POLITIQUE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 OCTOBRE 2025
les programmes sociaux, tant que le but recherché est de développer le pays et d’amé- liorer les conditions de vie des citoyens, où qu’ils soient» . Cette phrase, anodine pour certains, est en réalité un dia- gnostic politique : le Maroc souffre de cette fracture entre le béton et l’humain. Entre les grands chantiers et la petite vie quotidienne. Les infrastruc- tures poussent et les zones industrielles se multiplient, mais la perception populaire reste celle d’un développe- ment qui se fait sans toujours inclure. Les tensions sociales actuelles illustrent parfaitement cette dichotomie. Dans un pays où le digital a bouleversé la rela- tion entre gouvernants et gou- vernés, la jeunesse a trouvé sa voix et son écho en dehors des institutions. Le collectif GenZ 212 exprime ce que beaucoup taisent : le sentiment d’aban- don et l’exigence d’efficacité. Le Roi, dans sa vision, n’ignore pas cette réalité. Depuis plusieurs années, il appelle à la refondation du modèle de développement et à une approche fondée sur la justice sociale et territoriale. Il l’a rappelé sans ambiguïté dans son discours. «Le dip- tyque 'justice sociale et lutte contre les inégalités territo- riales' est loin d’être un slogan creux ou une priorité conjonc- turelle dont l’importance pour- rait décliner au gré des circons- tances. Nous le considérons plutôt comme une orientation stratégique qui requiert l’enga- gement de tous les acteurs…», a-t-il affirmé. Ce rappel, dans ce contexte que traverse le Royaume, prend la forme d’un avertissement : le temps des réformes différées ou sans impact visible est ter- miné, car la patience populaire s’effrite. Le ton royal n’est ni alarmiste ni accusateur. Il est lucide. En insistant sur la dernière année de la législature, le Souverain a placé le gouvernement et le Parlement devant leurs respon-
Les tensions sociales actuelles sont le symptôme
d’un décalage entre les attentes sociales et le discours officiel.
Gouvernance publique
Pourquoi il faut changer de grammaire politique
endredi 10 octobre, le Roi Mohammed VI a, du haut de la tribune du Parlement, adressé aux élus de la Nation une feuille de route claire et presque solennelle : le Maroc doit changer de rythme. Il faut une gouvernance publique à la hauteur des enjeux actuels. Ce message intervient dans un contexte marqué par la mobilisation de la GenZ 212, un collectif de jeunes nés à l’ère du numérique et portés par un sens aigu de la justice sociale. Ce mouvement de la Dans un discours empreint de lucidité et d’autorité, le Roi Mohammed VI a invité les responsables politiques à rompre avec la routine et à se hisser à la hauteur des attentes du peuple. Face à une jeunesse connectée, exigeante et désenchantée, le Souverain trace la voie d’une gouvernance rénovée, fondée sur la justice sociale, la responsabilité et l’efficacité. Par F. Ouriaghli V jeunesse, inédit dans sa forme, n’est ni structuré politiquement ni encadré par les forces tradi- tionnelles. Formé dans l’angle mort des politiques publiques, il ne réclame pas la chute d’un système, mais l’écoute et la dignité. Dans son approche, on retrouve la fatigue d’une génération qui a grandi au rythme des promesses non tenues : celles d’un système éducatif déficient, d’un hôpital sous perfusion, d’un marché du travail exigu et d’une classe politique souvent absente du terrain. Ses revendications, le Roi semble les avoir entendues. En effet, son discours d’ouverture de la session parlementaire est un appel à la responsabilité collective, mais surtout un rap- pel à l’ordre adressé à ceux qui gouvernent et représentent le peuple. Certes, le Souverain n’a pas évoqué directement la contestation sociale, mais il en a épousé l’esprit. Il a rappelé l’essentiel : «il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et
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