Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 23 janvier 2025 - 8 DH - N° 1181
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
L’épineux dilemme Aïd Al-Adha
Banques Entre défis réglementaires et opportunités de financement
P. 11 à 13
P. 3/14
RÉFORME FISCALE
L’État transforme l’essai
● Le Maroc enregistre une performance fiscale inédite avec 100 milliards de dirhams de recettes supplémentaires en quatre ans. ● Ces dernières devraient approcher les 20% du PIB en 2025.
P. 8/9
Immobilier Tourisme Une dynamique impulsée par la team public-privé P. 15 à 17 Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma Donald Trump Un revanchard à la Maison Blanche Un nouveau plan comptable pour mettre de l'ordre dans le secteur P. 10 P. 28/29
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 JANVIER 2025
ACTUALITÉ
25 SANTÉ
Editorial
Oncorad Group : Le management présente ses prio- rités stratégiques pour accélérer sa croissance
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Voyons voir : Gaza : Après les bombes, le défi de la survie
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Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs
BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo : Sur le toit du monde Réforme fiscale : L’État transforme l’essai et récolte les premiers gains Immobilier : Un nouveau plan comptable pour mettre de l'ordre dans le secteur Secteur bancaire : Fitch anticipe une croissance sou- tenue en 2025 et 2026 Entretien avec Jamal El Mellali & Ramy Habibi Alaoui : Banques, Entre défis réglementaires et opportunités de financement à l’horizon 2030
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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28 Donald Trump : Un revanchard à la Maison Blanche POLITIQUE Entretien avec Wafa Rhallam : Visioprocess, «La rénovation énergétique peut freiner certains en raison de l’investissement trop lourd» 26 L'UNIVERS DES TPME
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Aïd Al-Adha
D L’épineux dilemme
epuis six ans, la sécheresse s’acharne sur le Royaume, épuisant les pâturages et rendant l’alimentation du bétail plus coûteuse. Les éleveurs, pris à la gorge par le ren- chérissement des intrants, peinent à maintenir leurs trou- peaux. Résultat : les prix des viandes rouges explosent. Face à cette situation, le gouvernement a multiplié les mesures : suspension des droits d’importation et de TVA sur les bovins, ovins, caprins, camélidés et viandes
rouges, interdiction de l’abattage des femelles reproductrices, importa- tions de bovins et ovins… Au total, selon le ministre de tutelle, environ 167.000 bovins, 906.000 ovins et 1.724 tonnes de viande ont été importés. Alors que l’Aïd Al-Adha approche, l’offre en ovins et caprins sera-t-elle suffisante pour répondre à la demande ? Le recensement du cheptel, initié par la tutelle, devrait permettre de répondre à cette question, sachant que l’année dernière l’offre totale était de 7,8 millions de têtes, dont 6,8 millions d'ovins et un million de caprins, pour une demande d’environ 6 millions de têtes, dont 5,4 millions d'ovins et 600.000 caprins. Actuellement, une seule question taraude les esprits : faut-il maintenir l’Aïd Al-Adha ou faut-il suivre l’exemple des années 1963, 1981 et 1996, où l’interdiction du sacrifice par Sa Majesté feu Hassan II a été décrétée pour préserver le cheptel ? Difficile de donner une réponse tranchée. Car bien plus qu’un simple rituel religieux, l’Aïd Al-Adha est aussi un moteur économique générant des dépenses globales de près de 18 milliards de dirhams, dont une bonne partie transférée des villes vers les campagnes. L’annuler, c’est priver le monde rural et tout l’écosystème qui tire profit de cet évènement (éleveurs, transporteurs, artisants…) d’une importante manne financière. Paradoxalement, même si cette fête religieuse est censée symboliser le partage et la solidarité, elle devient, aussi, un fardeau, particulièrement pour les classes démunies. Selon le haut-commissariat au Plan, l’Aïd Al-Adha représente près de 30% de la dépense globale des ménages marocains dédiée annuellement à la consommation des viandes. Raison pour laquelle 13% des ménages marocains n’accomplissent pas ce rituel; un chiffre en hausse constante. Et la participation au rituel du sacrifice est inversement proportionnelle au niveau de vie du ménage et au niveau d'instruction de son chef. Près de 25,1% des ménages appartenant aux 10% les plus aisés n’effectuent pas le sacrifice à l'occasion de l'Aïd, contre 7,8% parmi les 10% les plus pauvres, détaille le HCP. Bref, maintenir l’Aïd Al-Adha, c’est nourrir l’économie rurale. L’annuler, c’est préserver le cheptel et alléger les dépenses des foyers, mais au risque de briser un équilibre socioéconomique. C’est bien là le dilemme. Chaque option implique… un sacrifice. u
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Smartphones : Un marché en renouveau Aux origines du gaming au Maroc : Premiers pixels, premières passions
ECONOMIE
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Filière de l’élevage : Faut-il s’inquiéter pour Aïd Al-Adha ? Tourisme : La team public-privé a fait ses preuves Entretien avec Zoubir Bouhoute : Tourisme, «Le Maroc doit impérativement explorer de nouveaux marchés émergents» Renault Maroc : Carton plein pour le Groupe Entretien avec Me Aïda Bennani : Climat des affaires, «Plusieurs leviers peuvent être actionnés pour renforcer cette dynamique» Location de voitures : Le secteur profite de la relance des activités touristiques
