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Il n’est pas le seul guide employé par l’office du tourisme de Fribourg, mais il est probable- ment l’unique à avoir huitante ans et à occuper sa retraite, depuis vingt ans, à nous faire parta- ger sa passion : Fribourg. « C’est ma ville et c’est la plus belle ville du monde », annonce-t-il, sourire en coin. De son monde, c’est certain. Gérald Caboussat a arpenté la Suisse sa vie durant, comme employé postal. « A la Poste, j’ai fait tous les métiers, du guichet aux achats, en passant par les cars postaux. » Il y a terminé sa carrière comme chef de la sécu- rité des colis du géant jaune. Une vie active qui lui a aussi donné l’occasion d’apprendre et de parler tous les dialectes de la Suisse alémanique. Dès sa retraite, fort de son bagage linguistique et de sa passion pour la ville qui l’a vu naître, Gérald Caboussat a trouvé la meilleure ma- nière de conjuguer ses talents, en faisant visiter Fribourg aux touristes. Une activité qu’il pra- tique dans tous les idiomes alémaniques, en français et aussi... en bolze. Nous y reviendrons.
Fribourg a son lot de célébrités : outre Saint-Nicolas, le funiculaire et les Bolzes, il y a Gérald Caboussat, guide à l’office du tourisme !
LE CURÉ NOËL A visiter la ville en compagnie de Gérald Caboussat, on le sent ému devant chaque bâ- tisse de la magnifique Basse-Ville. Il vibre au pied de la cathédrale gothique de Saint-Nicolas : « On peut grimper à son sommet en gravis- sant 368 marches, et non 365 comme tout le monde le dit, parce que ça fait penser à une année. » Et si l ’on en reste aux nombres, on apprend grâce à lui que la célèbre Grand-Rue de Fribourg a une particularité. D’habitude les rues sont numérotées ainsi : les pairs d ’ un côté et les impairs de l’autre. Mais à la Grand-Rue, la numérotation ne suit pas cette règle. Tous les numéros s’ y succèdent sur le côté droit et remontent ensuite sur le côté gauche : « Ainsi, là où on est, vous voyez que le n° 7 fait face au 68 », s ’amuse notre guide. Il n’y a pas que les sites de la ville des Zaehringen qui le passionnent. Fribourg a aussi son quota de célébrités. « Le curé Noël par exemple ! » s ’enthousiasme Gérald. Ce cha- noine, aujourd ’hui disparu, était un personnage de la Vieille Ville où il officiait. Il était connu loin à la ronde, pour son physique d’ abord : visage rubicond, voix grasseyante, ventre replet ten- dant la soutane. Sa grande jovialité s ’exprimait dans la rue, à table bien sûr, mais aussi en chaire. En 1961, il déclare en sermon : « Le cos- monaute Gagarine, dans son vaisseau spatial, a dit qu’en traversant le ciel il n’avait pas aperçu le Bon Dieu. Il n’a sûrement pas bien regardé. » Le curé Noël était un fervent supporter de hockey. « Les joueurs de Gottéron lui restent reconnaissants d’avoir, un jour, stoppé à coups de parapluie un ailier d’Arosa qui débordait le long de la bande. »
« Le curé Noël était un fervent supporter de hockey. Les joueurs de Gottéron lui restent reconnaissants d’avoir, un jour, stoppé à coups de parapluie un ailier d’Arosa qui débordait le long de la bande.» Gérald Caboussat Guide à l’office du tourisme de Fribourg
août 2024 - èremagazine 20
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