FNH N° 1181-1

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 JANVIER 2025

culiers, beaucoup de ménages ont par exemple retardé l’acquisition de leur résidence, dans l’attente d’un enivrement de taux plus favo- rable, et certaines entreprises ont fait de même pour leurs projets d’investissements. Nous assiste- rons donc à un effet de rattrapage en 2025/2026 en ce qui concerne la demande de crédit. F. N. H. : Bank Al-Maghrib prépare le lancement du marché secondaire des créances en souffrance avec un potentiel estimé à 10 mil- liards de dollars. Quel serait l'impact de cette mesure sur les bilans des banques, notamment en termes de libération de capital et de liquidités, et comment cela pourrait-il stimuler la crois- sance du crédit ? Ramy Habibi Alaoui : Nous pensons que la mise à dispo- sition d’un marché secondaire des créances en souffrance pour les banques pourrait changer la donne en termes de qualité d’actifs, de liquidité et de fonds propres. Contrairement à la majeure partie des banques dans les pays émergents, il est difficile pour les banques marocaines de réduire ce stock de créances en souffrance en raison d’un cadre réglementaire strict concernant la radiation de créances. Un mar- ché secondaire des créances en souffrance permettrait ainsi aux banques de sortir ces créances de leurs bilans, de réduire le taux de créances en souffrance et d'améliorer leurs ratios de sol- vabilité grâce à la réduction des actifs pondérés par les risques (RWAs). L’expérience des sec- teurs bancaires d’Europe du Sud, notamment en Espagne, en Italie et en Grèce, montre qu’un recours accru au marché secon- daire des créances en souffrance depuis 2015 s’est traduit par une amélioration notable des indica- teurs de qualité d’actifs. En effet, nous estimons qu’une réduction de 20% du stock de créances en souffrance des six plus grandes banques maro- caines améliorerait le ratio de fonds propres durs (CET1) régle-

de réduire le nombre d’agences, avec 103 agences fermées en 2023. Nous voyons aussi de grandes opportunités en Afrique subsaharienne où la pénétration bancaire reste faible dans certains pays, et où le mobile banking et autres services financiers digitaux pourraient contribuer positive- ment à l'inclusion financière. F. N. H. : Enfin, dans le contexte économique actuel, marqué par une inflation maî- trisée et des perspectives de croissance modérée, com- ment évaluez-vous l'impact de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib sur le secteur bancaire ? Comment anticipez-vous son évolution dans les prochains mois ? R. H. A. : La baisse du taux direc- teur de 25 points de base en juin 2024 s’est traduite par une baisse de 20 points de base du taux débi- teur global au troisième trimestre 2024, et nous nous attendons à ce que les taux débiteurs continuent de baisser suite à la réduction du taux directeur en décembre 2024 de 25 points de base. Nous pensons que les taux débiteurs vont continuer de baisser en 2025, reflétant d’autres baisses du taux directeur de BAM, compte tenu des taux d’intérêts réels positifs (+1,5% à fin novembre 2024) et d'une augmentation de la concur- rence. Des taux plus faibles devraient soutenir la croissance des crédits en 2025. Ce qui impacte également les banques, ce sont les rendements sur les obligations souveraines, qui ont diminué de plus de 75 points de base depuis 2023, sou- tenant les revenus issus des activi- tés de marché des banques. Cette baisse reflète la forte décélération de l’inflation, les baisses des taux directeurs ainsi que la réduction du déficit budgétaire. De notre point de vue, les taux obligataires devraient continuer à baisser en 2025 dans un contexte d’inflation maîtrisée et de besoins de finan- cement de l’État moins impor- tants, avec un ratio de dette/PIB légèrement moins élevé en 2025, soutenant ainsi les revenus des banques en 2025. ◆

 Les experts de Fitch Ratings estiment que le marché secondaire des créances en souffrance, estimé à 10 milliards USD, pourrait libérer les bilans bancaires et stimuler une croissance des crédits de 6 à 7% par an.

mentaires de 185 points de base en moyenne, avec un impact allant de 120 à 320 points de base, ce qui est assez élevé. Ceci exercerait donc un impact positif sur la solvabilité des banques, d’autant plus que nous voyons la capitalisation comme une fai- blesse relative pour la notation intrinsèque des banques maro- caines en raison de ratios CET1 faibles par rapport aux risques. L’amélioration des ratios de solvabilité et de qualité d’actifs devrait aussi soutenir une plus grande appétence pour la crois- sance des crédits, qui pourrait excéder 6 à 7% en 2026, notam- ment si l’environnement des affaires continue de s’améliorer et si l’activité de vente de ces créances en souffrance s’avère élevée. En définitive, un mar- ché secondaire des créances en souffrance serait un 'game changer' pour les banques maro- caines dans un contexte macroé- conomique plus favorable. F. N. H. : Au-delà des contraintes structurelles identifiées par Fitch, quels sont, selon vous, les prin- cipaux défis auxquels le secteur bancaire marocain devra faire face dans les pro- chaines années, notamment en matière de digitalisation, de concurrence et d'inclu- sion financière ? R. H. A. : Nous voyons la concur- rence et l’exposition des banques en Afrique comme les princi- paux défis auxquels les banques

marocaines devront faire face. Nous nous attendons à ce que la concurrence augmente, avec des banques faisant du rebond de la croissance des crédits un élé- ment important de leurs nouveaux plans stratégiques. Une concur- rence plus élevée pourrait impac- ter négativement les marges et les revenus des banques. L’exposition des grandes banques marocaines à l’Afrique reste une source de risques pour les grands groupes bancaires marocains, compte tenu d’un risque pays toujours élevé, bien qu’en diminution, comme en atteste le relèvement de la note de certains pays africains, tels que la Tunisie et l’Égypte. Une dégra- dation du risque pays en Afrique pourrait impacter négativement la performance ainsi que les ratios de solvabilité des banques. Le principal défi pour les banques sera de gérer les différents risques provenant des filiales africaines. Du côté de la digitalisation, une grande partie de la population bancaire marocaine utilise des canaux numériques, ce qui pour- rait impliquer un investissement plus important des banques dans le digital afin d’attirer ou de conserver la clientèle. Cette trans- formation intervient alors que les banques marocaines continuent

Certaines institutions ont des ratios de capital tout juste au-dessus des minima réglementaires, et seront donc limitées dans leur capacité à participer à ces financements.

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