ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 29 AOÛT 2025
nieur agronome et consultant agricole. Au niveau des filières d’élevage, la situation est plus compliquée. L’aviculture a vécu des moments difficiles et plusieurs exploita- tions non équipées de moyens de rafraîchissement ont accusé de grosses pertes, engendrant une baisse de l’offre du poulet de chair et des œufs et une hausse des prix. De leur côté, les viandes rouges ont maintenu des niveaux de prix soutenus contrairement aux prévisions qui tablaient sur une diminution suite à l’annulation du sacrifice pour l’Aid al-Adha. Toutes les filières du secteur ont connu des perturbations pour l’abreuvage du bétail car plu- sieurs d’entre elles s’approvision- nement en eaux souterraines qui ont fortement baissé à cause de la canicule. Pour protéger la nappe phréatique, les autorités ont ren- forcé les restrictions sur le forage des puits. Du coup, des éleveurs ne trouvent pas assez d’eau pour abreuver leurs troupeaux. ◆
A cause de la baisse de la nappe phréatique, certains éleveurs ont trouvé des difficultés pour l’abreuvage de leur bétail.
Campagne agricole La canicule fauche les rendements et pèse sur l'export
L L’effet de la chaleur a eu un impact différent selon les régions et les filières. Conséquence de cette canicule, le marché local des fruits et légumes a connu quelques perturbations. Par C. Jaidani
Remplissage des barrages à plus de 34%
e Maroc a connu ces derniers temps une vague de chaleur exceptionnelle. Le thermomètre a dépassé dans certaines régions la moyenne nationale, enregistrant parfois des records. Cette hausse de la température n’a pas manqué d’avoir des effets néfastes sur les cultures, accentuant le stress hydrique que subit le Royaume depuis six ans. Pour les céréales, la saison des moissons est pratiquement ter- minée dans toutes les régions du Royaume. Et selon les données préliminaires du département de l’Agriculture, les récoltes ont atteint un niveau assez moyen, comparativement à la moyenne nationale. Elles totalisent 44 mil- lions de quintaux, soit une crois- sance de 4,1% par rapport à la précédente saison. Pour les autres filières, les effets sont par- tagés, car de nombreuses condi- tions entrent en jeu dont notam- ment la présence de l’exploitation
dans un périmètre irrigué ou bour, le type de culture etc. Certaines cultures sont plus résistantes à la sécheresse que d’autres. Par exemple, l’arbori- culture a mieux résisté à la cha- leur comparée aux primeurs. Des producteurs de tomates ont été contraints d’abandonner leur champ car les produits ont atteint une maturité prématurée. Cela a engendré des difficultés pour les récoltes et leur commercialisation. Mohamed Joubel, secrétaire général des commerçants et négociants de fruits et légumes au marché de gros de Casablanca, confirme cet état. Il a affirmé que «la hausse de la température a perturbé la chaîne de valeur agri- cole. Des exploitants ont procédé à des récoltes précoces afin de sauver la saison et pour que les produits ne soient pas détério- rés par la chaleur. Cela a généré une offre abondante pour certains produits. La pastèque a vu son
prix passer de 6 DH/ kilo à 2,5 DH /Kilo actuellement. De leur côté, les exportateurs veulent absolu- ment sauver leur campagne en honorant leurs engagements envers leurs clients étrangers. Pour cela, ils ont constitué des stocks mais pour les conserver dans de bonnes conditions, cela a nécessité des frais supplémen- taires notamment d’entrepose dans des sites frigorifiques. Aussi, pour assurer la quantité néces- saire, ils ont sacrifié le marché local au profit de l’export. C’est ce qui explique la hausse générali- sée des prix particulièrement pour les légumes les plus consommés comme les pommes de terre, les oignons et les tomates». «L’agrumiculture et l’oléiculture, deux filières phares de l’agricul- ture nationale, présentent, quant à elles, des signes favorables. Une bonne récolte s’annonce pour les deux activités», indique Abdelmounaim Guennouni, ingé-
Les réserves en eau des barrages sont les plus tou- chées par cette canicule. La pression sur les ressources hydriques pour les besoins domestiques et pour l’irri- gation, ainsi que l’évapora- tion ont mis les ressources hydriques à rude épreuve. Au 25 août 2025, le stock en eau culminait à 5,73 mil- liards de m 3 , soit un taux de remplissage de 34,1%, qua- siment le même de la même période de l’année dernière. Ces réserves ne donnent pas assez de visibilité pour les besoins de l’agriculture au cours des mois à venir. Les conditions climatiques au cours de l’automne pro- chain seront déterminantes pour le reste de l’année et le déroulé de la campagne 2025/2026.
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