FNH N° 1149-1

45

FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 25 AVRIL 2024

ECONOMIE

«La transition vers l’industrie X.0 peut ramener le taux de croissance à 4,5% ou 5%» Industrie marocaine

dustrie marocaine, je pense qu’ils sont sur le bon chemin, parce que la majo- rité des grandes et moyennes usines a adopté l’industrie 4.0 ou la 5.0. Ainsi, la transition vers la X.0 n’est qu’une suite logique de l’effort d’investissement technologique consenti par ces orga- nisations. S’agissant du tissu entrepre- neurial marocain, le défi pour le Maroc est de taille. Il s’agirait d’abord de pré- parer les équipes d’entreprises à ces mutations technologiques (formations techniques, mises à niveau techno- logiques, réorganisation en matière de procédures de production…), sans oublier que certaines entreprises tra- vaillent encore de manière classique et ne sont même pas sur l’Industrie 4.0 apparue en 2018. F.N.H. : Quel est l’impact potentiel de l’émergence de l’industrie X.0 sur le secteur industriel marocain et sur la croissance économique du pays ? Y. G. F. : S’agissant de l’impact sur le secteur industriel, on observera une amélioration significative de la valeur ajoutée industrielle qui peut atteindre 30% du produit intérieur brut (PIB). L’industrie X.0 permet de hausser la productivité et à moindre coût, ce qui engendrera plus de richesses maté- rielles pour l’entreprise marocaine, en l’occurrence l’usine intelligente. Sur le plan de la croissance, l’industrie der- nier cri X.0 peut engendrer un point de croissance de plus au niveau du PIB, le ramenant à 4,5% ou 5% sur une année budgétaire, au lieu des taux classiques qu’on observe ces der- nières années, coincés entre l’inter- valle 3% à 3,5%. Le Maroc a besoin de ce déclic pour porter sa croissance à des niveaux supérieurs et afin d’em- prunter le chemin des économies en voie d’émergence. ◆

En mettant l'accent sur l'industrie, le Maroc s'engage à demeurer compétitif, mais pour rester à la pointe et s'ajuster aux transformations perpétuelles, les entreprises doivent évoluer vers l'industrie X.0. Entretien avec Youssef Guerraoui Filali, président du Centre marocain pour la gouvernance et le management.

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna

Finances News Hebdo : Tout d’abord, quelles sont les prin- cipales caractéristiques de l’industrie X.0, autrement appelée l’industrie du futur ? Youssef Guerraoui Filali : L’industrie X.0 est une autonomisation intelli- gente et une intégration globale des technologies numériques dans la production et la gestion de l’entre- prise. Celle-ci surpasse l’Industrie 5.0, qui se focalisait sur les évolutions technologiques, mettant l’homme et l’environnement au cœur des préoc- cupations, par la rationalité et l’effi- cacité des mutations technologiques rapides. Ces dernières sont devenues nécessaires pour la résilience de toute entreprise. Mieux encore, l’Industrie X.0 permet de bénéficier des innova- tions en cascade et de tirer profit des meilleures optimisations possibles en termes de processus de production. Cela permet la réalisation d’écono- mies d’échelle remarquables qui amé- liorent la compétitivité et la rentabi- lité des entreprises sur les marchés locaux, régionaux et mondiaux. F.N.H. : Comment le Maroc peut-il favoriser sa transition vers l’industrie X.0 et quels investissements sont néces- saires pour soutenir cette transition ? Y. G. F. : La transition vers l’in- dustrie X.0 est d’abord une ques- tion de conscientisation. Toutes les

entreprises marocaines qui disposent des moyens financiers et matériels doivent muter vers cette industrie. Il y a là un rôle à jouer par le ministère de l’Industrie et du Commerce, qui doit accompagner les moyennes, grandes et très grandes entreprises dans cette transformation. Pour les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE- PME), l’Etat doit mettre en place un mécanisme de financement et/ou d’encouragement fiscal pour leur faci- liter ladite transition. Il est à noter que les répercussions économiques et financières de cette transition seront

très significatives, du moment où elle permet à ces catégories d’entreprises de devenir très compétitives sur les marchés nationaux et mondiaux, et par conséquent de s’inscrire sur des chaînes de valeur à l’international. F.N.H. : Selon vous, les opé- rateurs industriels nationaux sont-ils prêts à développer et à adopter l’industrie X.0 ? Et quels sont les défis auxquels le Maroc peut être confronté dans cette transition ? Y. G. F. : Pour les opérateurs de l’in-

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker