ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 OCTOBRE 2025
Apiculture Une filière fragilisée par des pratiques frauduleuses
duction a engendré une hausse des importations qui dépassent actuellement 2.200 tonnes/an. Ces produits, pour la plupart à bas prix, concurrencent sévè- rement les produits locaux» , affirme Hassan Bounboun, pré- sident du syndicat marocain des producteurs de miel. Et de poursuivre : «Nous ne sommes pas contre les impor- tateurs, mais contre la vente de produits qui ne répondent pas aux normes et qui, mélangés au miel local, sont revendus comme produit local. C’est un milieu où l’on trouve de nom- breuses fraudes. Certains pro- duits sont étiquetés bio alors qu’ils ne le sont pas. Les auto- rités concernées doivent assu- mer leurs responsabilités pour bien protéger les consomma- teurs contre ces mauvaises pratiques» . Selon Bounboun, «l’apicul- ture a été durement touchée par des maladies telles que la varroase, qui ont entraîné la disparition soudaine de nom- breuses colonies d’abeilles. Pour y faire face, le ministère de tutelle a mis en œuvre un programme de lutte qui a per- mis d’atténuer partiellement les dégâts et de redresser, dans une certaine mesure, la situa- tion. Cependant, la filière peine encore à retrouver sa vitalité d’antan. Elle reste confrontée à plusieurs obstacles freinant son développement. La pré- sence d’intermédiaires dans le circuit de commercialisation perturbe les règles du marché et empêche les apiculteurs de tirer pleinement profit de leur travail. A ce titre, nous avons adressé plusieurs courriers au ministère de l’Agriculture, mais nos doléances sont restées sans réponse favorable» . Et de conclure que «l’apicul- ture présente des opportunités d’investissements très impor- tantes. Son potentiel de déve- loppement n’est pas tout à fait bien saisi. C’est un secteur intéressant pour les porteurs de projet, mais il nécessite un savoir-faire et une maîtrise de toute la chaîne de valeur». ◆
La production locale n’arrive pas à combler les besoins du pays. Les professionnels du secteur appellent la tutelle à mieux contrôler le circuit de commercialisation.
Par C. Jaidani
L’amenuisement des parcours natu- rels et du patrimoine forestier a eu un effet négatif sur le rende- ment des ruches.
A
ctivité ancestrale profondé- ment enracinée dans la tra- dition rurale, l’apiculture fait vivre des milliers de familles à travers toutes les régions agricoles du Royaume. Très apprécié des Marocains, le miel occupe une place de choix dans leur alimentation, avec une consommation moyenne estimée à 250 grammes par habitant et par an. Selon les données du ministère de l’Agri- culture, la filière compte près de 36.000 exploitants, dont les revenus dépendent totalement ou partiellement de cette acti- vité. Elle joue un rôle socio- économique non négligeable,
générant environ 2,45 millions de journées de travail par an, pour une production annuelle de quelque 7.960 tonnes. Le chiffre d’affaires global atteint 1,1 milliard de dirhams, attes- tant du poids économique de ce secteur. Grâce à la diversité naturelle et géographique du Maroc (chaînes montagneuses, plaines, zones désertiques), la production apicole nationale se distingue par la richesse et la variété de ses produits. Outre sa valeur alimentaire, le miel et les autres produits de la ruche sont de plus en plus utilisés dans les domaines cosmétique et pharmaceutique. Pour développer la filière, le ministère de tutelle a pris une série de mesures dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV) et de Génération Green. Il s’agit de la labellisation et la promo-
tion de certaines variétés en produits de terroir, à l’image du miel de thym et du miel de Zendaz issus de la région de Souss-Massa, ainsi que du miel de l’arbousier, produit dans la zone du Jbel Moulay Abdessalam, dans le nord du pays. La région de Tadla-Azilal se distingue par le miel de l’Eu- phorbe, qui existe également dans les régions sahariennes comme Guelmim. Il faut rappeler que le secteur a été confronté à différentes contraintes qui ont impacté son évolution. «L’élevage apicole est lui aussi, comme les autres activités agricoles, vulnérable à de nom- breux aléas. L’amenuisement des parcours naturels et du patrimoine forestier a eu un effet négatif sur le rendement des ruches. La baisse de la pro-
La baisse de la production a engendré une hausse des importations qui dépassent actuellement 2.200 tonnes/an.
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