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DEVELOPPEMENT DURABLE
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Énergie : L’urgence d’une stratégie claire d’effica- cité énergétique Entretien avec Said Guemra : Réformes énergé- tiques, «Nous devons passer à une stratégie chif- frée, avec des projets précis»
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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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Gaza
Après les bombes, le défi de la survie
C est une étrange ironie du destin que de parler de «retour à la maison» dans un territoire où les maisons ne sont plus que des tas de ruines. A Gaza, en ce deuxième jour de trêve entre le Hamas et Israël après quinze mois d’un conflit destructeur, les déplacés reviennent chez eux. Mais pour beaucoup, ce «chez soi» est devenu méconnaissable. Car Gaza n’est aujourd’hui plus qu’un immense champ de ruines. La guerre a réduit à néant les infrastructures essentielles à la vie quotidienne. Les routes sont ensevelies sous des amas de gravats, les immeubles éventrés par les bombar- dements et les lieux autrefois symboles de rési- lience communautaire, notamment les écoles, hôpitaux et mosquées, ne sont plus que des tas de poussière. Dans ce territoire qui a subi un siège total de la part de l’armée israélienne, la mission est herculéenne. Il y a tout à refaire. L’eau potable se fait aujourd’hui presque inexis- tante : les réseaux d’approvisionnement ont été anéantis et les réservoirs d’eau sont soit contaminés, soit détruits. Pour les 2,4 millions d’habitants, cela signifie une dépendance totale Par D. William ’
vis-à-vis de l’aide humanitaire internationale. D’ailleurs, en une seule journée, 630 véhicules transportant des aides ont été acheminés à Gaza, selon l’ONU. Pourtant, cela reste insuffi- sant pour répondre aux besoins de la population. La situation sanitaire est tout aussi catastro- phique. Le système de santé, déjà exsangue, est complètement anéanti : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ores et déjà averti que sa reconstruction serait «une tâche complexe et difficile» . Les rares installations encore fonc- tionnelles manquent de médicaments, d’équi- pements et même de personnels soignants. C’est pourquoi les maladies se propagent à une vitesse alarmante. L’absence d’électricité complique davantage la
vie quotidienne. Sans énergie, les frigos sont inutilisables, les appareils médicaux ne fonc- tionnent pas et les nuits sont plus que glaciales. Et, surtout, mortelles. Comme dénoncé par l’Unrwa, 74 enfants sont morts depuis le début de cette année en raison «des rudes conditions hivernales». A tout cela s’ajoutent des perspectives éco- nomiques proches de zéro pour Gaza. Entre le blocus imposé par Israël depuis des années et cette guerre qui a tout détruit, l’avenir paraît bien obscur pour les jeunes générations. Et pourtant, malgré ce tableau très sombre, les habitants de Gaza s’accrochent à l’espoir. Avec fierté et dignité. Certains reconstruisent des abris de fortune avec les débris de leurs mai- sons, tandis que d’autres continuent de défier les dures réalités actuelles en tentant de survivre dignement. Le tout, en éduquant leurs enfants. Même sous les tentes. Mais combien de temps pourront-ils résister à une vie réduite à la survie ? Surtout, qu’advien- tra-t-il des Gazaouis après ce cessez-le-feu de six semaines ? ◆
Qu’advientra-t-il des Gazaouis après ce cessez-le-feu de six semaines ?
oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
ÇA SE PASSE AU MAROC
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Croissance économique
Le PIB à 3,8% en 2025 L e haut-commissariat au Plan (HCP) prévoit une croissance du PIB marocain de 3,8% en 2025, contre 3% estimée en 2024, portée par la reprise agricole (+4,1%) et les performances des activités non agricoles (+3,6%). Une campagne agricole plus favorable et une hausse de la pêche maritime (+6,5%) contribueront à une amélioration globale du secteur primaire (+4,2%). Les secteurs non agricoles maintiendront
Carburants
Le Conseil de la concurrence décrypte le marché L e Conseil de la concurrence a publié son qua- trième rapport sur l'exécution des engagements des neuf sociétés opérant sur le marché du gasoil et de l'essence, portant sur le 3 ème trimestre 2024. Ce trimestre a été marqué par une hausse de 10,8% des importations totales en carburants, atteignant 1,70 million de tonnes, tandis que leur valeur a diminué de 9,75%, soit 14,03 Mds de DH. Les neuf sociétés ont représenté 84% de ces volumes et valeurs. Les recettes fiscales (TIC et TVA) ont augmenté de 6,6%, atteignant 7,21 Mds de DH, en raison de l'aug- mentation des importations. La capacité de stockage des carburants a progressé de 4,2%, s'établissant à 1,56 million de tonnes, dont 81,7% détenus par les neuf sociétés. Les ventes de gasoil et d’essence ont atteint 2,33 milliards de litres, en hausse de 4,8% par rapport à l'année précédente, avec les neuf sociétés réalisant 82% de ces ventes. Les prix de cession ont suivi une tendance baissière, répercutant principalement la baisse des coûts d'achat, notamment pour l'essence. Les marges brutes moyennes des opérateurs étaient de 1,46 DH/L pour le gasoil et 2 DH/L pour l’essence, supérieures aux moyennes du 2ᵉ trimestre 2024, mais alignées avec celles du 1er semestre. ■
