FNH N° 1181-1

POLITIQUE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 JANVIER 2025

ture, avec des droits de douane de 25% sur tous les produits entrant aux USA dès le 1 er février prochain. Deux autres cibles sont dans le viseur du nouvel occupant du Bureau ovale : la Chine et l’Union européenne. « Nous discutons de 10% de droits de douane sur les produits chinois parce qu’ils envoient du fenta- nyl au Mexique et au Canada» , a affirmé Trump. Ces déclara- tions, assorties d’une annonce de taxes dès le 1er février, n’ont pas laissé Pékin de marbre. «Nous avons toujours estimé qu'il n'y a pas de gagnants dans une guerre commerciale ou une guerre des droits de douane» , a rappelé Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, ajoutant que la Chine reste «fermement déterminée» à défendre ses intérêts nationaux. Concernant l’UE, Trump affirme qu’elle «est très mauvaise pour nous. Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait, ils ne prennent pas grand- chose». Résultat ? Des droits de douane imminents, parce que, toujours selon lui, c’est «le seul moyen pour les Etats-Unis d’être traités correctement». Face à un déficit commercial américain avec le Vieux continent qu’il chiffre à 350 milliards de dollars, Trump estime que l’UE profite de l’Amérique tout en agitant l’éten- dard du libre-échange. Ces attaques, loin de surprendre, réactivent de vieilles cicatrices pour l’Union européenne, qui ne reste pas sans voix. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a joué la carte du pragmatisme lors du Forum économique de Davos : «Notre première prio- rité est d'entamer rapidement des discussions sur nos intérêts

communs et d'être prêts à négo- cier. Nous serons pragmatiques, mais nous resterons fermes sur nos principes : la défense de nos intérêts et le respect de nos valeurs». Même son de cloche chez Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’Economie. Lors d’une réunion des ministres des Finances à Bruxelles, il a assuré que l’Europe était «prête à défendre ses intérêts écono- miques» face à ce qui pour- rait bien devenir une nouvelle guerre commerciale. Il a rappelé que cette stratégie protection- niste avait déjà été expérimen- tée sous la première administra- tion Trump, avec des droits de douane imposés sur l’acier et l’aluminium. A l’époque, l’Europe avait répondu par des surtaxes ciblées, visant des icônes améri- caines comme les motos Harley- Davidson et le bourbon. Mais aujourd’hui, au regard d’une économie mondiale déjà sous pression et des incertitudes géopolitiques, «tout conflit com- mercial entraînerait un coût éco- nomique substantiel pour tout le monde, y compris les Etats- Unis» , avertit Dombrovskis. Bref, pour maints observateurs, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche inaugure une nouvelle ère d’instabilité. Ses mesures spectaculaires divisent les opinions, tant aux Etats-Unis qu’à l’international. Si ses parti- sans voient en lui un leader qui redonne à l’Amérique sa fierté, ses adversaires dénoncent une dérive autoritaire. «L’Amérique n’a pas encore vu tout ce dont je suis capable», a déclaré Trump à ses partisans. Une promesse autant qu’une menace, laissant planer le doute sur les véritables intentions de ce président hors normes. A mesure que ses décisions façonnent un nouveau pay- sage mondial, il reste à voir si cette «grandeur retrouvée» sera durable ou si elle laissera des cicatrices profondes sur la démocratie américaine et l’ordre international. Une chose est sûre : avec Trump, le monde ne connaît ni repos ni certitude. ◆

 Pour maints observateurs, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche inaugure une nouvelle ère d’instabilité.

Mais c’est en Amérique latine que Trump choque le plus. La réinscription de Cuba sur la liste noire des pays soutenant le terrorisme et sa promesse de «reprendre le contrôle du canal de Panama» rappellent des accents néocoloniaux. Ces annonces suscitent la colère des pays de la région. «Je me dois de rejeter intégralement les propos tenus par le président Donald Trump; le canal appar- tient et continuera d’apparte- nir au Panama», a déclaré le président panaméen José Raul Mulino, lundi 20 janvier, sur son compte X. Tout autant, le Groenland est une obsession Trumpienne. Déjà, en 2019, il a surpris le monde avec une proposition aussi inattendue que controver- sée : acheter le Groenland, cette

immense île arctique recouverte de glace, sous souveraineté danoise. Une idée qui a déclen- ché une avalanche de réactions, allant du rire à la consternation. Aujourd’hui, il semble déter- miné à ressusciter ce projet, confiant que le Danemark finirait par céder sur la question. «Le Groenland est un endroit mer- veilleux, nous en avons besoin pour la sécurité internationale. Je suis sûr que le Danemark va se faire à l'idée » de le céder aux Etats-Unis, a-t-il affirmé. Sur le plan économique, la vision de Trump repose sur un pro- tectionnisme affiché. Il prône le «Made in America» et menace d’imposer des droits de douane généralisés pour rééquilibrer les déficits commerciaux. Le Canada et le Mexique ont d’ores et déjà fait les frais de cette pos-

Dès son premier jour au pouvoir, Donald Trump a imposé sa marque : cinquante décrets signés en une rafale, marquant une rupture brutale avec les politiques de son prédécesseur, Joe Biden.

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