BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 29 AOÛT 2025
Portrait-robot de l’emprunteur marocain Qui s’endette, combien et à quel coût ? Le rapport sur la stabilité financière 2024 dresse un portrait détaillé de l’emprunteur marocain à travers une analyse de près de 440.000 dossiers de crédit. Au-delà des profils socioprofes- sionnels, cette radiographie interroge surtout le coût de l’endettement, à la fois en proportion du revenu disponible et en termes de pression financière sur certaines catégories de ménages. Par Y. Seddik
fortement endettés, avec un taux moyen de 62% dans cette popula- tion, contre 59% pour les retraités, 58% pour les professions libérales, et 55% pour les salariés. Les ménages à faibles revenus (moins de 4.000 dirhams) atteignent un taux d’endettement moyen de 63% lorsqu’ils dépassent le seuil de 40%, contre 57% à 59% pour les autres tranches de revenus. Cela signifie que ces ménages remboursent en moyenne les deux tiers de leur revenu chaque mois, un coût particulièrement lourd, voire insoutenable en cas de hausse des taux ou de baisse du revenu. En termes d’âge, les plus de 50 ans sont les plus contraints, avec un endettement moyen de 61%, tan- dis que les moins de 30 ans, moins nombreux à emprunter, limitent leur charge à 55% en moyenne. Le coût de l’endettement pour les ménages marocains ne se mesure pas uniquement en pourcentage, mais aussi en capacité résiduelle : que reste-t-il une fois les mensua- lités payées ? Pour une part crois- sante d'emprunteurs, notamment les classes moyennes inférieures, les fonctionnaires et les retraités, la marge de manœuvre budgétaire se réduit dangereusement. À noter que malgré la baisse du taux moyen global, 41% des mon- tants empruntés en 2024 l’ont été par des ménages dépassant le seuil de 40 %, ce qui concentre les risques de défaut sur un segment restreint mais exposé. Le profil type de l’emprunteur marocain en 2024 est celui d’un fonctionnaire ou salarié âgé de 30 à 40 ans, disposant d’un reve- nu supérieur à 10.000 dirhams, et affichant un taux d’endettement de l’ordre de 31 à 34%. Pour ce groupe, le coût de l’endettement reste contenu. En revanche, pour près d’un tiers des emprunteurs, le coût est lourd voire alarmant : jusqu’à 70% du revenu absorbé par le service de la dette. Ce niveau d’exposition rappelle l’importance d’un enca- drement rigoureux du crédit à la consommation et d’une meilleure éducation financière pour éviter l’aggravation des situations de surendettement. ◆
En 2024, l’endet- tement des ménages
marocains reste élevé et met par- ticulièrement en
difficulté les foyers aux revenus les plus modestes.
E
n 2024, le taux d’endettement moyen des particuliers marocains s’est éta- bli à 34%, en léger recul par rapport aux 35% enregistrés en 2023, mais toujours au-dessus de la moyenne historique de 31%. Concrètement, cela signifie qu’en moyenne, un tiers du revenu mensuel net des emprun- teurs est absorbé par le rembourse- ment de crédits. Si cette moyenne semble raisonnable à première vue, elle masque toutefois une hétéro- généité importante, notamment en fonction des niveaux de revenu, des âges et des professions. C’est là que se révèle le véritable «coût» de l’endettement : plus le revenu est faible, plus la contrainte de rem- boursement est lourde.
Ainsi, les ménages percevant moins de 4.000 dirhams par mois sup- portent un taux d’endettement moyen de 35%, ceux situés entre 4.000 et 6.000 dirhams atteignent 37%, tandis que les revenus inter- médiaires, entre 6.000 et 10.000 dirhams, reviennent à 35%. En revanche, les foyers disposant de plus de 10.000 dirhams réussissent à contenir leur taux à 31%, confir- mant que les ménages modestes s’endettent proportionnellement à un coût plus élevé, ce qui réduit leur marge de manœuvre pour faire face aux imprévus ou constituer une épargne. Le rapport souligne également la fragilité d’une partie non négligeable des emprunteurs dont la charge de dette dépasse 40% des reve- nus. En 2024, ils représentent 32% des dossiers, un chiffre certes en légère baisse par rapport à 2023
(35%), mais toujours bien supé- rieur à la moyenne observée entre 2015 et 2022 (27%). Ces ménages consacrent donc près de la moitié, voire davantage, de leur revenu net au remboursement de crédits, les plaçant dans une zone de vulné- rabilité financière. Parmi eux, une majorité relative, soit 38%, affiche un endettement compris entre 40 et 50% du revenu. Un quart se situe entre 50 et 60%, tandis que 15% supportent une charge allant de 60 à 70%. Plus inquiétant encore, près d’un quart dépasse le seuil de 70%, un niveau considéré comme critique et révélateur d’un surendettement sévère. Fonctionnaires, seniors et faibles revenus : les plus expo- sés Les fonctionnaires sont les plus représentés parmi les emprunteurs
Les ménages percevant moins de 4.000 dirhams par mois supportent un taux d’en- dettement moyen de 35%.
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