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MERCREDI 30 SEPTEMBRE 2020

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Habitat clandestin

◆ La création de la police administrative n’a pas suffisamment dissuadé les contrevenants. ◆ Il faut investir de nouvelles pistes de lutte autres que règlementaires. Le phénomène a gagné du terrain avec le confinement E n dépit d’un dispositif administratif, règlemen- taire et juridique mis en place pour lutter contre l’habitat clandestin, le Par C. Jaidani Les habitats clandestins présentent un risque important en matière de sécurité.

phénomène persiste toujours. Il a même gagné du terrain ces der- niers mois, profitant du manque de vigilance des autorités, préoccu- pées par l’application des restric- tions sanitaires lors de la période du confinement. La création d’une police admi- nistrative a eu des effets limités. Les ressources humaines et maté- rielles dont elle dispose sont insuf- fisantes pour qu’elle s’acquitte convenablement de sa mission. Que ce soit en milieu urbain ou dans le monde rural, dans les petites ou les grandes villes, les constructions anarchiques poussent comme des champi- gnons, créant de nombreuses pro- blématiques. « Les habitats clandestins dans les campagnes sont le plus souvent dépourvus des réseaux d’assai-

personnes opérant dans l’agricul- ture, le commerce ou l’artisanat, qui doivent résider près de leurs activités. La prolifération des habitats clan- destins s’explique aussi par le fac- teur coût. Ce sont des logements basiques, construits avec des matériaux bas de gamme, sans plan ni équipement. Les prix dé- marrent à partir de 50.000 DH et peuvent atteindre les 120.000 DH selon l’emplacement et la superfi- cie. Les lots peuvent être livrés en l’état ou clés en main. Par ailleurs, il faut noter qu’au niveau de la règlementation en vigueur, les textes de loi, notam- ment les lois 12-90, 25-90 et la Charte communale, sont pour la plupart compliqués et rendent la procédure difficile à suivre. « Les textes sont inspirés du modèle français. Ils ne prennent pas en considération les spécificités ma- rocaines ni leur pouvoir d’achat. Il serait judicieux de les réformer pour les rendre réalistes et réali- sables », explique Labib. ◆

nissement, de distribution d’eau potable ou d’électricité. Les pré- posés optent pour une fosse sep- tique et procèdent à des bran- chements clandestins, entraînant d’importantes perturbations dans le réseau. Dans les villes, les su- rélévations présentent un risque important en matière de sécurité. Les fondations ne sont pas faites pour résister à ce genre de rajouts

de construction. La plupart des effondrements d’immeubles sont dus aux bidonvilles dits aériens », souligne Mohamed Labib, expert en urbanisme. Les raisons de la percée de l’ha- bitat clandestin s’expliquent par différents facteurs, entre autres, la poussée démographique qui a augmenté la demande en loge- ments au moment où l’offre n’a pas suivi cet essor. Le volume existant sur le marché ne répond pas à tous les besoins. Malgré les efforts déployés, notamment à travers les logements sociaux, on enregistre un déficit d’envi- ron 500.000 logements concentrés essentiellement dans les grandes villes. L’accès au logement est devenu très difficile pour de nombreux ménages à cause du pouvoir d’achat. Les logements de type 250.000 DH ou de 140.000 DH ne sont pas à la portée de tous les citoyens. D’autant que ce genre d’habitat est purement urbain et ne convient donc pas pour les

La stratégie de l’Etat en matière d’urbanisme est quasiment foca- lisée sur le développement des villes, marginalisant les zones rurales et périurbaines. Ce n’est que durant les trois dernières années que le département de tutelle, en collaboration avec celui de l’Intérieur, a commencé à se pencher sur la question. Les différents lotissements agréés dans les campagnes sont plus destinés à des résidences secondaires que pour les ruraux. Leur prix ne répond aucunement aux besoins de cette population. En l’absence d’un cadre juridique et réglementaire, cette frange de la population opte de plus en plus pour l’habitat clandestin. Pour leur part, les promoteurs s’orientent vers des projets urbains qui donnent une marge plus intéressante. La stratégie urbaine de l’Etat focalisée sur les villes

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