FNH N_ 1211

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 OCTOBRE 2025

Conjoncture L’agriculture reste toujours le moteur décisif de la croissance

métiers mondiaux du Royaume, commence à donner ses fruits. Ces secteurs connaissent un essor remarquable. Le Maroc consolide de plus en plus son positionnement à l’international dans certaines filières. Il devient fournisseur incontournable pour de nombreux construc- teurs de renommée mondiale, tant dans l’automobile que dans l’aéronautique. Les pers- pectives de développement de ces branches sont encore plus prometteuses. Il demeure tou- jours dans les radars des inves- tisseurs. Mais cela n’empêche que l’effet de l’agriculture reste déterminant dans la croissance. Toute contreperformance enre- gistrée dans ce secteur a un effet néfaste sur l’ensemble de l’économie, particulièrement l’emploi. F. N. H. : Quel est votre avis sur le mouvement Génération Z 212 ? M. A. : La grogne sociale ne date pas d’hier; elle a com- mencé depuis la pandémie et s‘est aggravée avec la crise économique qui a conduit à un renchérissement des prix et à une inflation galopante. Les familles marocaines étaient sous pression et de nombreux mouvements sociaux ont éclaté dans plusieurs secteurs comme l’enseignement, la santé et la justice. Cet événement a certes marqué les esprits et interpellé le gouvernement, mais n’a pas eu des effets directs sur l’éco- nomie, excepté la chute enre- gistrée pendant quelques jours à la Bourse de Casablanca, sous l’effet de la panique des petits porteurs. Il faut bien noter que les inves- tisseurs sont très attentifs à la stabilité politique et sociale. Les derniers incidents sont annon- ciateurs d’un malaise social profond auquel il faut remé- dier au plus vite pour que la situation ne prenne pas une dimension encore plus grave. Il faut mener un dialogue avec les parties concernées et ini- tier les différentes réformes qui s’imposent. ◆

La création d’emplois dans l’agriculture permettra de réduire sensiblement le chômage au niveau national. Les nouveaux métiers du Maroc connaissent un essor remarquable, permettant au pays de consolider son positionnement mondial. Entretien avec Mohamed Amrani, professeur d’économie à l’université Hassan II de Casablanca.

Propos recueillis par C. Jaidani

permettra d’assurer la relance tant souhaitée. La création d’emploi dans l’agriculture per- mettra de réduire sensiblement le niveau du chômage au niveau national, qui a atteint actuelle- ment des niveaux historiques. L’économie nationale profite pleinement des performances de plusieurs branches qui font sa force. Je cite particulière- ment le tourisme, qui affiche des réalisations remarquables, avec une croissance de 19% au premier semestre. Cet essor a eu un effet positif sur les recettes touristiques qui, pour leur part, se situent à un niveau historique, atteignant à fin août 2025, 89,8 milliards de DH, soit un bond de 14% comparati- vement à la même période de l’année dernière. Les recettes MRE, l’une des principales sources de devises du pays, s’inscrivent toujours dans une tendance haussière. Une évo- lution qui devrait se poursuivre

pour l’année en cours et les pro- chaines années. Pratiquement, tous les pays d’accueil de nos concitoyens de l’étranger, notamment européens, confir- ment leur reprise économique. Ces transferts ont atteint 117,7 milliards de DH en 2024, soit une hausse de 2,1%. Montrant quelques signes d’essouffle- ment en 2025, ils ont atteint à fin juin près de 55,8 milliards de DH, enregistrant un recul de 2,6%. Mais cela n’empêche que d’autres segments de l’économie nationale, en dehors de l’agriculture, sont dans de bonnes postures, comme les phosphates, l’automobile et l’aéronautique. F. N. H. : Peut-on dire que le Maroc dépend de moins en moins de l’agriculture ? M. A. : La stratégie de diver- sification de l’économie natio- nale adoptée il y a quelques années, notamment avec les

Finances News Hebdo : Quel est votre avis concer- nant l’évolution de l’éco- nomie nationale pour l’an- née en cours ? Mohamed Amrani : Il n’y a pas assez de visibilité pour donner des prévisions précises. Toutes les hypothèses qui peuvent être fixées ne peuvent être qu’ap- proximatives. Les indicateurs avancés par le haut-commis- sariat au Plan (HCP) et Bank Al- Maghrib sont rassurants. Ils ont revu à la hausse le taux de croissance, qui passe de 4,4% à 4,7%, et ce grâce au com- portement favorable du sec- teur industriel et des services. Mais, en fin de compte, tout dépendra de la pluviométrie. Une bonne campagne agricole

Toute contreperformance enregistrée dans le secteur agricole a un effet néfaste sur l’ensemble de l’économie, particulièrement l’emploi.

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