▲ Jacques-André Schneider a longtemps été membre du Conseil d’administration des Rentes Genevoises.
Selon l’étude de l’Université de Genève que vous mentionnez, les retraités suisses disposent d’une fortune de plus de 200 000 francs en moyenne. Mais les jeunes épargnent nette- ment moins. Les jeunes veulent plus profiter de la vie, travailler moins... On touche là un phénomène sociologique, en notant que l’épargne des actifs n’apparaît pas au plan fiscal car elle se situe essentiellement dans les 2 e et 3 e piliers. La généralisation du temps partiel va toutefois changer la donne. Si vous travaillez à temps partiel, c’est autant de reve- nus sur lesquels vous ne cotisez pas ! Le temps partiel, c’est un sujet encore non débattu mais majeur. Et on ne mesure pas encore très bien ce que cela signifiera pour l’AVS. J’ai ma petite idée. On aura un double choc : l’arrivée massive à la retraite des baby-boomers et sans doute moins de ressources pour l’AVS provenant des couches les plus aisées, qui sont celles qui diminuent le plus facilement leur temps de travail. De nombreux retraités partent vivre à l’étranger où la vie est moins chère. Est-ce vrai ? Le phénomène pourrait-il se généraliser ? J’en doute. Les études chiffrées le montrent. Qui part ? Les ressortissants de l’UE qui rentrent chez eux. Dont les frontaliers. Quant aux Suisses, très peu s’en vont afin de conser- ver leur réseau social et culturel suisse, grâce à l’AVS et au 2 e pilier.
L’étude universitaire du Professeur Wanner montre aussi que 15 % à 20 % des seniors vivant seuls sont dans une situation de précarité. Inquiétant, non ? Les vrais problèmes sociaux concernent ces personnes-là, en effet. Ce sont des poches de pauvreté qui sont couvertes en partie par les prestations complémentaires. On doit faire mieux. Clairement. Et on l’a vu, les femmes sont souvent désavantagées... Les différences de genre, liées à la prise en charge des enfants, existent bel et bien. C’est une réalité. Et pour résoudre ce problème, la première chose à faire, c’est d’enlever la déduction de coordination, c’est-à-dire faire en sorte que l’on cotise dès le premier franc dans le 2 e pilier. C’est aussi important pour tous ceux qui travaillent à temps partiel. Actuellement, les premiers 22 050 francs de salaire ne sont pas assurés selon la LPP, pénalité aujourd’hui anachronique qui pourra devenir à terme un piège à pauvreté. Il faut aussi favoriser l’épargne, via le 3 e pilier ou, par exemple, les rentes viagères, une des spécialités des Rentes Genevoises. C’est une rente à vie. Vous versez vos primes et quand vous arrivez à l’âge de la retraite vous recevez une rente jusqu’à votre décès.
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èremagazine - avril 2024
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