FNH N° 1181-1

DEVELOPPEMENT DURABLE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 JANVIER 2025

trique uniquement serait de l’ordre de 35 milliards de dollars (MM$), soit une moyenne annuelle de 1,4 MM$/an sur 25 ans. Pour abou- tir en fin de compte à une offre renouvelable du Maroc ouverte aux investisseurs marocains et étrangers, à l’image de l’excellente offre hydrogène du Maroc. F. N. H. : Le rapport de la Cour des comptes revient sur les retards relatifs aux installations renouvelables. Que pensez-vous de la situa- tion actuelle de la montée en puissance des renou- velables, et quels sont les moyens d’y parvenir ? S. G. : L’évaluation de la montée en puissance des renouvelables ne peut pas se faire de manière ponctuelle en 2025. Le retard a été pris depuis 2009, avec une moyenne de réalisation de 200 MW/an, alors que pour viser les objectifs de 2050, il fallait partir depuis le plan de transition énergé- tique instauré par Sa Majesté le Roi à une cadence de 500 à 600 MW/ an. En 2024, nous arrivons avec 200 MW/an, ce qui veut dire qu’il faut impérativement augmenter la cadence des installations pour rattraper le retard du passé. Côté bonne nouvelle, la ministre de la Transition énergétique va procéder à une correction très courageuse pouvant atteindre plus de 1.000 MW par an, qui vise une puissance cumulée de 7.500 MW, et qui doit continuer d’après les simulations jusqu’en 2050. Nous n’avons pas d’autres choix. A ce rythme, nous devons atteindre 50% de notre électricité renou- velable en 2050. Il faut impérati- vement mettre tous les moyens pour corriger notre trajectoire de la transition électrique. C’est comme des traites impayées d’un crédit bancaire durant des années. Une fois restructurée, la traite sera net- tement plus importante que par le passé. C’est exactement ce qui s’est passé avec les renouvelables. Vient ensuite l’autre moitié de notre mix électrique, formée de renou- velables / bas carbone, pour faire face à l’intermittence des renouve- lables, et qu’il faut commencer à développer. Il s’agit très particuliè-

 L’AIE estime que 69% de l’énergie consommée dans le monde sont perdus.

renouvelables par la suite. Pour l’instant, nous ne disposons que de 20 à 25 sociétés d’audit éner- gétique; nous devons arriver à un volume optimal à déterminer. Il faut bien noter que ces petites entreprises n’ont pas les capa- cités financières pour faire du tiers investisseur, et supporter les risques afférents. Mais notre sec- teur bancaire a bien élaboré plu- sieurs lignes de financement de l’économie verte. Ce qui est attendu de ces nou- velles sociétés de gestion de l’énergie, c’est l’accompagne- ment des entreprises et bâtiments publics sur une longue durée, qui va du diagnostic jusqu’au montage du dossier de prêt, tout en faisant appel aux techniques de surveil- lance les plus pointues. Selon l’AIE, 69% de l’énergie consommée dans le monde sont perdus, ce qui est confirmé par le GIEC dans son rap- port de 2022. 40 à 70% des gaz à effet de serre peuvent être réduits grâce à la sobriété énergétique. Ce n’est pas un hasard si l’efficacité énergétique a été désignée prio- ritaire par Sa Majesté le Roi. Les investissements dans les renouve- lables peuvent être largement bais- sés si une entreprise, ou même un Etat, arrive à baisser ses consom- mations grâce à la sobriété et à l’efficacité énergétique. Je reste confiant quant à la bonne volonté de tous les opérateurs du secteur de la transition énergétique pour redresser une situation qui trouve ses racines dans le passé. ◆

grands développeurs hydrogène. Au final, nous souhaitons une offre renouvelable cadrée du Maroc, aux côtés de son offre hydrogène. F. N. H. : Le rapport de la Cour des comptes rappelle que l’objectif assigné à l’effi- cacité énergétique était de 20% en 2030, tout en étant prioritaire par rapport aux énergies renouvelables, avec l’absence d’un dispositif d’incitation capable de faire adhérer les secteurs éner- givores. Pourquoi ce retard en matière d’efficacité éner- gétique, et quels sont les moyens d’y remédier ? S. G. : Il y a deux grands dévelop- pements que nous devons impé- rativement réaliser d’ici à 2030. Le premier concerne la formation d’Energy manager 4.0 qui peuvent être recrutés par des entreprises et réaliser plusieurs multiples de leurs salaires comme gains éner- gétiques. Le second concerne la création de nouvelles sociétés de services énergétiques 4.0, qui doivent s’occuper non seulement de l’efficacité et sobriété énergé- tique, mais également des renou- velables, dans le respect de notre plan de transition énergétique : efficacité énergétique prioritaire et

Prévision du mix électrique du Maroc à 2050 107 TWh - 31 GW - Coût 35 MM$. Investissement moyen 1.4 MM$/an

0,5%

10%

25%

50%

10%

5%

EnR Grands projets

EnR autoproduction

Hydrogène

Nucleaire

Biomasse

Hydraulique

rement de la production électrique nucléaire, hydrogène, biomasse, cités dans le rapport du Conseil de la concurrence, et une partie de l’autoproduction. Pour l’hydrau- lique, nous ne pouvons malheureu- sement pas trop y compter : avec la sécheresse, nous avons perdu 1.300 MW d’électricité renouve- lable de base. Je milite pour que le Maroc soit indemnisé à partir du Fonds d’in- demnisation des dégâts clima- tiques qui vient d’être instauré à la COP28; nos pertes remontent au début des années 80. Je reste très jaloux de l’approche des Chiliens en matière de renouvelables et hydrogène. Ils ont identifié leurs besoins à long terme, avec défini- tion de projets précis, et ils arrivent à promouvoir ces projets partout dans le monde. Nous devons faire pareil, nous qui avons un meilleur potentiel renouvelable. Nous ver- rons sûrement d’excellents par- tenariats public-privé (PPP) entre Masen et des grands développeurs renouvelables, aux côtés des

L’objectif de 52% du mix électrique en 2030 n’est qu’un objectif partiel, le véritable objectif est relatif à 2050.

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