CARDIO H - N°71 / OCTOBRE 2025
Recommandations ESC 2025 de prise en charge des myocardites et péricardites Dr Mazou TEMGOUA 1 , Dr Alexandru MISCHIE 1 , Dr Jean-Jacques DUJARDIN 2 , Dr Michel HANSSEN 3 1. CH de Châteauroux. 2. CH de Douai. 3. CH d’Haguenau.
INTRODUCTION Les recommandations 2025 de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) sur la myocardite et la péricardite sont les premières à couvrir de manière intégrée l’ensemble du spectre des syndromes myopéricardiques inflammatoires. Elles mettent l’accent sur l’importance d’une stratégie diagnostique multimodale, l’apport majeur de l’IRM car- diaque, le rôle de la génétique et de l’immunologie, ainsi que l’arrivée de nouvelles options thérapeutiques, en par- ticulier dans la péricardite récidivante. Ces recomman- dations visent à guider la pratique clinique, à améliorer la prise en charge et à harmoniser les soins en Europe et au-delà. QUELLES SONT LES NOUVEAUTÉS ? Les nouvelles recommandations marquent une étape im- portante dans la prise en charge des maladies inflamma- toires cardiaques. Contrairement aux précédentes publica- tions centrées uniquement sur la péricardite, elles intègrent pour la première fois la myocardite, avec une vision globale englobée sous le terme de « syndrome myopéricardique in- flammatoire (IMPS) ». Cette approche traduit une volonté de dépasser les cloisonnements classiques et d’adopter une prise en charge personnalisée, soutenue par une équipe multidisciplinaire. L’accent est mis sur plusieurs évolutions majeures : • Physiopathologie : les connaissances sur les mécanismes inflammatoires et auto-inflammatoires, ainsi que sur l’in- fluence de la génétique et de certaines cardiomyopathies héréditaires, se sont nettement enrichies. Cette compré- hension élargie favorise l’identification de sous-groupes de patients à risque, notamment en cas d’antécédents fami- liaux ou de mauvaise réponse aux traitements convention- nels. • Diagnostic : l’essor de l’imagerie multimodale, en parti- culier l’IRM cardiaque, a profondément modifié les pra- tiques, permettant une meilleure précision diagnostique et un suivi plus individualisé. La biopsie endomyocardique conserve un rôle dans des situations spécifiques. • Prise en charge : - L’arrivée des anti-IL-1 représente une avancée thérapeutique notable pour les formes récurrentes résis- tantes à la colchicine et aux traitements standards. Cepen- dant, les formes non inflammatoires restent mal comprises et nécessitent davantage de recherche.
- La gestion est désormais pensée de façon plus individualisée, en tenant compte du rythme variable de la rémission et de la reprise des activités, plutôt que de s’ap- puyer sur des délais rigides. La reconnaissance de l’IMPS comme entité clinique vise à améliorer la compréhension des chevauchements entre myocardite et péricardite et à stimuler la recherche vers des approches diagnostiques et thérapeutiques plus personna- lisées. Néanmoins, si ces recommandations ouvrent la voie à un véritable changement de paradigme, elles soulignent également les limites actuelles, notamment la compréhen- sion incomplète des formes non inflammatoires et la né- cessité de valider dans la pratique réelle l’apport des nou- velles stratégies. CLASSIFICATION ET STADES DE LA MALADIE La pandémie de COVID-19 a mis en lumière l’importance du syndrome myopéricardique inflammatoire (IMPS), suscitant un regain d’intérêt pour une pathologie pourtant étudiée depuis longtemps mais décrite sous des termino- logies variées. Les recommandations actuelles proposent d’harmoniser le langage et de définir les stades (aigu, su- baigu, chronique) afin de guider plus efficacement la prise en charge clinique. Toutefois, cette classification se heurte à certaines limites pratiques : l’identification du moment exact de début de la maladie reste souvent difficile, en par- ticulier dans les formes subaiguës. L’évolution de l’IMPS est très hétérogène : certains patients connaissent une rémission complète sans séquelles, tandis que d’autres développent des complications graves pouvant aller jusqu’au décès. Il est important de souligner que tous les malades ne traversent pas nécessairement l’ensemble des stades, et que la rémission peut survenir à tout mo- ment. Ainsi, si la définition des phases permet un cadre de référence utile, elle doit être appliquée avec souplesse et complétée par une évaluation clinique individualisée. En somme, ces recommandations apportent une clarifi- cation terminologique bienvenue et un cadre pour mieux structurer la prise en charge. Néanmoins, la variabilité in- trinsèque de l’évolution impose une approche personnali- sée, fondée sur une compréhension fine des mécanismes et de l’histoire naturelle de la maladie.
13
Made with FlippingBook. PDF to flipbook with ease