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MERCREDI 30 SEPTEMBRE 2020

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Court-métrage

◆ Après avoir publié l’entêtant roman «L'improbable Fable de Lady Bobblehead», le so punk Hicham Lasri revient avec «Marroc», une trilogie de court-métrage surfant sur les travers et les méandres de la société. Une mise en miroir… Bref, des réalisations bien ficelées que le jeune «court-métragiste» donne à voir sur sa chaîne Youtube. Un «Marroc» à part ! «M a r r o c n’est pas le peuple, mais la me n t a l i t é Par R. K. Houdaïfa

de certains en mode ‘khoroto’ niveau expert tendance ‘caca- mind’ », ironise Hicham Lasri. Ces quelques mots traduisent le sentiment partagé par beau- coup dans ce pays gorgé de soleil où «TikTok existe pour les gens qui n’ont pas de talent» et où « ‘Routini Lyawmi’ et là pour ‘halaliser’ le porno amateur au pays »… Hicham Lasri est probable- ment l’un des cinéastes les plus attachants et sulfureux de sa génération. D’abord parce que quand on y pense, il n’a pas fallu attendre… Il vous le dira lui-même : « Après mon 6 ème long- métrage, j’ai décidé de redevenir un jeune «court-métragiste» et de reprendre le chemin du for- mat court pour me ressourcer et renouveler mon désir de cinéma. Le résultat est une trilogie com- posée de trois courts-métrages aux thématiques sociales et au traitement fantaisiste… Chaque film est un chapitre qui raconte le destin de personnages aty- piques dans une réalité anxio- gène, mythologique, de film de genre, de comédie sur l’irration- nel et l’amour du cinéma… » De fait, Hicham Lasri est de tout. Intellectuellement engagé, il jette à la face de la société ses défail- lances. Tout ce qui fondrait un monde instable. Et stimulant ?! D’autant qu’il offre à voir imman-

un jeune homme plein d’avenir. Alors, il revient au quartier pour glander avec son vieux compa- gnon, Hakim, vendeur de DVD et cinéphile fiévreux… Mais contrai- rement au reste des jours, cette nouvelle journée démarre sur le mauvais pied… C’est un récit qui a pour protagoniste les nom- breux théoriciens du vide qui occupent les recoins les moins passionnants de notre société ». Androids and Zombies « X est un homme qui revient sur ses pas avec un beau cadeau pour sa femme qui le trompe avec son voisin : un gros poisson et la mort. Le récit est celui du chemin de retour semé d’embûches qu’il va parcourir pour rentrer chez lui. Encore un voyage mirifique au cœur du maelstrom dans la tête d’un personnage qui a raté une marche sur l’escalier de la raison

pour se retrouver dépassé par le monde autour de lui… ».

quablement cette involution et cette frustration, cet état sau- vage et ces pulsions archaïques rencontrés dans notre quotidien. Ainsi, il interroge et bouscule les usages, insolites, de notre petite société marocaine. Le cinéma de Lasri est impré- gné de folie. Une folie qui reflète les errements étranges, énigma- tiques - très vagues -, inquiétants (psychologiques, religieux…) de nos - admirables - compatriotes. Le regard du cinéaste est, en toute sorte, lucide et tendre sur les enjeux profonds, mystérieux qui agitent souterrainement la folie humaine. The last arab movie « Sur un ton ironique, c’est le récit de Lotfi, un jeune homme au chômage qui ne réussit jamais à démontrer à quel point il est

Cruelty free « Nada déambule dans la ville avec un four à micro-ondes, elle rencontre des gens étranges qui amplifient l’absurdité de son périple. Mais rapidement on réa- lise que Nada est sous le choc : son mari a tué son chien en le mettant dans un four à micro- ondes… Et bien sûr, ce n’est que le début des problèmes; c’est un récit sur la violence contre la femme dans les rues… » Hicham Lasri déploie, ici, la même intensité gracieuse que d’habi- tude. Le résultat est saisissant. Et l’on ressort de ces films vis- céralement remué. «Marroc» est une trilogie de courts-métrages fulgurante, provocatrice, mais un peu trop consciente d’elle- même. ◆

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