DEVELOPPEMENT DURABLE 26
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 OCTOBRE 2025
secteur agricole. Le passage au pompage solaire s'est généralisé non pas en raison d'une incitation directe majeure, mais parce que cette technologie est devenue plus compétitive et rentable que l'utilisation de pompes à gaz sub- ventionnées. En effet, l'énergie représente environ 50% du coût de la production agricole, faisant de la réduction de cette charge une priorité vitale pour les agri- culteurs. Le climat, encore un luxe ? Malgré l'existence d'incitations financières substantielles et la pression réglementaire interna- tionale telle que le MACF de l’UE, l'adhésion des grandes entre- prises marocaines aux pratiques de décarbonation demeure frei- née par des considérations de coût et de priorité stratégique. Pourtant, la charte d'investisse- ment, l’un des instruments clé élaboré par les autorités, prévoit l'octroi d'une subvention repré- sentant 3% du Capex (dépenses d'investissement) pour les pro- jets incluant des composantes liées à la transition, comme la gestion de l'eau, des déchets ou de l'économie circulaire, pouvant aller jusqu'à 30% du montant total de la subvention. Cependant, son utilisation bute sur une réticence qui réside dans le fait que les GE, même lorsqu'elles demandent des aides à l'investissement, ne présentent pas nécessairement des projets intégrant cette composante de transition verte. Pour beaucoup d'industriels, l'investissement dans la décarbonation est perçu comme une charge supplémen- taire. Contrairement à l'agricul- ture, le coût de l'énergie dans la production industrielle marocaine est souvent faible, se situant entre 2% et 10%. Par conséquent, l'efficacité énergétique n'est pas considérée comme une priorité d'investissement essentielle par rapport à d'autres besoins de l'entreprise. De plus, un manque de clarification et de contextua- lisation sévit au sein du secteur. En effet, la confusion terminolo-
L'objectif principal des instruments et incitations économiques est de corriger les dysfonctionnements du marché et d'orienter la dynamique économique vers des pratiques plus vertes.
Transition verte
La finance climat face à la frilosité des entreprises Par Désy M. L Si des mécanismes financiers substantiels ont déjà permis de débloquer plus d'un milliard d'euros pour aligner les entreprises sur la voie de la décarbonation, des défis majeurs persistent. Notamment la réticence des grandes entreprises, l’adhésion des PME et l'absence d'une «taxonomie verte» claire.
e Maroc s'est positionné comme un champion international des politiques climatiques, marqué par une forte volonté et une vision claire pour développer le pays sur une voie bas carbone et rési- liente. Cet engagement se traduit par une Contribution détermi- née au niveau national (CDN3.0) ambitieuse qui entend réduire de 53% les émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici 2035. Et pour financer cette transition, une gamme d'instruments écono- miques a été déployée. Toutefois, leur impact réel sur les grandes
entreprises (GE) et les petites et moyennes entreprises (PME) révèle des dynamiques contras- tées, des réticences notables et des défis d'inclusion majeurs. L'objectif principal des instru- ments et incitations économiques est de corriger les dysfonctionne- ments du marché et d'orienter la dynamique économique vers des pratiques plus vertes. En effet, le Maroc a mis en place des mécanismes de financement spécifiques pour soutenir l’inves- tissement vert dans le secteur privé, souvent avec l'appui de partenaires nationaux et inter- nationaux. Le Green Economy Financing Facility (GEFF), qui succède à l'ancien programme Morsef, est l'un des outils phares. Ce mécanisme octroie des sub-
ventions aux entreprises pour l’acquisition d'équipements verts, notamment dans le domaine de l’efficacité énergétique. A ce jour, plus d'un milliard d'euros a déjà été distribué via cette ligne de financement. L'argument économique ultime pour l'adoption de ces pratiques est la rentabilité et la compétiti- vité. Pour un industriel, réduire son empreinte carbone et sa consommation d'énergie ou d'in- trants grâce à l'économie cir- culaire et solidaire, mène à une réduction du coût de production. Ceci confère une plus grande marge de manœuvre sur le prix de vente et augmente la compé- titivité sur le marché donné. Ce principe de compétitivité a eu un impact spectaculaire dans le
Pour beaucoup d'industriels, l'investis- sement dans la décarbonation est perçu comme une charge supplémentaire.
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