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DÉCLIN DANS LES SERVICES FRANÇAIS

The labor shortage has had a detrimental effect on French-language services offered by private companies in the region, according to Caroline Arcand, General Manager of the Centre de service à l’emploi de Prescott-Russell (CSEPR). (File photo)

ANTOINE MESSIER antoine.Messier@eap.on.ca

un déclin de la proportion de la population francophone en général. Selon les données du recensement du gouvernement du Canada, 66,8 % des gens de la région de Prescott-Russell avaient le français comme langue maternelle en 2021. Ce chiffre a chuté à 63,8 % en 2016 et encore à 59,2 % en 2021. Ce déclin s’explique par deux facteurs. En premier lieu, les municipalités à l’ouest des Comtés unis sont devenues des dortoirs pour la ville d’Ottawa. À Clarence-Rockland, 1280 personnes supplémentaires s’identifieront comme unilingues anglais entre 2016 et 2021, ce qui représente une augmentation de 3,2 %, passant de 22,5 % à 22,7 % de la population. Dans le canton de Russell et à Casselman, les mêmes données démogra- phiques ont augmenté respectivement de 3,2 % et de 4,5 %. D’un autre côté, plusieurs jeunes fran- cophones quittent la région à l’âge adulte pour se rendre vers les centres, ce qui représente un véritable exode des jeunes d’après Mme Arcand. Plus de 60 % des jeunes qui finissent l’école secondaire quittent la région pour aller étudier dans les grands centres. Malheureusement, il est difficile de comptabiliser le nombre des jeunes professionnels qui reviennent dans la région après leurs études. Couplé avec une population vieillissante et des familles toujours plus petites, la population franco- ontarienne ne se regénère pas. « On peut voir qu’on est vraiment à la croisée des chemins », a souligné Ghyslain Hotte, trésorier et ancien président de l’Asso- ciation canadienne-française de l’Ontario de Prescott-Russell (ACFO-PR). D’après lui, les francophones seront en position minoritaire

Certains employeurs s’assurent encore que tous leurs employés connaissent le fran- çais pour offrir le meilleur service possible. « J’ai engagé quelques nouveaux em- ployés, a expliqué la gérante d’Intersport à Hawkesbury, Bianca Charlebois, et c’est toujours une priorité qu’ils soient bilingues. » Mme Charlebois dit connaitre sa clientèle et savoir que les francophones préfèrent être servis en français. Elle ajoute qu’elle n’a pas eu de difficulté à trouver des employés bilingues dans la région. Cependant, le magasin n’emploie qu’une vingtaine de personnes, et une grande partie des employés d’Intersport y travaillent depuis plusieurs années. « Pour certains magasins à grand surface, ça pourrait être plus difficile », a-t-elle fait remarquer. Pas de règlements pour les services en français Aucune loi ne régule les services en français dans les entreprises privées en Ontario. Les francophones ont le droit d’accéder à tous les services du gouvernement provincial en français, y compris les services financés par la province. Mais même dans ces institutions légalement mandatées, la disponibilité des services en français est en déclin, selon Mme Arcand. D’après elle, certains secteurs ne peuvent pas faire de compromis dans les qualifications des employés, donnant l’exemple du secteur médical, au détriment de la langue française. Le déclin de l’immigration française Une autre cause proposée par Mme Arcand est l’étalement urbain de la ville d’Ottawa. Pour Mme Arcand, le déclin des services en français dans la région marque

dans la région d’ici quelques années si la tendance se maintient. Des solutions durables s’imposent Pour Mme Arcand, attirer des immigrants francophones est nécessaire à la protec- tion et au maintien la langue française en Ontario. « Pour protéger le fait français dans Prescott-Russell et s’assurer d’une offre de service bilingue, ça va passer par l’immi- gration francophone, a déclaré Mme Arcand. C’est un incontournable. » « On s’est battu pour qu’une des com- munautés de Prescott-Russell soit reconnue comme communauté francophone accueil- lante, parce qu’on reconnaissait l’importance d’accroitre l’immigration francophone », a d’ailleurs affirmé Mme Arcand. Par ailleurs, Mme Arcand espère voir des initiatives pour inciter les jeunes francophones à revenir travailler dans la région après leurs études post-secondaires. M. Hotte a d’autres idées sur ce que les franco-ontariens doivent faire pour conserver leur langue et leur culture. « Il faut d’abord montrer aux employeurs que c’est bénéfique pour eux d’offrir des services bilingue », a-t-il observé. Il croit que certains employeurs ne connaissent tout simplement pas la réalité de francophones en Ontario. Il explique d’ailleurs qu’il serait économiquement avantageux pour eux de servir les clients en français pour s’assurer du retour de la clientèle. Néanmoins, si les clients ne reçoivent pas de services en français, M. Hotte incite les gens à l’exiger. « Si on ne le fait pas, c’est de notre faute, a-t-il confirmé. Être franco-ontarien, c’est un combat de tous les jours. »