leur dynamisme, avec une progression attendue dans l’industrie (+3,7%), le BTP (+3,8%) et les activités minières (+5,9%), soutenues par la production de phosphate. Le tertiaire, comprenant le commerce, le tourisme (+7,4%) et le transport (+5,9%), continuera de soutenir l’économie, grâce à la performance des exportations et au rebond touristique. En valeur, la croissance du PIB passerait de 4,5% en 2024 à 5,9% en 2025, avec une inflation modérée de 2,1%. Ces prévisions traduisent une consolidation de la reprise économique nationale. ■
ADII et BCP
Garantie des créances douanières pour le transit de marchandises L ’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) et la Banque Centrale Populaire (BCP) ont lancé un dispositif permettant aux non-résidents au Maroc de garantir les droits et taxes douaniers liés au transit de marchandises. Ce système de paiement instantané, disponible dans les agences BP, dont celles des postes d’El Guergarate et du port de Tanger
Med, permet de déposer le montant à garantir à l’entrée du pays en dirhams, et de le récupérer à la sortie une fois les engagements respectés. Ce dispositif, fruit d’un partenariat stratégique conclu en 2024, s’inscrit dans la dématérialisation des procédures douanières pour simplifier les for- malités et optimiser le traitement des opérations. Le déploiement couvrira progressivement tous les bureaux concernés. ■ L es investissements dans le secteur ferro- viaire atteindront 96 Mds de DH d’ici 2030, selon Abdessamad Kayouh, ministre du Transport. Ce plan inclut 53 Mds de DH pour la ligne grande vitesse Kénitra-Marrakech, 29 Mds de DH pour 18 trains TGV et 150 trains multiservice, ainsi que 14 Mds de DH pour moderniser 40 gares et maintenir l’efficacité du réseau national. Ces projets visent à relier 43 villes et 87% de la population d’ici 2040, contre 23 villes et 51%
Des investissements ferroviaires de 96 Mds de DH à l’horizon 2030
actuellement, tout en connectant 12 ports et 12 aéroports. Une liaison ferroviaire avec Nador West Med, dotée de 4,3 Mds de DH, est aussi prévue. Parallèlement, des investissements de 42 Mds de DH dans le transport aérien moderniseront les aéroports, dont celui de Casablanca, et renforceront les vols domestiques. Le Maroc explore aussi la création d’une flotte maritime commerciale pour consolider sa souveraineté et son intégration régionale. ■
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ÇA SE PASSE AILLEURS
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Tourisme
Cryptos
IA
La France a accueilli 100 millions de visiteurs en 2024
Le bitcoin atteint un nouveau record, dopé par l'investiture de Trump
Google injecte plus d’un milliard de dollars dans Anthropic G oogle a investi plus d’un mil- liard de dollars dans Anthropic, une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle et concur- rente d’OpenAI. Fondée en 2021, Anthropic est à l’origine des modèles Claude, utilisés pour générer du texte, des images et du code. En 2024, la société a enregistré un milliard de dollars de revenus, bien qu’elle ne soit pas encore rentable. Sa valori- sation atteint désormais 60 milliards de dollars, grâce à des investisse- ments supplémentaires de Lightspeed Venture Partners. La start-up figure parmi les leaders du secteur aux côtés d’OpenAI, xAI et Meta, dans un contexte de forte concurrence et de surveillance réglementaire accrue aux États-Unis. ■
L e bitcoin a atteint un nouveau record dans les échanges boursiers de lundi, dopé principalement par l’investiture en mi-journée de Donald Trump comme 47 ème président des États- Unis. La plus grande cryptomon- naie du monde a gagné jusqu'à 5,5% pour se chiffrer à 109.241 dollars. Selon l’agence Bloomberg, ce rebond est survenu après que le président élu américain et son épouse ont décidé de dévoiler leurs propres devises numé- riques, dont la capitalisation bour- sière a atteint plus de 15 milliards
de dollars dimanche. Ce lancement est perçu par les spéculateurs « comme un signe que la promesse de Trump de faire des États-Unis la capitale mondiale du bitcoin » et des cryp- tomonnaies «sera honorée». Le cours du bitcoin avait déjà été porté en fin de semaine pas- sée par des informations de Bloomberg, selon lesquelles le président élu entend signer un décret élevant la cryptomonnaie au rang de priorité politique et donnant aux acteurs du secteur une voix au sein de son adminis- tration. ■
L a France a accueilli plus de 100 millions de touristes internatio- naux (+2%) et généré 71 mil- liards d'euros de recettes interna- tionales en 2024 (+12%), a annoncé, mardi, le ministère du Tourisme. « Rythmé par les Jeux olympiques et paralympiques, les 80 ans du Débarquement de Normandie et la réouverture de Notre-Dame de Paris, le tourisme français a béné- ficié d’un fort dynamisme et d’une vitrine exceptionnelle dans le monde entier », a indiqué le ministère. Le pays a accueilli deux millions de visiteurs de plus par rapport à 2023, d'après la même source, notant que «les perspectives du premier tri- mestre 2025 sont très bonnes avec une fréquentation en hausse». Les arrivées aériennes internationales sont en augmentation de +10% sur les trois premiers mois de 2025 par rapport à l’an passé, « avec de belles performances des Américains (+15%), des Brésiliens et Indiens (+7%) ou des Chinois (+16%) ». ■
Nigeria
