FNH N° 1015

JEUDI 18 MARS 2021 / FINANCES NEWS HEBDO

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SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT DURABLE

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Cette rareté, conjuguée à l’accroissement de la demande en eau, engendre un déficit en eau conventionnelle dans certains bassins et s’étendrait petit à petit à la majorité des bassins du pays, à l’exception des bassins du Nord-Ouest. Dans ce contexte, le programme national d’approvisionnement en eau potable et l’irri- gation 2020-2027 (PNAEPI 20-27) a été établi dans un cadre concerté, et la convention cadre pour sa mise en œuvre a été signée devant Sa Majesté le 13 janvier 2020. Ce programme, d’un coût de 115,4 milliards de dirhams, vise l’accélération des investisse- ments dans le secteur de l’eau pour la sécuri- sation de l’approvisionnement en eau potable et la consolidation des acquis de l’agriculture irriguée. Ainsi, ce programme prévoit, en plus des actions de mobilisation des eaux conventionnelles et de rationalisation de l’uti- lisation de l’eau, le recours aux eaux non conventionnelles, notamment le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées, qui deviennent de réelles alternatives. Le dessalement de mer, qui constitue une option de plus en plus compétitive avec l’évolution de la technologie, gagne ainsi du terrain. Les unités de dessalement de l’eau de mer sont aujourd’hui projetées dans des zones où cette solution n’était pas envisa- geable auparavant. A plus long terme, le projet de PNE prévoit un développement plus important des eaux non conventionnelles à travers la réutilisation de près de 340 Mm 3 (millions de m 3 ) d’eau usée épurée et le dessalement de près d’un milliard de m 3 d’eau par an à l’horizon 2050, qui sera mise en place graduellement en fonction de l’évolution de la demande en eau et l’intensité des effets du changement climatique. F.N.H. : Où en est le Maroc en termes de capacité de traitement des eaux usées pour satisfaire par exemple les besoins en termes d’arrosage d’espaces verts et d’irrigation pour l’agriculture ? A. A. : Il y a lieu d’abord de préciser que le Maroc a déployé des efforts importants pour rattraper le retard accumulé par le passé dans le secteur de l’assainissement, à travers le lancement en 2006 du Plan natio- nal d’assainissement liquide (PNA). Grâce à ce plan, le Maroc dispose aujourd’hui d’une importante infrastructure d’épuration des eaux usées composée de 153 stations d’épuration des eaux usées urbaine. Tout récemment, et dans la perspective de promouvoir la réutilisation des eaux usées épurées, un nouveau programme, baptisé «Programme national d’assainissement

Le Maroc dispose

aujourd’hui de 153 sta- tions d’épu- ration des eaux usées urbaines.

mutualisé (PNAM)», a été mis en place et étendu à l’assainissement rural et la réutilisa- tion des eaux usées. A ce jour, 46 projets de réutilisation des eaux usées ont été réalisés ou en cours de réalisation à l’échelle natio- nale pour différents usages (espaces verts et golfs). Le volume d’eau usée épurée mobilisé pour la réutilisation fin 2020 est de l’ordre de 71 Mm 3 , dont près de 51% pour l’arrosage des golfs et des espaces verts et 17% en industrie (OCP). A l’achèvement de la mise en œuvre des projets en cours de réalisation, le volume d’eau usée épurée mobilisé atteindra les 100 Mm 3 /an en 2021. Dans cette même perspective et à plus court terme, le PNAEPI 20-27 a fixé comme objectif l’irrigation des 22 golfs existants à partir des eaux usées épurées d’ici 2027. F.N.H. : Vous avez annoncé que le Maroc allait construire la plus grande station de dessalement d’eau de mer en Afrique, notamment à Casablanca. Pourquoi le choix de la technique du dessalement et quels sont les derniers développements au sujet de ce projet structurant ? A. A. : Le pôle du Grand Casablanca, avec une population de près de 5 millions d’habi- tants en 2020, qui atteindrait environ 7,5 mil- lions d’habitants en 2050, concentre la part la plus importante de l’activité socioécono- mique du pays. De ce fait, la sécurisation de l’approvisionnement en eau de ce pôle à tra- vers la diversification des sources d’appro- visionnement en eau potable moyennant la mise en place d’une station de dessalement de l’eau de mer, est un des projets phares prévus par le PNAEPI 20-27. En effet, comme cité auparavant, le des- salement de l’eau de mer constitue une alternative de plus en plus compétitive, voire incontournable à moyen et long termes dans une grande partie des bassins du pays. L’évolution incessante des technologies et

l’élargissement du marché, entraîne une dimi- nution progressive des coûts d’investisse- ment et d’exploitation du dessalement de l’eau de mer. Dans ce sens, le projet de dessalement de l’eau de mer du Grand Casablanca, avec une capacité de 300 Mm 3 /an à terme, est en cours d’étude dans un cadre concerté avec les différentes parties prenantes. Cette sta- tion, qui serait l’une des plus grandes stations d’Afrique, a pour objectif la sécurisation de l’AEP du Grand Casablanca et des villes et centres avoisinants, et également le soulage- ment de la pression sur les ressources en eau du bassin d’Oum Er Rbia, ce qui permettra de réduire le déficit en eau d’irrigation enregis- trés dans les périmètres de Doukkala. F.N.H. : La réalisation de la future sta- tion de dessalement de Casablanca nécessitera un effort d’investisse- ment conséquent. Selon vous, quel serait le montage financier adéquat pour la concrétisation de ce projet ? A. A. : Le financement des actions prévues par le PNAEPI 20-27 intègre les possibilités de partenariat entre le secteur privé et l’Etat pour la réalisation de certains projets, et il a été décidé que le projet de dessalement de l’eau de mer de la région de Casablanca soit réalisée en PPP. Ce projet coûterait, selon les premiers résul- tats des études du projet en cours de réa- lisation, près de 9,45 milliards de DH, et le partenariat avec le privé permettra d’apporter ou de faciliter la mobilisation des finance- ments nécessaires à la réalisation du projet et de bénéficier des avancées technologiques dans le domaine. Les études en cours per- mettront la définition et le choix du montage financier optimal pour sa mise en place. Nous veillerons à inciter le privé national à parti- ciper à certains investissements de grande envergure afin d’implanter ces technologies d’avenir dans notre pays. ◆

A ce jour, 46 projets de réutilisation des eaux usées ont été réalisés ou en cours de réalisation à l’échelle nationale pour diffé- rents usages.

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