Ère magazine, édition aout 2024

L L’homme est élégant dans son costume brun clair. Un regard et une poignée de main suffisent à Denis Pittet pour effacer l’image caricaturale du banquier froid et calculateur. L’entretien se déroule dans l’immeuble discret de Lombard Odier, dont les façades vitrées donnent sur la plaine de Plainpalais. Monsieur Pittet, vous êtes associé-gérant du groupe Lombard Odier, vous présidez aussi la Fondation Genève Place Financière. Vous avez grandi dans le milieu bancaire ? Non, j’ai grandi dans un milieu plutôt modeste au Petit-Lancy. On ne manquait de rien, je vous rassure, au contraire on a reçu beau- coup d’amour, mon frère, ma sœur et moi. Mon père était artisan électricien. Il avait une petite entreprise qui faisait travailler deux personnes. Cela m’a certainement donné le goût de l’entrepreneuriat et de l’indépen- dance. Ma mère restait à la maison, s’occupait de nous et nous poussait à faire nos devoirs.

Surtout moi, car mon frère avait beaucoup plus de facilité. A l’époque, je voulais devenir boulanger ou maître de sport. Quels sont les ressorts psychologiques, les oppor- tunités qui ont fait que vous êtes là aujourd’hui, au sommet de la pyramide, si l’on peut dire ? Je dirais que c’est un peu le hasard. J’ai d’abord étudié le droit à l’Université de Genève. Ce fut une révélation pour moi. J’ai adoré cette ma- tière, les syllogismes du droit, sa rigueur. Après mon brevet d’avocat, je me suis dit que j’étais encore trop jeune pour entrer dans la vie pro- fessionnelle. Je suis alors retourné à l’Université pour étudier l’économie. Cette deuxième for- mation académique m’a ouvert les portes de la banque dans le cadre de mon mémoire de licence. Dans la poursuite de ces échanges, quelques personnes ont joué un rôle clé en me proposant de rejoindre Lombard Odier. J’ai dit « pourquoi pas », j’ai enfilé mon premier costume et j’ai alors découvert un univers

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août 2024 - èremagazine

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