L e Fonds monétaire international (FMI) a maintenu inchangées ses prévisions de croissance pour le Nigeria à 3,2% au titre de l’année 2025, contre un taux de croissance estimé à 3,1% en 2024. Dans sa dernière mise à jour du rap- port sur les perspectives de l'éco- nomie mondiale, le FMI prévoit une décélération de la croissance éco- nomique du pays le plus peuplé en Afrique à 3% en 2026. Selon le rapport du FMI, la croissance de l’Afrique subsaharienne devrait se redresser en 2025, alors qu’elle devrait ralentir dans les pays émergents et les pays en développement européens. Ces prévisions positives pour l’éco- nomie nigériane s’alignent sur les der- nières projections de la Banque mon- diale qui tablait sur une reprise modé- rée de l’économie nigériane portée par le secteur des services. ■ Le FMI maintient ses prévisions de croissance à 3,2% en 2025
Royaume-Uni
Deuxième pays le plus attractif pour les investissements au monde
L e Royaume-Uni est le deuxième pays le plus attractif pour les investissements, derrière les États-Unis, selon une enquête menée par le cabinet de conseil PwC. Publiée à l'ouverture du Forum économique mondial (WEF) à Davos, en Suisse, l'enquête menée auprès de près de 5.000 chefs d'entreprise de 109 pays, place le Royaume-Uni en deuxième position, devant la Chine, l'Allemagne et l'Inde. Il s'agit du rang le plus avancé pour le Royaume- Uni depuis le lancement de l’enquête il y a 28 ans.
En 2024, le Royaume-Uni s’était classé quatrième. La publication des résultats de l’étude intervient au moment où l’économie britannique traverse une période de morosité. En novembre dernier, le pays a enre- gistré une croissance de 0,1% après trois mois de croissance nulle. Commentant l'enquête, la ministre des Finances, Rachel Reeves, a indiqué que les résultats de l’étude illustrent le soutien dont jouit le Royaume-Uni auprès des chefs d’entreprises internationales. ■
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BOURSE & FINANCES
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I L'indice Masi surpasse plusieurs indices mondiaux en termes de performance en ce début d'année. Point Bourse Hebdo Sur le toit du monde Par Y . Seddik
Evolution de l'indice Masi depuis début 2024
l y a des semaines où l’on cherche les mots, et d’autres où les chiffres parlent d’eux- mêmes. Cette semaine, c’est clairement la seconde catégo- rie. Quel indice peut se targuer d’éclipser ses pairs mondiaux à mi-janvier ? La réponse pour- rait bien vous surprendre : le Masi, tout simplement. Avec une envolée de 8,45% depuis le 1 er janvier, notre indice natio- nal ne se contente pas de dominer le continent africain : il surpasse également une quarantaine des principaux indices mondiaux, suivis par les fournisseurs de données financières. Pendant que Wall Street hésite, que l’Europe digère sa fin d’année et que l’Asie souffle le chaud et le froid, la Bourse de Casablanca trace une ligne directe vers les sommets, sans bruit. Juste une performance brute et incontestable. Bref, on ne sait pas de quoi demain sera fait, mais aujourd’hui, le Masi est… champion du monde. Cette semaine, l’indice a
encore progressé de 0,92%, dépassant le seuil historique des 16.000 points, avant de se stabiliser à 16.021 points. Quelques prises de bénéfices, inévitables à ces altitudes, ont ponctué la semaine sans enta- mer l’élan général. Et malgré une semaine écourtée par le jour de l’an amazigh Yennayer, les volumes d’échange sur le marché central ont atteint un solide 1,65 milliard de dirhams. Si les grandes capitalisations continuent d’attirer les flux, cette semaine a surtout été marquée par une véritable ruée vers les mid-small caps. Dans ce sens, CMGP Group domine le podium avec 158 MDH échangés, soit près de 9,62% des volumes hebdo- madaires, suivie par RDS, qui enregistre 140 MDH. Cette dernière a d'ailleurs signé la meilleure performance de la semaine (+30%), pour porter ses gains annuels à 52%. Un marché en feu : 22 secteurs dans le vert Au niveau sectoriel, 22 des 24
TOP Performances
FLOP Performances
Rebab Company Sonasid Société des Boissons du Maroc
-12,78%
+30,81% +16,63%
Résidences Dar Saada Réalisations mécaniques AtlantaSanad
-5,13%
-3,33%
+11,43 %
secteurs cotés évoluent dans le vert, et pas qu’un peu : 9 d’entre eux affichent déjà des performances à deux chiffres. Seuls les secteurs des boissons et des placements immobiliers font de la résistance, inca- pables pour l’instant de suivre la cadence effrénée du marché. Les raisons ? Elles sont connues. Une bonne santé macroéco- nomique, des perspectives favorables pour les entreprises cotées, une politique monétaire accommodante et un intérêt croissant des investisseurs par- ticuliers forment le socle solide de cette dynamique haussière. Rien de nouveau sous le soleil, mais une efficacité toujours au rendez-vous. Par ailleurs, les souscriptions dans les OPCVM
continuent de soutenir les flux, comme en témoignent des volumes d’échange de la semaine. Avec une progression de 8,45% au 17 janvier, le Masi semble bien engagé pour pro- longer sa dynamique en 2025. Selon BMCE Capital Research, l’indice pourrait gagner jusqu’à 14% dans un scénario cen- tral, soutenu par une crois- sance bénéficiaire de 23% et des valorisations attractives. Dans un scénario optimiste, la hausse pourrait atteindre +24,8%, tandis qu’un scénario prudent envisage une baisse de -7,6% en cas de stagnation des bénéfices. Une année à fort potentiel, mais non sans incertitudes. ◆
BOURSE & FINANCES
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Réforme fiscale L’État transforme l’essai et récolte les premiers gains Le Maroc enregistre une performance fiscale inédite avec 100 milliards de dirhams de recettes supplémentaires en quatre ans. Ces dernières devraient approcher les 20% du PIB en 2025, un niveau historiquement élevé, et se stabiliser au moins jusqu’en 2027.
