nous avons effectués pour le petit, aujourd’hui âgé de 2 ans. Je ne sais pas s’il y a une anomalie dans le dossier, toujours est-il que je n’ai pas eu de retour et je compte faire une réclamation» . ◆
«J’avais reçu un SMS m’informant que j’ai basculé directement vers l’AMO. J’ai par la suite fourni les pièces et documents qui manquaient pour compléter mon dossier d’adhé- sion. Personnellement, je préfère le Ramed, car la prise en charge est immédiate. Je pouvais aller à l’hôpital de mon quartier, à Sidi Othman, me faire ausculter par le médecin sans rien régler. Aujourd’hui, la donne a changé, il faut d’abord payer avant d’être remboursé. La dernière fois, une visite médicale avec médica- ments et analyses m’a coûté un peu plus de 600 dirhams. J’ai été rem- boursé à hauteur de 270 dirhams, même pas la moitié. Un autre exemple : ma femme a accouché d’une césarienne, j’ai dû payer 4.000 dirhams, soit 40% de la somme ini- tiale, alors que normalement on paye beaucoup moins. J’aurais souhaité que la prise en charge soit comme en France avec la carte Vitale, qui permet au patient de ne payer que la différence et le reste étant à la charge des services concernés. Mais on ne va pas se plaindre : le fait d’avoir une couverture médicale est déjà une bonne chose, et si on arrive à l’amé- liorer ça serait mieux. Je tiens à préciser qu’avec l’AMO, nous sommes tout de même rem- boursés pour les médicaments, les examens radiologiques et les ana- lyses. Mais le problème réside au niveau du taux de remboursement, qui pour moi, atteint rarement les 70%». ◆
AHMED. R
«Je fais partie des millions de citoyens ayant basculé du Ramed à l’AMO, et je ne vous cache pas que je ne suis pas totalement satisfait de cette situation. Certes, la couverture médicale de la CNSS nous permet d’alléger la facture, mais générale- ment le taux de remboursement ne dépasse pas 50%, alors qu’avec le Ramed les consultations dans les hôpitaux publics étaient entièrement couvertes, sans que nous ayons à débourser le moindre centime. De plus, les opérations chirurgicales étaient prises en charge à 100%, alors que la CNSS ne couvre qu’une partie des frais. Le citoyen doit donc payer le reste. En revanche, le point positif avec l’AMO- CNSS est que les médicaments sont remboursés, un avantage auquel nous n’avions pas droit avant le 1 er décembre. Il faut souligner aussi que le taux de rembourse- ment pour le traitement des maladies incurables peut atteindre jusqu'à 100% au lieu de 70% auparavant» . ◆
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