BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 OCTOBRE 2025
Crédit bancaire «L’enjeu est de trouver un équilibre entre l’expansion du crédit et la soutenabilité de la dette privée»
cières privées et de 1,27% pour les ménages. Ces chiffres confirment que le crédit au secteur privé a évolué très len- tement et qu’il n’a pas suffi à soutenir la croissance écono- mique. L’analyse de la structure des crédits montre également une réorientation progressive du financement bancaire. La part du crédit accordé au secteur privé dans le total des crédits bancaires est passée de 77,4% en décembre 2022 à 72,8% en décembre 2024. Cela signifie que les banques consacrent une proportion plus faible de leurs ressources au finance- ment des agents privés. Le ratio crédit sur PIB, indicateur de l’intensité du crédit, a suivi la même tendance. Il est passé de 79,4% en 2022 à 72,9% en 2024, ce qui représente son niveau le plus bas depuis 2018. Dans l’ensemble, la reprise du crédit bancaire observée en 2025 reste récente et limitée. Le rebond de 4 à 5% rompt avec la stagnation antérieure, mais sa durabilité demeure incertaine. En outre, cette amélioration masque des dif- férences notables selon les catégories d’emprunteurs. Les crédits aux ménages pro- gressent à un rythme plus sou- tenu, tandis que ceux desti- nés aux entreprises privées demeurent faibles. Ce constat suggère que la reprise actuelle du crédit reste fragile et qu’elle ne traduit pas encore une véri- table dynamique de finan- cement capable de relancer durablement l’économie maro- caine.
L'encours du crédit bancaire poursuit sa progression annuelle depuis janvier 2025, avec un effet sur l’économie réelle. Toutefois, ce phénomène doit évoluer au rythme du potentiel économique du Royaume. En deçà, le rationnement freine la croissance. Au-delà, l’excès alimente la surchauffe et accroît les vulnérabilités. Comment assurer l’équilibre ? Entretien avec Ahmed Kchikeche, professeur d’économie monétaire.
Propos recueillis par Désy M.
2025, l’encours du crédit ban- caire réel, corrigé de l’infla- tion, a progressé de 4,41% sur un an par rapport à juillet 2024, soit une hausse nomi- nale proche de 4,9%. Cette amélioration, amorcée en mars 2025, rompt avec la stagnation observée les années précé- dentes. Cependant, cette évo- lution reste fragile et pourrait s’apparenter à un simple sur- saut ponctuel sans véritable relance durable. Au cours des années 2022 et 2023, la croissance réelle du crédit bancaire a été globale- ment négative, ce qui traduit une contraction en volume une fois l’effet de l’inflation pris en compte. En 2024, la progres- sion du crédit au secteur privé est demeurée faible et sou- vent inférieure à la hausse des
prix. Le rythme annuel a varié entre une baisse de 1,86% en janvier et une hausse de 1,77% en novembre en termes réels. Ce n’est qu’à partir du printemps 2025 que le taux de croissance a dépassé dura- blement les 3%, traduisant une amélioration récente. Sur l’ensemble de l’année 2024, le crédit au secteur privé a aug- menté de 2,34% en nominal, ce qui correspond à une qua- si-stagnation réelle. Les crédits aux sociétés non financières privées ont reculé légèrement de 0,11% en volume, tandis que ceux accordés aux ménages ont progressé de 3,75%. Fin 2023, la croissance nominale du cré- dit n’était que de 1,01%, soit une baisse réelle de 3,19% pour les sociétés non finan-
Finances News Hebdo: L'encours du crédit bancaire est en hausse depuis janvier 2025. Quels sont, selon vous, les principaux moteurs de cette progression continue ? Ahmed Kchikeche : Comme l’a souligné Mark Twain, il existe les mensonges, les sacrés mensonges et les statis- tiques. Les données récentes montrent qu’en 2025, le cré- dit bancaire au secteur privé marocain connaît une reprise modérée après deux années de croissance faible. En juillet
La reprise actuelle du crédit reste fragile et elle ne traduit pas encore une véritable dynamique de financement capable de relancer durablement l’économie marocaine.
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