FNH N° 1181-1

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 JANVIER 2025

Banques Entre défis réglementaires et opportunités de financement à l’horizon 2030

Les grands projets structurants au Maroc, estimés à 100 milliards USD d’ici 2030, offriront de nouvelles opportunités de financement pour les banques. L'arrivée d'un marché secondaire des créances en souffrance au Maroc représente un véritable «game changer» pour le secteur, avec une amélioration potentielle de la solvabilité des banques de 120 à 320 points de base. La baisse des taux directeurs par Bank Al-Maghrib devrait soutenir une forte reprise de la demande de crédits en 2025. Entretien croisé avec Jamal El Mellali, directeur et Responsable de la notation des banques en Afrique francophone, et Ramy Habibi Alaoui, directeur associé- Banques Afrique et Moyen-Orient chez Fitch Ratings.

Ramy Habibi Alaoui

Jamal El Mellali

en charge la totalité du besoin en financement. C'est précisément sur ce point que les banques pourront tirer leur épingle du jeu. La crois- sance des crédits au Maroc a été plutôt atone ces dernières années (4,5% en moyenne entre 2019 et septembre 2024), et ces projets vont raviver la dynamique du sec- teur bancaire. Nous pensons que les plus grandes banques du pays sont particulièrement bien position- nées pour répondre à ce besoin de financement, en raison notamment de la taille de leur bilan et de leur expertise en matière de finance- ment de projets. F. N. H. : Dans ce contexte, quels sont les principaux défis auxquels le secteur bancaire marocain devra faire face, notamment en ce qui concerne la mobilisation de capital et le respect des exigences réglementaires croissantes ? J. E. M. : Justement, toutes les

banques ne sont pas logées à la même enseigne; un des défis majeurs pour le secteur bancaire sera de trouver le capital nécessaire à ces finan- cements. En effet, certaines institutions ont des ratios de capital tout juste au-dessus des minima réglementaires, et seront donc limitées dans leur capacité à participer aux finan- cements des projets étatiques et privés. Ceci d'autant plus que la réglementation bancaire au Maroc est de plus en plus exigeante en matière de capital que les banques doivent déte- nir, Bank Al-Maghrib souhai- tant converger vers les normes internationales. Nous voyons cette convergence de manière positive pour la résilience du secteur bancaire et la stabilité du secteur financier marocain de manière générale, mais d’un autre côté cela pourrait tem- pérer la croissance des crédits attendue en 2025/2026.

F. N. H. : Avec une prévi- sion de croissance des prêts de 6% à 7% annuellement, quelles catégories de cré- dits (consommation, inves- tissement, etc.) pourraient bénéficier le plus de cette dynamique ? J. E. M. : Avec la baisse des taux d'intérêt et une croissance économique plus dynamique, nous pensons que la croissance des crédits sera tirée par tous les prin- cipaux segments : crédits aux par- ticuliers, notamment les crédits à la consommation, mais aussi et surtout par les crédits d'investis- sement, compte tenu des grands projets structurants évoqués ci- dessus. Bank Al-Maghrib a réduit son taux directeur de 25 points de base en décembre 2024, le rame- nant à 2,5 %, et nous nous atten- dons à une nouvelle baisse en 2025 compte tenu de la bonne maîtrise de l'inflation, qui est passée sous la barre de 1% en moyenne en 2024. Sur le front des crédits aux parti-

Propos recueillis par Y. Seddik

Finances News Hebdo : Votre rapport anticipe une croissance économique au Maroc supérieure à la moyenne de la région MENA, soutenue par des projets structurants estimés à 100 milliards USD d'ici 2030. Comment le secteur bancaire marocain peut-il tirer parti de ces opportunités de finance- ment pour accompagner cette dynamique économique ? Jamal El Mellali : En effet, nous anticipons une croissance écono- mique au Maroc qui sera supérieure à la moyenne de la région MENA. Cette forte dynamique de crois- sance au Maroc sera soutenue par les grands projets structurants lan- cés par le Royaume, estimés à près de 100 milliards USD d'ici 2030. Le défi pour l'État sera de trouver les financements nécessaires pour mener à bien ces investissements. Il ne pourra pas, à lui seul, prendre

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