JEUDI 25 AVRIL 2024 20 FOCUS ASSURANCE
FINANCES NEWS HEBDO
«La Mamda a remboursé plus de 3 milliards de DH aux agriculteurs depuis 5 ans» Multirisque climatique
tout le processus : au niveau financier, mais pas que, puisqu’il intervient dans la définition du produit, du prix, de l’expertise…. L'État fait également montre d'une agilité certaine pour faire évoluer le produit. Depuis 2011, nous sommes à la cinquième version du pro- duit. Cette agilité est très importante pour ce genre de programmes. Dernier facteur, et là, je vais prêcher pour ma paroisse !, c'est l'opérateur et tout le travail fait par la MAMDA, en s’appuyant sur une expertise et une expérience de plus de 60 ans mise à contribution dans ce grand projet de partenariat public-privé. Pour ce qui est des chiffres de ce suc- cès, depuis la transformation du programme en un contrat d’assurance en 2011, nous avons observé un saut spectaculaire dans les superficies assurées, qui sont passées d'une moyenne d’environ 68.000 hectares avant 2011 à 1,2 million d'hectares assurés à fin 2023. Par ailleurs, durant les onze dernières années, pas moins de 4,5 milliards de dirhams d'indemnisation ont été effectués, avec une accélération ces dernières années, puisque le total des indemnisations des 5 dernières années est de plus de 3 milliards de dirhams. Le succès peut être mesuré également par la qualité de service. Parce que, au-delà des chiffres, je pense que l'opérateur a mis en place tous les moyens humains, financiers, techniques et technologiques pour upgrader sa qualité de service. Un effort particulier a été mis sur l’innovation et la digitalisation. Ainsi, la MAMDA est devenue en quelques années l’un des premiers consommateurs d'imagerie satellitaire au Maroc, mais égale- ment des indices et des paramètres agricoles comme le NDVI (indice de végétation) ou des systèmes d’information géographiques, ou encore des drones lors des phases d'exper- tise. Tout cela pour mieux anticiper, mieux évaluer et mieux servir le client. F.N.H. : L'agriculteur rentre-t-il dans ses frais grâce à cela ? M. O. : Le bilan est très en faveur de l'agricul- teur, parce qu'en moyenne sur la période il a payé 32 dirhams par hectare et par an, et il a
Mahmoud Oudgrhiri, Directeur général délégué de la MAMDA, a présenté l’expérience marocaine en matière d’assurance agricole à l’occasion des rendez-vous de Casablanca de l’assurance. Nous l’avons rencontré également au SIAM à Meknès. Propos recueillis par A. Hlimi
Finances News Hebdo : L'assurance climatique est l’une des théma- tiques phares du rendez-vous de Casablanca cette année. La MAMDA est un acteur incontournable de cette branche. Que pouvez-vous nous dire de l'expérience marocaine ? Mahmoud Oudgrhiri : Le Maroc a démarré relativement tôt. Déjà, dès 1994, il a mis en place le premier programme lié à l'aléa sécheresse pour les céréales, sous forme de garantie de l'État. Et puis il y a eu une étape très importante au niveau de l'assu- rance agricole au Maroc, en 2011, quand ce programme a été transformé en un contrat d'assurance. Où l’on est passé d'une simple garantie sécheresse à une multirisque clima- tique intégrant six aléas climatiques, et d'une garantie de l'État à un contrat d’assurance
en bonne et due forme dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le ministère de l'Agriculture, le ministère des Finances et la MAMDA Cette multirisque climatique est destinée aux grandes cultures, c'est-à-dire les céréales, les oléagineux et les légumi- neuses. F.N.H. : Comment fonctionne cette multirisque climatique ? M. O. : C'est une garantie qui est basée sur la perte de rendement. Il faut imaginer que chaque parcelle de terrain fait partie d'une commune rurale, et que chaque commune rurale fait partie d'une zone agricole. Le Maroc est découpé, selon les rendements historiques, en 3 zones agricoles : la zone favorable, la zone moyennement favorable et la zone défavorable. L’indemnisation intervient quand le rende- ment observé au niveau d’une commune donnée est inférieur au rendement de réfé- rence de ladite commune. F.N.H. : On parle de success story en évoquant la multirisque climatique au Maroc. Quels sont les facteurs de ce succès ? M. O. : Je citerais peut-être trois facteurs. Je pense que le premier, c'est le modèle choisi par le Maroc. Et quand on fait le benchmark à l'international, je pense que le modèle maro- cain reprend tous les bons codes et toutes les bonnes pratiques qu'on trouve dans le modèle espagnol, canadien, etc. il est impor- tant d'insister sur le choix du modèle et sa pertinence, qui est un facteur clé pour moi. On peut citer comme deuxième facteur la politique volontariste de l'État, à travers le ministère de l'Agriculture, pour vouloir abso- lument développer la résilience des agricul- teurs. L'État est là, il est partie prenante dans
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