Ère magazine, édition aout 2024

QUESTIONS EXPRESS À DENIS PITTET Votre retraite idéale ? Santé, famille et découverte. Les Rentes Genevoises fêtent cette année leurs 175 ans, ça vous inspire quoi ? Fierté, humilité. Fierté parce qu’elles peuvent être fières d’un tel parcours. Et humilité parce qu’on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Une belle soirée d’été, c’est quoi pour vous ? Douceur, chanson, amitié. Quelle est votre odeur préférée ? Le patchouli et la vanille que je retrouve notamment à l’île Maurice, pays que j’apprécie énormément. Un rêve à réaliser à tout prix ? A tout prix peut-être pas, mais je dirais, en termes de découverte et d’évasion, un tour du monde à la voile.

Vous travaillez depuis plus de trente ans chez Lombard Odier, banque privée, fondée en 1796. Comment expliquez-vous cette longévité ? Lombard Odier existe en effet depuis 228 ans. Cela tient probablement à sa gouvernance. On est à la fois propriétaire, en charge de la stratégie, et également dans l’opérationnel au quotidien. Cela tient probablement aussi à un appétit risque très limité. Enfin, nous nous concentrons sur un seul métier, à savoir la ges- tion de patrimoine. Nos prédécesseurs avaient d’ailleurs la même vision, à savoir écouter et comprendre comment accompagner un client dans la préservation et l’accroissement de son capital sur le long terme. Ce qui a changé, en revanche, c’est l’informatisation, la digitalisation des données... Oui, la digitalisation est un phénomène sans précédent. J’ai connu la période où, pour une action en Bourse, il fallait découper le coupon manuellement et on payait le dividende contre réception du coupon ! Pour mes enfants, Twint a remplacé les billets. Un jour viendra où la monnaie sera peut-être complètement digitale. Mais, en fin de compte, le cœur de notre métier reste une relation de confiance entre des personnes, même si les supports changent...

Un secteur qui continue de recruter beaucoup, malgré la mauvaise image véhiculée ces derniers temps par des affaires comme Credit Suisse ? Le taux de chômage est à 2 %, il est très faible dans le secteur bancaire qui continue d’attirer des candidats, notamment parce que la jeu- nesse y découvre des perspectives nouvelles comme la finance durable. Vous parlez de Credit Suisse, l’image de la profession a été ternie, c’est juste. La place financière s’en serait volontiers passé. On ne peut vraiment pas dire – les différents rapports le montrent – que la gestion ait été optimale et je suis d’abord triste pour les collaboratrices et les collaborateurs qui ont consacré parfois toute leur vie à cette institution pour se retrouver du jour au lende- main dans une situation compliquée. Mais si on prend tout de même un petit peu de recul, le système bancaire a très vite été ajusté et aucun client ordinaire de Credit Suisse n’a perdu un centime. Le petit épargnant a donc pu passer à travers cette crise, avec sans doute beaucoup de frustration ou d’aigreur, compte tenu de la relation qu’il avait avec cette banque. Mais il n’a heureusement pas souffert économiquement, ce qui demeure le plus important.

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août 2024 - èremagazine

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