DEVELOPPEMENT DURABLE 32
FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 29 AOÛT 2025
Entre avancées notables et retards préoccupants Par Désy M. L Transition énergétique Malgré des avancées indéniables en matière d’énergies renouvelables, le Maroc accuse un retard inquiétant dans la mise en œuvre effective de sa stratégie nationale de transition énergétique. Experts et parlementaires tirent la sonnette d’alarme, appelant à une accélération urgente pour préserver le leadership climatique du Royaume et alléger sa dépendance énergétique.
distingué par des projets phares tels que le complexe solaire Noor à Ouarzazate ou encore les champs éoliens de Tarfaya. Cependant, l’élan semble s’essouffler. Ksiri évoque « des indicateurs et des alertes qui nous avertissent d’un retard qui est en train de se creuser, comme ce fut le cas pour le secteur de l’eau» . Le classe- ment du Maroc à la 70 ème place mondiale (sur 118 pays) en matière de transition énergé- tique, et au 10e rang parmi les pays africains en matière d’industrie verte, illustre cette perte de vitesse. Le pays vise une part de 52% d’énergies renouvelables dans son mix électrique d’ici 2030. Sur ce point, Ksiri se veut opti- miste : «Le Royaume avance très bien dans cet objectif, qu’il pourrait même atteindre dès 2027» . Les progrès tech- nologiques dans le solaire et l’éolien ont permis de réduire considérablement les coûts, au point que le kilowattheure éolien est désormais moins cher que celui produit à base de charbon ou de pétrole. Mais derrière ces succès
e Maroc s’est imposé, ces dernières années, comme un modèle de leadership clima- tique sur le continent africain. Mais un recentrage critique sur le bilan de sa stratégie natio- nale de transition énergétique s’impose. À l’occasion d’une journée d’études organisée au Parlement, en partenariat avec l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable, les parlementaires de la majorité ont ouvert un débat sur l’urgence d’accélérer la mise en œuvre des ambitions climatiques du Royaume. Le coordinateur adjoint de cette
alliance, Abderrahim Ksiri, a livré une analyse de l’état d’avancement de cette stra- tégie. Depuis le lancement de la stra- tégie énergétique nationale en 2009 sous l’impulsion royale, le Maroc a su tracer sa voie vers un avenir plus sobre en carbone. «Grâce à la vision de Sa Majesté, le Maroc a été parmi les premiers pays leaders dans le domaine des énergies renouvelables et dans la lutte contre le chan- gement climatique» , rappelle Abderrahim Ksiri. Durant près de 15 ans, le Royaume s’est
apparents, le constat est plus nuancé. La stratégie natio- nale bas carbone (SNBC), fruit d’un large processus partici- patif ayant mobilisé plus de 350 experts, a été finalisée en 2021 et présentée à la COP28. Pourtant, elle n’est toujours pas publiée officiellement ni soumise à la Convention- cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). «C’est un para- doxe inquiétant : le Maroc, reconnu par l’ONU et l’OCDE pour sa vision, tarde à forma- liser ses engagements, alors que 76 pays, parfois en guerre comme le Liban, l’ont déjà fait», s’indigne Ksiri. Des lois sur papier, des blocages sur le terrain Le retard marocain s’explique aussi par un écart persistant entre le cadre réglementaire et sa mise en œuvre. «Le cadre
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