La pénurie de main-d’œuvre a eu un effet néfaste sur les services en français offerts dans les entreprises privées dans la région, d’après la directrice géné- rale du Centre de service à l’emploi de Prescott-Russell (CSEPR) Caroline Arcand. Pour elle, la solution est claire : plus d’im- migration, plus d’opportunités économiques. De plus en plus, les résidents des Com- tés unis de Prescott et Russell remarquent un déclin dans les services qu’on peut obtenir en français dans les entreprises privées. Pour certain, il est devenu difficile de se faire servir dans sa langue, là où on aurait obtenu des services en français il y a quelques années, même dans l’une des seules régions à majorité francophone de l’Ontario. « C’est un phénomène qu’on ne vivait pas en tant que consommateur auparavant », a affirmé Caroline Arcand. Pour Mme Arcand, la cause primaire du déclin des services en français est la pénurie de main-d’œuvre qui touche le Canada entier depuis 2021. « Quand on n’a pas l’embarras du choix et qu’on ne peut pas se permettre d’être sélectif, à défaut de ne pas avoir de travailleurs du tout, on va faire un compromis sur certaines choses », a-t-elle dit. Elle souligne qu’en période de plein emploi, les employeurs se retrouvent parfois dans l’obligation de faire des choix délicats quant aux compétences à privilégier. Dans cette optique, certains optent pour la sou- plesse sur le critère linguistique. Cependant, avec la rareté de la main-d’œuvre, de nom- breuses entreprises se voient contraintes de faire des compromis sur ce point, même si elles préféreraient embaucher des individus bilingues. Il est toutefois difficile d’établir des statistiques précises quant au déclin du français au sein des entreprises privées. Sur les 1723 postes répertoriés sur le site web du CSEPR entre le 1er avril 2023 et le 31 janvier 2024, 70 % étaient en français et les 30 % restants étaient en anglais. Cependant, il est complexe de catégori- ser les emplois en fonction de leur langue principale, car la plupart des postes ne sont pas exclusivement ouverts à des candidats sur la base de la langue, selon Mme Arcand. Les offres d’emploi rédigées en français peuvent requérir le bilinguisme, voire être attribuées à des anglophones unilingues, en fonction des secteurs d’activité. Les employeurs font de leur mieux

LA PRESSE CANADIENNE Le gouvernement fédéral réduit le montant d’argent que les petites et moyennes entreprises recevront grâce aux revenus de la tarification du car- bone, afin de pouvoir augmenter le mon- tant des remises aux familles rurales. Et ce, alors que le gouvernement doit encore aux entreprises 2,5 milliards $ de recettes issues de la tarification du car- bone pour les cinq premières années du programme. Dan Kelly, président de la Fédération LE FÉDÉRAL RÉDUIT L’ARGENT OCTROYÉ AUX ENTREPRISES GRÂCE À LA TARIFICATION DU CARBONE canadienne de l’entreprise indépendante, affirme que les entreprises reçoivent déjà beaucoup moins de la tarification du carbone que ce qu’elles paient, et que cela ne fera qu’aggraver la situation. Le gouvernement fédéral soutient qu’il a l’intention de restituer aux entreprises 623 millions $ de revenus issus de la tarification du carbone pour l’année 2023-2024. C’est un tiers de moins que ce qui avait été réservé aux remises aux entreprises l’année précédente, lorsque le prix du car- bone lui-même était de 15 $ de moins par tonne. Les programmes de remise du prix du carbone destinés aux entreprises sont spécifiquement liés aux investissements qu’elles effectuent dans l’efficacité énergé- tique, mais ces programmes n’ont jusqu’à présent versé que moins de 100 millions $ aux entreprises. La décision du gouvernement fédéral l’automne dernier d’ajouter 10 % supplé- mentaires aux remises sur le carbone des ménages pour les Canadiens des régions rurales a réduit encore plus le montant d’argent restant à distribuer aux entreprises.

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