pic de 4,4% du PIB». Il faut dire que cette augmentation des recettes fiscales a bien servi. Selon le ministre délégué char- gé du Budget, Fouzi Lekjaa, ces ressources supplémentaires ont été intégralement réinvesties dans les politiques sociales prioritaires. Ainsi, 44 milliards de dirhams ont été mobilisés pour financer les engagements pris dans le cadre du dialogue social pour renfor- cer les accords conclus avec les partenaires sociaux. Par ailleurs, 35 milliards de dirhams ont été consacrés à soutenir directement les ménages les plus vulnérables à travers des aides directes ciblées. En outre, 19,5 milliards de dirhams ont été affectés à l’élargissement des cotisations à la couverture médicale, un axe essentiel de la réforme sociale visant à garantir l’accès aux soins pour le plus grand nombre. «Le Maroc aurait toute la latitude pour poursuivre ses réformes sociales et s’attaquer notamment au chantier coûteux de la viabilité du système de retraite. Ce der- nier devient plus pressant, à la lumière des derniers chiffres du recensement qui font état d’une décélération de la croissance démographique, synonyme d’un vieillissement «prématuré» de la population au Maroc», souligne le chef économiste. Il ajoute que «les recettes fiscales, en se chiffrant à près de 20% du PIB en 2025, devraient atteindre des niveaux historiquement élevés et se maintenir au moins jusqu’en 2027, selon les projections du ministère des Finances». Fiscalité plus équitable L’un des succès notables de la réforme réside dans son ambition de rétablir une certaine équité fis- cale. En 2025, les contribuables percevant moins de 15.000 dirhams par mois bénéficieront de 70% des efforts financiers enga- gés, soit 8,5 milliards de dirhams, comme l’a rappelé Lekjaa. De plus, l’alignement des taux de TVA sur deux niveaux cibles (10% et 20%) et l’élargissement des exonéra- tions aux produits de première nécessité illustrent une volonté de protéger les ménages les plus
Par Y. Seddik
gissement de l’assiette fiscale, qui a permis d’intégrer de manière plus efficace les professions libé- rales et les activités économiques indépendantes dans le système fiscal national. Pour Abdelaziz Lahlou, direc- teur Économie au sein d'Attijari Global Research, « cette progres- sion trouve son origine notamment dans le réaménagement des taux de TVA et de l’IS, l’élargissement de la base des contribuables et la réduction des exonérations fis- cales. Leur volume recule de 13%, passant de 36,9 milliards de DH en 2023 à 32,1 milliards en 2024. Le Trésor a ainsi développé une base solide de revenus récurrents. Ceci est la traduction d’un processus de réduction des niches fiscales et d’élargissement de la base des contribuables. Le secteur public vient également renforcer ses revenus par les recettes non fis- cales qui atteignent, à leur tour, un Avec une augmentation inédite des recettes fiscales, l’État consolide ses finances et redouble d’efforts pour répondre aux enjeux sociaux.
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epuis son lancement en 2019, la réforme fiscale au Maroc, por- tée par une vision claire et un engagement politique soutenu, s’impose comme l’un des grands projets de transformation des finances publiques. Aujourd’hui, à mi-parcours de ce chantier prévu jusqu’en 2026, les résultats sont déjà tangibles et significatifs : une augmentation historique des recettes fiscales, une affectation directe des fonds aux programmes sociaux et un rééquilibrage pro- gressif du système fiscal. Entre 2020 et 2024, les recettes fiscales marocaines ont enregis- tré une hausse remarquable, pas- sant de 199 milliards de dirhams à 299 milliards, soit une progres- sion impressionnante de 100 mil- liards de dirhams en seulement quatre ans. Avec une croissance annuelle moyenne de 11%, cette performance résulte d’une refonte des principaux leviers fiscaux. Les
recettes de l’impôt sur les sociétés (IS) ont bondi de 48,8 milliards de dirhams en 2020 à 70 milliards en 2024, grâce à une amélioration significative de la collecte, à une meilleure efficacité administrative et une rationalisation des taux. De son côté, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), principal pilier des recettes indirectes, a affiché une hausse de 59%, passant de 56 milliards de dirhams à 89 milliards. Enfin, l’impôt sur le revenu (IR) a également connu une forte pro- gression, atteignant près de 59,6 milliards de dirhams contre 40 mil- liards en 2020. Cette évolution est en grande partie attribuée à l’élar-
L’un des succès notables de la réforme réside dans son ambition de rétablir une certaine équité fiscale.
