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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 25 AVRIL 2024
DEVELOPPEMENT DURABLE
Risques de transition Le secteur bancaire marocain pourrait aussi subir des risques de transition liés aux changements de politique et à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, malgré la faible part d'émis- sions de ce pays dans le monde (0,16%). Les émissions au Maroc augmentent, ce qui peut accroître les risques de transition pour les secteurs à forte intensité de car- bone tels que la production d'élec- tricité, les transports, l'exploita- tion minière, l'agriculture, l'indus- trie manufacturière et les services publics. La taxe carbone aux frontières de l'Union européenne pose égale- ment des risques supplémentaires pour des industries telles que le ciment et l'aluminium, étant donné l'importance des échanges com- merciaux du Maroc avec l'UE. Le rapport conclut que 24,3% du total des prêts et 43,6% des crédits aux entreprises non financières sont liés aux secteurs sensibles à la transition, une proportion relative- ment élevée par rapport à d'autres pays. Une évaluation de la vulné- rabilité montre qu'une taxe car- bone de 75 dollars/ tCO2 pourrait augmenter le risque de crédit pour 8,4% des prêts aux entreprises, ce qui équivaut à 3,1% des actifs du secteur bancaire. Le rapport souligne que si l'impact global du climat sur le secteur bancaire est gérable, les réper- cussions financières varient d'une banque à l'autre, ce qui exigera une vigilance accrue de la part des institutions financières et de la Banque centrale. En attendant, BAM réagit en élabo- rant des orientations prudentielles plus détaillées pour les banques, notamment en ce qui concerne les tests de résistance et les rap- ports. Elle cherche ainsi à intégrer les risques climatiques dans ses pratiques de supervision, en s'ali- gnant sur les normes mondiales telles que les principes de gestion des risques climatiques du Comité de Bâle et les exigences de divul- gation liées au développement durable des normes IFRS. ◆
Dans le cadre d'une collaboration inédite, la Banque mondiale et Bank Al-Maghrib ont étudié l'impact des risques climatiques sur le secteur bancaire marocain. Ce qu’il faut retenir. Les banques face à des risques accrus, mais gérables Par Y. Seddik C Changement climatique
perte de 1,8 à 3,5 points de pour- centage du PIB, tout en réduisant les fonds propres des banques de 1,3 à 2,2%. L’analyse met égale- ment en lumière une amplification significative des effets du chan- gement climatique dans tous les scénarios étudiés. En revanche, les inondations pourraient causer des dommages encore plus importants, allant de 8 milliards de dollars pour des inondations pluviales sur 500 ans à 10,5 milliards de dollars dans un scénario de changement cli- matique sévère d'ici 2050. Ces inondations pourraient réduire le PIB de 1,6 à 2,2%. Cependant, contrairement aux sécheresses prolongées, les inondations, bien que de courte durée, ont un impact relativement faible sur les pertes de prêts et le capital des banques.
es recherches ont abouti à la toute première analyse exhaustive des risques matériels et financiers liés à la fois au climat et à la transition énergétique en Afrique, représen- tant l'une des rares études menées dans les marchés émergents à l'échelle mondiale. En utilisant divers modèles climatiques et macro-financiers, les deux institu- tions ont mené un test de résis- tance au risque climatique afin de mesurer les impacts des séche- resses et des inondations sur l'économie et le secteur bancaire du Maroc. De plus, cette étude a évalué l'incidence d'une transi- tion énergétique sur l'exposition au risque de crédit. Le rapport montre que le dérègle- ment du climat pourrait sérieuse- ment amplifier les préjudices finan- ciers causés par les sécheresses
et les inondations au Maroc, avec des impacts notables sur les pertes des banques dans le cas des sécheresses. Plus d'un tiers des portefeuilles de crédit des banques est particulièrement exposé aux risques climatiques matériels, principalement en raison des prêts accordés dans les sec- teurs de l'agriculture, de l'agroa- limentaire et du tourisme, ainsi qu'aux ménages vivant dans des zones vulnérables. Selon les projections des deux ins- titutions sur les différentes séche- resses, les effets économiques varient de 4,2 milliards de dollars pour une sécheresse historique sur 500 ans à 7 milliards de dollars pour une sécheresse similaire combinée à un scénario de changement cli- matique grave d'ici 2050. Ces évé- nements pourraient entraîner une
Pourcentage d'aggravation des préjudices estimés entre les scénarios historiques et RCP 8.5 (2050)
Sécheresse à récurrence 500 ans
Inondation pluviale à récurrence 500 ans
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