FNH N_ 1211

BOURSE & FINANCES

9

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 16 OCTOBRE 2025

mentaires et le maintien de l’at- tractivité pour les investisseurs. Globalement, l’évolution de la réglementation bancaire au Maroc ces dernières années s’inscrit dans une logique de supervi- sion plus fine et plus réactive de la part du régulateur. Elle posi- tionne également le Maroc parmi les systèmes bancaires les plus structurés du continent africain, renforçant ainsi la confiance des investisseurs internationaux dans la stabilité du secteur financier marocain. F. N. H. : Les trois banques systémiques ont désormais un ratio Tier 1 minimum relevé à 11%. En quoi cette mesure renforce-t-elle la résilience du système ban- caire face aux chocs. J. E. M. : Le mécanisme de pro- tection repose sur la nature même des fonds propres Tier 1, com- posés principalement du capital social et des réserves. Ces res- sources constituent la première ligne de défense contre les pertes, puisqu’elles peuvent être mobili- sées immédiatement pour absor- ber les chocs sans déclencher de procédures de résolution ou de faillite. Le SREP s’applique au système bancaire dans son ensemble, mais l’exigence accrue en fonds propres cible particulièrement les établissements systémiques, c’est-à-dire ceux dont la défail- lance pourrait provoquer une instabilité de l’ensemble du sys- tème financier marocain. Les trois banques systémiques concentrent une part substantielle des dépôts, des crédits et des actifs du secteur (environ 60%), ce qui fait de leur solidité un enjeu de stabilité systé- mique. En maintenant un matelas de fonds propres plus élevé, ces institutions peuvent absorber des chocs plus importants sans com- promettre leur solvabilité. Cela est d’autant plus important que ces banques ont des activités signifi- catives en Afrique subsaharienne (entre 20% et un tiers de l’actif consolidé) dans des pays bien plus risqués que le Maroc, et sou- vent instables. Cette résilience renforcée se

manifeste concrètement lors de différents types de chocs. Face à une récession économique pro- voquant une hausse des défauts de paiement, ces fonds propres supplémentaires permettent aux banques de constituer des pro- visions pour créances douteuses sans épuiser leur capital. En cas de crise de liquidité ou de panique bancaire, un ratio Tier 1 élevé ras- sure les déposants et les investis- seurs sur la solidité de l’établisse- ment, réduisant le risque de ruée vers les guichets. Ceci dit, nous considérons le profil de finance- ment et de liquidité des banques marocaines comme un point fort de leur profil de crédit, compte tenu de leur forte dépendance aux dépôts de particuliers, d’un financement diversifié incluant une part élevée de ressources de marché de maturité moyenne à longue, et de coussins de liquidité importants (le ratio LCR de Bâle III pour le secteur s’élevait à 182% fin 2024). F. N. H. : Vous notez que malgré l’amélioration des fonds propres, des limites subsistent pour certaines banques. Quels sont, selon vous, les principaux risques qui pourraient freiner de futurs relèvements des Viability Ratings ? Ramy Habibi Alaoui : En effet, malgré l’amélioration des ratios de fonds propres prudentiels depuis 2022, les ratios de solvabi- lité (notamment le ratio CET1) des banques marocaines demeurent inférieurs aux niveaux observés dans d’autres marchés émer- gents, en particulier dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique. Selon nous, cela s’explique par l’exposition des grandes banques systémiques marocaines à des marchés africains plus risqués (pondérés à 100%-150% dans le calcul des actifs pondérés par les risques en fonction de la notation souveraine), qui repré- sentent, en agrégé, environ 23% des actifs à fin juin 2025, ainsi que par des ratios de distribution de dividendes relativement éle- vés au fil des cycles. Il convient néanmoins de souligner que les

 La hausse des exigences de fonds propres aura des répercussions sur la stratégie opérationnelle des banques et sur l'allocation des ressources.

banques marocaines disposent d’une bonne capacité à lever des fonds sur les marchés de capitaux, notamment au travers d’émissions d’obligations subor- données, classiques ou perpé- tuelles, soutenant les ratios de Tier 1 et le ratio de solvabilité.

D’un point de vue rating, nous regardons en premier lieu les fonds propres durs des banques, à savoir le ratio de CET1. En cas de relèvement de ce ratio dans le cadre du SREP, cela pourrait avoir un impact positif sur notre appré- ciation du profil de solvabilité des

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker