Marie-Pier Marion s’envoie en l’air ŏđŏ
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vie de cette jeune femme. Sortant son téléphone de sa poche, elle appelle une école de pilotage, à Ottawa. «La personne de l’autre côté du fil était tel- lement gentille et à l’écoute. Elle m’a dit de venir m’assoir dans l’avion pour voir si c’était vraiment pour moi», explique-t-elle. Elle s’y rend et prend place à bord du petit avion. Le pilote et propriétaire de l’école, Larry Loreto, démarre les moteurs et tous deux s’envolent dans le bleu du ciel. À sa grande surprise, le pilote lui donne les contrôles de l’appareil pour quelques minutes. «Après ce vol, je savais que j’aimais ça», confie Marie- Pier. À partir de ce moment, chaque jour pendant deux mois, de 6h à 17h, la nou- velle élève étudie avec sérieux et passion et effectue quatre vols par jour pour enfin obtenir, en 2008 et après 45 heures de vol, son sésame, soit sa licence de pilote privé. «J’étais hyper contente. J’ai sauté en l’air. Ça fait tellement du bien d’être appréciée
et sa femme voient en Marie-Pier un poten- tiel inouï. Ils lui proposent un travail, soit ce- lui de piloter un avion pour un client privé. Ni une ni deux, elle saute sur l’occasion et accepte sans hésiter. Le client, un riche homme d’affaires d’Ottawa, utilise les services de Marie-Pier pour se faire amener, lui et des membres de sa famille, un peu partout au Canada et aux États-Unis. «Je travaille pour lui depuis quelques années maintenant et rien n’est compliqué avec lui. Il est humain, a un grand cœur et est tellement sympathique», raconte-t-elle. Un jour, elle a été appelée à transporter jusqu’à New York un homme malade du cancer, une lointaine connais- sance de son client. «Mon client lui a ou- vert son cœur en lui offrant son avion qui l’amènerait dans un hôpital de New York où il devait recevoir des traitements, relate la jeune pilote. Pendant trois mois, Larry et moi avons fait le voyage avec lui et pour lui. C’était beau et triste à la fois.»
ANNIE LAFORTUNE annie.lafortune@eap.on.ca
VARS l Elle a 27 ans, ne mesure pas plus d’un mètre 60, travaille dans l’entreprise familiale depuis plusieurs années, vient de se marier et elle s’envoie en l’air. Bien- venue dans le merveilleux monde de Ma- rie-Pier Marion, pilote d’avion privé. Elle a la tête dans les nuages mais bien encrée sur les épaules. C’est qu’il faut être alerte pour manœuvrer ces appareils vo- lants. Marie-Pier Marion n’y est cependant pas arrivée en claquant des doigts. Après un échec dans ses études pour devenir para- médicale à la Cité collégiale d’Ottawa, on lui suggère de consulter un orienteur auquel elle confie son désir de piloter. Ce à quoi il lui répond qu’elle ne sera jamais capable d’y arriver considérant ses faibles notes. Il ne fallait pas en dire plus. C’était le mot magique qui allait modifier à tout jamais la
De mai 2012 à septembre de la même année, Marie-Pier signe un contrat de cinq mois chez Discovery Air Fire Services, orga- nisme agréé par Transports Canada, puis part à la recherche de feux de forêt déclen- chés de manière naturelle par les éclairs et la foudre en survolant le nord de l’Onta- rio, une région vaste et sauvage. Pendant son mandat, Marie-Pier Marion trouve une quarantaine de feux actifs. «Une journée, raconte-t-elle, j’ai vu sept feux allumés par des éclairs. C’était incroyable!» Mais elle n’en reste pas là. Elle en veut encore plus. Celle qui avoue adorer voler la nuit parce que le calme règne (la cha- leur du soleil fait bouger l’air le jour ce qui cause de la turbulence) a un autre objectif en tête : piloter des cargos. «On verra ce que la vie m’envoie. Je ne bloque rien, la vie est si courte. Il faut faire ce que l’on aime et prendre les risques qu’il faut pour arriver à son but», dit-elle, déterminée et souriante. Parions que rien n’arrêtera cette ‘’femme volante’’ pour qui le ciel n’est certes pas une limite. Marie-Pier Marion, qui a plusieurs mil- liers d’heures à son carnet de bord, sou- rit à la vie et à tout ce qu’elle a réussi. “Il faut aller au bout de ses rêves et ne pas écouter les autres qui tentent de nous décourager.”
et reconnue pour ce que je suis et je fais», lance-t-elle tout sourire. Pendant ce temps, elle continue son travail au garage Marion, de Vars, qui appartient à ses parents. Mais pour Marie-Pier, son permis de pilote privé n’est pas assez. Elle en veut plus. En 2009, elle s’inscrit à des cours pour obtenir son permis commercial qui exige 250 heures de vol. Un an plus tard, entre ses cours d’aviation, ses vols et son travail à l’entreprise familiale, elle obtient son per- mis. Comme ce n’est pas assez, elle étudie en même temps pour voler à bord d’un avi- on à deux moteurs et, en parallèle, d’autres cours multi IFR (vols avec instruments). Le propriétaire de l’école de pilotage – ancien militaire et ancien pilote chez Air Canada –,
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