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BOURSE & FINANCES
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vulnérables, tout en consolidant les recettes. En parallèle, des efforts sont déployés pour simplifier le système fiscal et le rendre plus adapté aux réalités économiques contemporaines. La Contribution professionnelle unique (CPU), conçue pour les professions libé- rales et les entrepreneurs, vise à réduire les lourdeurs administratives et encou- rager une meilleure adhésion fiscale. Si les finances publiques se redressent, c’est aussi grâce à une vision proactive en matière d’investissement. En 2025, l’État allouera 105 milliards de dirhams aux projets structurants, en hausse de 5%. Ce budget reflète une stratégie bien réfléchie : stimuler la croissance à travers des secteurs stratégiques comme l’énergie, l’eau ou encore l’édu- cation. Les établissements publics, moteurs de cette dynamique, concen- treront leurs efforts sur les infrastruc- tures critiques. Casablanca demeure en tête des régions bénéficiaires, avec 32% des flux d’investissement, tandis que Drâa-Tafilalet et Fès-Meknès, his- toriquement moins favorisées, affichent des progressions significatives. Cet effort d’équité territoriale témoigne d’une volonté de réduire les dispari- tés régionales, mais soulève aussi des questions sur la capacité d’exécution locale.
avancées en matière de transparence budgétaire et de résilience écono- mique. Le rapport positif du cadre d’évaluation PEFA (Public expenditure and financial accountability), soutenu par des bailleurs de fonds de premier plan, renforce également la crédibilité des chiffres publiés par le ministère de l’Économie et des Finances. Ce gage de confiance internationale ne fait que confirmer la pertinence des choix opé- rés par le Maroc. ◆
Ces ressources supplémentaires ont été intégralement réinvesties dans les politiques sociales prioritaires, selon Lekjaa.
croissance démographique en ralen- tissement, le financement des retraites et des politiques de santé publique devient une priorité urgente. Au final, la réforme fiscale, qui devrait
se poursuivre jusqu’en 2026, s’impose comme un modèle salué à l’échelle internationale. Des institutions telles que le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne ont applaudi ces
Une lourde masse salariale publique
Si la réforme fiscale a renforcé les capacités budgétaires de l’État, elle n’a pas encore totalement surmonté les défis structurels auxquels le Maroc fait face. L’une des problématiques majeures reste le poids de la masse salariale publique, qui atteint 11% du PIB en 2024. Les augmentations sala- riales et le renouvellement des effectifs pour compenser les départs massifs à la retraite entre 2024 et 2028 pèsent lourdement sur le budget de l’État. En parallèle, la dépendance historique aux subventions, bien qu’en voie de réduction, demeure un enjeu. La stabili- sation des dépenses de compensation à 17 milliards de dirhams est une avan- cée, mais elle nécessite un accom- pagnement efficace pour atténuer les impacts sociaux, notamment dans les zones rurales et pour les ménages à faibles revenus. De plus, la gestion de la transition démographique s’impose comme un défi de premier plan. Avec un vieillisse- ment accéléré de la population et une
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Immobilier Un nouveau plan comptable pour mettre de l'ordre dans le secteur Un nouveau plan comptable, dédié au secteur au secteur immobilier, entre en vigueur et promet plus de cohérence et de comparabilité dans les bilans des promoteurs. L’éclairage de Mouna Kamali, expert-comptable et Managing Partner du cabinet M-Consulting. Par A. Hlimi
effectif des signatures. L’autre poste comptable tou- ché par la réforme est celui des stocks. Selon l'expert- comptable, le nouveau dispo- sitif rapproche la comptabili- sation immobilière des normes internationales, notamment en permettant d’intégrer dans la valeur du stock certaines dépenses (aménagements, infrastructures, etc.) sur la base d’expertises externes. Ceci devrait offrir plus de souplesse aux opérateurs. «Cette impu- tation de coûts supplémen- taires au stock contribue à une représentation plus fidèle de la réalité économique du projet», précise l’experte. L’autre nou- veauté majeure du plan comp- table concerne la limitation de la comptabilisation progres- sive du bénéfice. Désormais, la méthode d’avancement (ou contrat à long terme) reste pos- sible essentiellement pour la construction pour autrui (maî- trise d’ouvrage déléguée), mais plus pour la simple commer- cialisation de logements ou de lotissements. Ce point devrait stabiliser la reconnaissance du résultat et limiter d’éventuelles divergences entre opérateurs, investisseurs et créanciers. ◆ Interrogés, des opérateurs immobiliers font remar- quer que les promoteurs avec un stock de créances clients important seraient les plus impactés par cette nouvelle méthode. Ils sont toutefois unanimes dans le secteur à réclamer un plus grand accompagnement en matière de procédures admi- nistratives pour se confor- mer aux nouvelles exigences comptables et ainsi s’assu- rer de réduire la volatilité du chiffre d’affaires, en évitant les retards pour délivrer les titres fonciers et autres per- mis d’habiter. L’avis des promoteurs
Le nouveau plan comptable impose désormais que le chiffre d’affaires ne soit comptabilisé qu’une fois le contrat de vente définitif signé chez le notaire.
