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FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 25 AVRIL 2024
reçu en moyenne 420 dirhams par hectare et par an sur la même période.
F.N.H. : Retrouve-t-on des systèmes comparables en Afrique ? M. O. : Je pense que l'expérience marocaine est de loin la plus aboutie en Afrique. En revanche, l'Espagne, qui a partagé son expé- rience lors des rendez-vous de Casablanca de l’assurance, est certainement l’expérience la plus aboutie en Europe. F.N.H. : Les rendez-vous de Casablanca ont traité de l’assurabi- lité (ou non) des risques climatiques face à la multiplication des sinistres. Qu'en est-il au Maroc et quelles sont, à votre avis, les solutions pour garantir la soutenabilité du risque ? M. O. : Effectivement, il y a une aggrava- tion du risque observée sur les 6 dernières années, et les perspectives futures confir- ment malheureusement cette aggravation. Il s’agit d’un phénomène mondial, qui en plus, rend le marché international de réassurance de ce type de risques de plus en plus tendu ! Face à cette situation, il y a deux types de pistes que l’on peut envisager : comment limiter le risque et comment le mitiger ? Je pense qu’une des pistes les plus sérieuses pour limiter la sinistralité de la multirisque cli- matique consiste à améliorer la volatilité des rendements des céréales au Maroc. Nous enregistrons aujourd’hui des niveaux de ren- dement très bas et que l'on peut améliorer : heureusement ! Il y a plusieurs initiatives étatiques et privées œuvrant dans cet objectif, et qui couvrent tout le cycle de production des céréales : 1. Développement et utilisation de semences de qualité et résilientes au changement cli- matique, avec des gains très significatifs sur le rendement (entre 20 et 40% selon les cultures. Sur ce point, nous avons tout ce qu'il faut en termes de recherche et déve- loppement, grâce notamment à nos instituts de recherche comme l’INRA…) et en termes d’incentives pécuniaires. 2. Le passage d’un semis traditionnel au semis direct, avec des gains sur le rende- ment de l’ordre de 30%. Plusieurs initiatives sont lancées dans ce sens, notamment l’ini- tiative 1 million d’hectares du ministère de l’Agriculture, ou l’initiative «carbon farming» qui peut également être citée comme oppor- tunité à saisir par les agriculteurs pour réduire l’impact carbone de leurs cultures, recevoir une rémunération en contrepartie, tout en augmentant leurs rendements. 3. L’amélioration du suivi des étapes de
Ces dernières années, les réassureurs font face à un phénomène mondial : une aggravation des risques climatiques.
mentaire de notre pays.
production par le bon conseil technique et par l’utilisation de la technologie (prédic- tion météo, analyse de données, agriculture connectée…) pour optimiser les traitements phytosanitaires, engrais… L'autre piste également importante, c'est comment mutualiser ou mitiger le risque sécheresse concernant les céréales avec d'autres aléas climatiques comme le gel et la grêle pour l’arboriculture. Et là, je pense que le cas espagnol est très édifiant. En Espagne, le taux de couverture des bananiers par la multirisque climatique est de 100% !, celui des pommiers de 83% !… F.N.H. : Les solutions pour l’améliora- tion des rendements sont connues et les initiatives liées aux solutions sont lancées. Quels sont alors les freins qui empêchent l'atteinte de cette productivité rapidement ? M. O. : La contrainte majeure à mon avis est le morcellement des terrains. Nous avons de très petits terrains, donc de très petits agri- culteurs. Il est difficile de moderniser le pro- cessus de production à l'échelle de chaque agriculteur qui a une parcelle de 1 ou 2 hectares. Ceci dit, des solutions existent. Le Maroc s’est même doté d’une loi sur l'agré- gation agricole, mais qui peine encore à se mettre en marche pour les céréales, sachant que sur d'autres cultures, notamment les cultures sucrières, nous avons réussi un des meilleurs modèles du continent en termes d'agrégation. Si nous savons le faire pour les cultures sucrières, je reste confiant par rapport à notre capacité de le faire pour les céréales, ce qui nous rapprocherait de notre objectif d’une production plancher de 50 Mq par an fixé dans la stratégie de sécurité ali-
F.N.H. : La MAMDA est l’assureur de référence de l’agriculture natio- nale. Elle a soutenu le SIAM depuis son lancement. Comment jugez-vous l’évolution de cet évènement ? M. O. : Le SIAM est devenu effectivement l’évènement incontournable de l’agriculture au niveau régional et continental, et un des évènements phares au niveau mondial. Son rayonnement se traduit d’abord, par ses chiffres édifiants : plus de 900.000 visiteurs, plus de 1.500 exposants et plus de 70 natio- nalités, mais également par son programme scientifique qui traite de sujets d’actualité de grande importance et qui fait intervenir les meilleurs experts mondiaux en la matière. La 4 ème édition de l’initiative triple A (Adaptation de l’Agriculture Africaine) sous le leadership du Maroc, tenue en marge du SIAM 2024, est une autre illustration du rôle continental que joue le Maroc pour trouver de vraies solutions pour l’agriculture africaine en face du changement climatique, et qui vient s’ajouter aux multiples visions du Royaume pour le développement continental : vision atlantique, gazoduc Nigéria-Maroc... Pour la MAMDA, le SIAM est un rendez- vous annuel très fort qui nous permet de rencontrer dans un même lieu des socié- taires venant nous rendre visite de toutes les régions du Maroc. C’est l’occasion de les écouter et de leur parler de leur compagnie et des nouveaux services mis à leur disposition. La MAMDA noue une relation de plus de 60 ans avec les agriculteurs petits, moyens et grands, et toutes les occasions sont bonnes pour célébrer cette fidélité dans un contexte convivial et familial ! ◆
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