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BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 29 AOÛT 2025

Marché financier Un maillage solide malgré les vents contraires À la lecture du dernier Rapport sur la stabilité financière publié conjointement par Bank Al-Maghrib, l’AMMC et l’ACAPS, une idée centrale se dégage : malgré des chocs climatiques persistants et un environnement international toujours instable, le Maroc a consolidé ses équilibres financiers et renforcé la résilience de son système bancaire et assurantiel. Tour d’horizon. Par A. Hlimi

2023. Les recettes fiscales et non fiscales se sont raffermies, aidées par des mécanismes innovants qui ont mobilisé près de 35 milliards de dirhams, et la charge de compensation a dimi- nué. La dette du Trésor a suivi la même tendance, à 67,7% du PIB, contre 68,7% un an plus tôt. La trajectoire reste encou- rageante. Les projections annoncent une stabilisation en 2025 (67% du PIB), puis une baisse à 65,6% en 2026. Le FMI, lors de sa revue d’avril 2025, a d’ailleurs jugé cette trajectoire soutenable, estimant que le Maroc conserve des marges de manœuvre, même si l’équilibre demeure fragile.

Banques : robustesse confirmée

Le secteur bancaire continue d’être la colonne vertébrale du système financier. En 2024, il a dégagé 15,7 milliards de dirhams de bénéfices nets (base sociale), soit un rendement des actifs de 0,9% et un rendement des fonds propres de 9,5%. Les ratios pru- dentiels confirment cette solidité. La solvabilité globale s’est éta- blie à 16,2%, pour un minimum réglementaire fixé à 12%. Les fonds propres de base atteignent 13,5%, tandis que le ratio de liqui- dité à court terme (LCR) a clôturé l’année à 182%, très au-dessus du seuil requis de 100%. En clair, même en cas de choc sévère, les stress tests menés par Bank Al-Maghrib confirment que les banques marocaines pourraient encaisser l’impact tout en res- tant conformes aux normes de Bâle. Seule ombre au tableau : le crédit non financier reste poussif (+2,6% en 2024, contre +2,9% en 2023). Les banques affichent donc des bilans solides, mais la transmission vers l’économie réelle demeure limitée. Les ménages marocains conso- lident leur épargne. Leur patri- moine financier a franchi le cap des 1.100 milliards de dirhams, majoritairement constitué de dépôts bancaires, mais aussi renforcé par l’assurance-vie et les placements en valeurs mobi- lières.

 Le patrimoine financier des ménages marocains a franchi le cap des 1.100 milliards de dirhams, majoritai- rement constitué de dépôts bancaires.

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n 2024, le Maroc a affiché une croissance de 3,8%, légère- ment supérieure à celle de 2023 (3,7%). Le mérite revient au PIB non agricole, en hausse de 4,8%, pendant que l’agricul- ture, frappée par la rareté des pluies, reculait de 4,8%. Une fois de plus, l’économie a prouvé sa capacité de résistance à un choc climatique récurrent et les prévisions se veulent optimistes: 4,6% en 2025, puis un léger repli à 4,4% en 2026. En toile de fond, une inflation retombée à 0,9% en 2024, appelée à se stabiliser autour de 1% en 2025 avant de remonter légèrement (1,8% en 2026). Après l’épisode infla- tionniste de 2022-2023, c’est un retour au calme bienvenu. Cela dit, le commerce extérieur

reste le talon d’Achille. En 2024, le déficit commercial s’est éta- bli à -305 milliards de dirhams, soit 19,1% du PIB. Les impor- tations de biens d’équipement et de consommation ont flambé (+6,4%), malgré un repli de la facture énergétique (-6,7%). Les exportations (+6%) ont certes résisté, portées par l’automo- bile et les phosphates, mais pas assez pour compenser. Face à cette fragilité, trois amor- tisseurs continuent de jouer plei- nement leur rôle. Les recettes de voyage ont progressé pour atteindre 112,5 milliards de dirhams, confirmant la vitalité du tourisme. Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont battu un nouveau record à 119 milliards. Enfin, les

investissements directs étran- gers ont enregistré une progres- sion à 43,8 milliards de dirhams, soit 2,7% du PIB. Ces soutiens extérieurs ont permis de conte- nir le déficit du compte courant à 1,2% du PIB, un niveau jugé confortable par les standards internationaux. Les réserves de change, elles, se sont établies à 375,5 milliards de dirhams, représentant l’équivalent de 5 mois et 9 jours d’importations, avec une amélioration attendue en 2025 et 2026. Depuis, ces réserves se sont nettement amé- liorées pour s’installer à plus de 400 milliards de dirhams à la mi- août. Du jamais vu. Côté finances publiques, le défi- cit budgétaire a reculé à 3,9% du PIB en 2024, après 4,4% en

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