U
ne nouvelle grille de lecture pour le secteur immobilier entre en vigueur à partir de cette année. Le nouveau réfé- rentiel comptable du secteur, introduit par le législateur, apporte plus de précisions en matière de comptabilité du chiffre d'affaires pour offrir une meilleure comparabilité entre les comptes, surtout pour les promoteurs cotés en Bourse. Ce chantier, lancé il y a 2 ans, a été retardé pour permettre aux promoteurs immobiliers d'avoir du temps pour se conformer à ces nouvelles exigences. L'analyse des états de syn- thèse des promoteurs immo- biliers cotés, et notamment les modalités de comptabilisation du chiffre d'affaires et des stocks ainsi que leurs règles
d'évaluation, ont montré des divergences d'un promoteur à un autre, ce qui ne permet pas de disposer d'une information comptable et financière uni- forme. Les banques sont mon- tées au créneau pour relever cette problématique, au point qu'elle soit soulevée lors d'une réunion du Comité de coordi- nation et de surveillance des risques systémiques, consa- crée à l'examen des risques émanant du secteur immobilier. Le changement a été «suggé- ré» par les investisseurs finan- ciers et le secteur bancaire qui trouvaient des difficultés à bien analyser les comptes à cause d'une grande largesse offerte aux opérateurs en matière de faits générateurs permettant de comptabiliser le chiffre d'af-
faires. Les opérateurs avaient en effet jusqu'ici diverses manières de comptabiliser leur chiffre d’affaires (à la remise des clés, sur facturation, etc.) et cette nouvelle norme vient unifier les méthodes et réduire les possibilités du secteur. «Le nouveau plan comptable impose désormais que le chiffre d’affaires ne soit comp- tabilisé qu’une fois le contrat de vente définitif signé chez le notaire», souligne Mouna Kamali. Cette règle unique met fin aux interprétations anté- rieures et devrait réduire les décalages ou gonflements arti- ficiels de revenus. En contre- partie, les comptes risquent parfois d’afficher une certaine volatilité dans la comptabilité, car tout dépendra du timing
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des limites structurelles qui freinent une éventuelle amé- lioration de la note de l’envi- ronnement opérationnel des banques marocaines. Parmi elles : un PIB par habitant relativement faible (4.021 USD en 2024), une forte dépen- dance à l’agriculture (12% du PIB et 30% de l’emploi) et un taux de chômage élevé prévu à 12,5% en 2025. Toutefois, les secteurs non agricoles, tels que le tourisme et la construction, devraient compenser ces faiblesses en 2025 et 2026, notamment grâce à l’organisation d’évé- nements sportifs majeurs. Fitch prévoit également que l’introduction d’un marché secondaire pour les créances douteuses pourrait libérer des ressources significatives pour les banques, améliorant leurs ratios de capital et leur capa- cité à financer la croissance. Le volume des créances dou- teuses des banques maro- caines a plus que doublé en une décennie, atteignant 98 milliards de dirhams à fin sep- tembre 2024, soit 8,6% des crédits du secteur et environ 7% du PIB. Les règles fiscales strictes imposant une conser- vation de ces créances pen- dant cinq ans, pèsent sur les bilans bancaires. Fitch estime qu’une réduction de 20% des créances douteuses chez les six plus grandes banques pourrait améliorer leur ratio de fonds propres CET1 de 185 points de base en moyenne, libérant ainsi des capacités pour le financement. Bien que la capitalisation reste un point faible rela- tif pour certaines banques marocaines, une améliora- tion durable, combinée à une meilleure génération interne de capital, pourrait rehaus- ser les notes de capitalisation. Fitch conclut que les banques marocaines sont bien posi- tionnées pour tirer parti des opportunités offertes par un environnement opérationnel plus favorable et les réformes en cours. ◆
Selon Fitch, les sept plus grandes banques marocaines ont déjà enregistré une hausse de leur résultat net agrégé de 19% sur un an au troisième trimestre 2024.
