ARTS & CULTURE
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L’héritage identitaire des francos de Green Valley
époque où la francophonie ontarienne était menacée de front, racontant la lutte des citoyens de Green Valley pour le droit à l’enseignement en français. Le lecteur est amené à suivre John Ménard, un adolescent nonchalant, pour qui ses racines franco- phones sont sans intérêt. «Nous avons voulu créer un stéréotype moderne, le placer dans un contexte où les gens peuvent se reconnaître», a expliqué M. Larocque. John Ménard fréquente l’école française mais parle l’anglais dans les corri- dors. Il ne sait trop quelle carrière choisir. Il travaille dans un magasin à grande surface et mange avec ses amis dans un restaurant rapide typiquement canadien. «Les per- sonnages sont la somme de tous les ado- lescents qu’on a côtoyés en tant qu’ensei- gnant», a affirmé M. Sauvé. L’intérêt du personnage principal pour la francophonie sera brutalement éveillé par la visite d’outre-tombe de son Pépère, au moment où la vie de John est chamboulée
CHARLOTTE PAQUETTE charlotte.paquette@eap.on.ca
ALEXANDRIA | Interpeller les adolescents et les adultes francophones face à leur identité, tout en les divertissant, voilà ce qu’accomplit le nouveau roman histo- rique des auteurs Jean-Claude Larocque et Denis Sauvé, John et le règlement 17. Les co-auteurs en sont à leur quatrième roman destiné aux 14 à 18 ans, en quatre ans, après avoir publié la trilogie Étienne Brulé. «En fait, nous devrions remplacer le nombre 18 par le nombre 81», rigole M. Larocque, qui a constaté l’intérêt des lec- teurs de tous âges pour leurs livres, durant les tournées promotionnelles. Le duo d’écri- vains parcourt maintenant l’Ontario et le Québec, présentant John et le Règlement 17. Ce petit bijou culturel fait revivre une
Photo Charlotte Paquette
Jean-Claude Larocque et Denis Sauvé, les auteurs de la trilogie Étienne Brûlé et de John et le règlement 17.
par divers facteurs. Le cancer du sein de sa mère, la crise existentielle de sa sœur et l’antipathie de sa copine le bouleversent. Alors que le stress est à son comble, l’ado- lescent est transporté dans le temps. Il vivra l’adoption du règlement 17, la lutte entre Écossais et francophones de Green Valley, et le courage d’une poignée de citoyens déterminés. Les auteurs ont voulu utiliser le paranor- mal afin d’accrocher le lecteur. «On aurait trouvé ennuyeux d’avoir le grand-père, ra- contant une histoire. Les fantômes, la magie et les vampires intéressent davantage les jeunes», a expliqué Denis Sauvé. «Mais ça fait aussi partie de notre folklore, a ajouté Jean-Claude Larocque. Chaque famille a son histoire de fantômes.» Le personnage de Pépère permet de souligner l’importance du partage des événements passés des aînés à leurs descendants. Les auteurs ont également voulu mettre en valeur le travail et les sacrifices de l’ensei- ALEXANDRIA | Les auteurs Jean-Claude Larocque et Denis Sauvé se définissent comme des «écrivains âmes sœurs». Leur longue expérience commune en ensei- gnement au secondaire, à l’École secon- daire catholique Le Relais d’Alexandria, y serait pour beaucoup. Pour rédiger John et le règlement 17, publié dernièrement, les co-auteurs ont fait de nombreuses recherches qui les ont menés aux archives journalistiques du Droit, du Glengarry News et du Standard- Freeholder. Leur personnage principal, un adolescent qui découvre l’histoire de l’école libre de Green Valley, remarque ces coupures de différents journaux dans une boîte léguée par son Pépère. Les articles journalistiques ont donné
gnante Florence Quesnel, qui accompagne John lors de ses voyages temporels. «C’est une oubliée de l’histoire qui nous a frap- pés, raconte M. Sauvé. Elle est décédée en 1974 et on peut présumer qu’elle avait très peu de moyens. Elle est dans un coin du cimetière de Green Valley, avec la tombe la plus sombre et la plus simple.» Cette véri- table héroïne locale a accepté de couper de moitié son salaire, de demeurer chez ses parents et de renoncer à fonder une famille pour enseigner à l’école libre de Green Val- ley. Tout comme John Ménard, le lecteur s’éveille peu à peu à des faits méconnus ou oubliés du règlement 17, qui a sévi partout en province, de 1912 à 1927. Les auteurs partagent cette histoire locale, espérant ral- lumer la flamme francophone de leurs lec- teurs. «On se reconnaît un peu en Pépère , au niveau de la culture et du patrimoine que nous voulons transmettre au travers de nos livres», a conclu M. Sauvé, sourire aux lèvres. une autre dimension à la recherche de MM. Larocque et Sauvé, qui ont égale- ment parcouru divers ouvrages histo- riques sur l’école libre de Green Valley et la généalogie régionale. «La partie la plus intéressante de la recherche, c’étaient les entrevues avec les descendants de nos personnages», a fait remarquer M. Sauvé. Ils ont rencontré, entre autres, le fils du personnage Jean-Baptiste Ménard, dont le héros du roman porte le nom. À 94 ans, M. Ménard a accepté de dévoiler ses sou- venirs de l’époque du règlement 17. Les auteurs, qui ont voyagé dans le temps au fil de ces recherches historiques, ont terminé leur œuvre en se recueillant sur les tombes des personnages disparus. C’est au cimetière de Green Valley qu’ils ont aperçu la pierre tombale d’un person- nage central, celle de l’enseignante Flo- rence Quesnel, qui a sacrifié sa vie pour la cause francophone. «Elle est décédée en 1974 et on peut présumer qu’elle avait très peu de moyens. Sa tombe est la plus sobre et la plus simple», a raconté M. Sau- vé. Maintenant que le roman est écrit et publié, les auteurs parcourent l’Ontario et le Québec afin de le présenter et d’éveil- ler la fierté francophone chez le lecteur. Quoique John et le règlement 17 s’adresse aux 14-18 ans, les auteurs invitent tous les amoureux de l’histoire à consulter leur ouvrage.
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