Secteur bancaire Fitch anticipe une croissance soutenue en 2025 et 2026
a robustesse économique du Maroc, appuyée par de grands projets d’investissement, devrait permettre une crois- sance annuelle moyenne du PIB de 3,8% entre 2025 et 2026, dépassant ainsi la médiane de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Fitch souligne que les perspectives de créa- tion d'un marché secondaire pour les créances douteuses pourraient avoir un impact posi- tif majeur sur la santé financière des banques marocaines. L Le secteur bancaire marocain continue de prouver sa solidité et son potentiel de croissance, selon le dernier rapport de Fitch Ratings. L’agence anticipe une augmentation significative de la rentabilité des banques en 2025 et 2026, soutenue par un environnement opérationnel favorable et des réformes structurelles prometteuses. Par Y. Seddik ment pour les prêts d’investis- sement qui ont augmenté de 14% sur un an au cours des dix premiers mois de 2024. Enjeux et contraintes structurelles Malgré ces perspectives optimistes, Fitch identifie
banques marocaines ont déjà enregistré une hausse de leur résultat net agrégé de 19% sur un an au troisième trimestre 2024. Cette tendance devrait se poursuivre, portée par une augmentation des volumes d’affaires et une diminution des provisions pour créances dou- teuses. Par ailleurs, les investissements majeurs dans les infrastructures et l’industrie, à hauteur de 100 milliards de dollars prévus entre 2025 et 2030, devraient soutenir cette croissance. Fitch estime que ces projets, qui incluent 34 milliards de dollars pour la seule année 2025, stimuleront la demande de crédits, notam-
Fitch estime qu’une réduc- tion de 20% des créances douteuses chez les six plus grandes banques pourrait améliorer leur ratio de fonds propres CET1 de 185 points.
Avec une croissance moyenne des crédits de 4,5% entre 2019 et le troisième trimestre 2024, le secteur devrait accélérer à 6% en 2025. Les sept plus grandes
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Banques Entre défis réglementaires et opportunités de financement à l’horizon 2030
Les grands projets structurants au Maroc, estimés à 100 milliards USD d’ici 2030, offriront de nouvelles opportunités de financement pour les banques. L'arrivée d'un marché secondaire des créances en souffrance au Maroc représente un véritable «game changer» pour le secteur, avec une amélioration potentielle de la solvabilité des banques de 120 à 320 points de base. La baisse des taux directeurs par Bank Al-Maghrib devrait soutenir une forte reprise de la demande de crédits en 2025. Entretien croisé avec Jamal El Mellali, directeur et Responsable de la notation des banques en Afrique francophone, et Ramy Habibi Alaoui, directeur associé- Banques Afrique et Moyen-Orient chez Fitch Ratings.
Ramy Habibi Alaoui
Jamal El Mellali
en charge la totalité du besoin en financement. C'est précisément sur ce point que les banques pourront tirer leur épingle du jeu. La crois- sance des crédits au Maroc a été plutôt atone ces dernières années (4,5% en moyenne entre 2019 et septembre 2024), et ces projets vont raviver la dynamique du sec- teur bancaire. Nous pensons que les plus grandes banques du pays sont particulièrement bien position- nées pour répondre à ce besoin de financement, en raison notamment de la taille de leur bilan et de leur expertise en matière de finance- ment de projets. F. N. H. : Dans ce contexte, quels sont les principaux défis auxquels le secteur bancaire marocain devra faire face, notamment en ce qui concerne la mobilisation de capital et le respect des exigences réglementaires croissantes ? J. E. M. : Justement, toutes les
banques ne sont pas logées à la même enseigne; un des défis majeurs pour le secteur bancaire sera de trouver le capital nécessaire à ces finan- cements. En effet, certaines institutions ont des ratios de capital tout juste au-dessus des minima réglementaires, et seront donc limitées dans leur capacité à participer aux finan- cements des projets étatiques et privés. Ceci d'autant plus que la réglementation bancaire au Maroc est de plus en plus exigeante en matière de capital que les banques doivent déte- nir, Bank Al-Maghrib souhai- tant converger vers les normes internationales. Nous voyons cette convergence de manière positive pour la résilience du secteur bancaire et la stabilité du secteur financier marocain de manière générale, mais d’un autre côté cela pourrait tem- pérer la croissance des crédits attendue en 2025/2026.
F. N. H. : Avec une prévi- sion de croissance des prêts de 6% à 7% annuellement, quelles catégories de cré- dits (consommation, inves- tissement, etc.) pourraient bénéficier le plus de cette dynamique ? J. E. M. : Avec la baisse des taux d'intérêt et une croissance économique plus dynamique, nous pensons que la croissance des crédits sera tirée par tous les prin- cipaux segments : crédits aux par- ticuliers, notamment les crédits à la consommation, mais aussi et surtout par les crédits d'investis- sement, compte tenu des grands projets structurants évoqués ci- dessus. Bank Al-Maghrib a réduit son taux directeur de 25 points de base en décembre 2024, le rame- nant à 2,5 %, et nous nous atten- dons à une nouvelle baisse en 2025 compte tenu de la bonne maîtrise de l'inflation, qui est passée sous la barre de 1% en moyenne en 2024. Sur le front des crédits aux parti-
Propos recueillis par Y. Seddik
Finances News Hebdo : Votre rapport anticipe une croissance économique au Maroc supérieure à la moyenne de la région MENA, soutenue par des projets structurants estimés à 100 milliards USD d'ici 2030. Comment le secteur bancaire marocain peut-il tirer parti de ces opportunités de finance- ment pour accompagner cette dynamique économique ? Jamal El Mellali : En effet, nous anticipons une croissance écono- mique au Maroc qui sera supérieure à la moyenne de la région MENA. Cette forte dynamique de crois- sance au Maroc sera soutenue par les grands projets structurants lan- cés par le Royaume, estimés à près de 100 milliards USD d'ici 2030. Le défi pour l'État sera de trouver les financements nécessaires pour mener à bien ces investissements. Il ne pourra pas, à lui seul, prendre
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