Equinoxiale” l’une des plus anciennes loges de la Grande Loge de France.
Jean-Emmanuel Hay : Gaston Monnerville devient sous-secrétaire d'État aux colonies en 1937-1938, dans un contexte géopolitique européen compliqué. Il est le premier Guyanais à avoir une fonction politique aussi importante. La presse étrangère, nazie et fascis- te, écrit que c'est la chose la plus abominable que la France ait pu faire, que de mettre un homme de cou- leur noire à une fonction aussi importante. Philippe Martial : Tous n’étaient pas ravis, d’autant qu’il avait été partisan, comme mon père, du Front Populaire. Il faut avoir vécu l’événement dans le contexte de l’époque, pour mieux comprendre. La bourgeoisie avait massivement choisi Pétain pour ne plus entendre parler des com- munistes.
Jean-Emmanuel Hay : Gaston Monnerville a-t-il connu Albert Londres ?
Philippe Martial : Albert Londres, pour des raisons qui étaient beaucoup plus commerciales, a fait des articles impressionnants contre le bagne. Monnerville était contre le bagne pour des raisons morales, mais aussi parce que personne ne voulait investir en Guyane à cause de cette colonie pénitentiaire. Je ne sais pas s’ils se sont rencontrés. Jean-Emmanuel Hay : Quelle est la relation de Gaston Monnerville au système colonial ? En 1935, il est maire de Cayenne (à Paris) et se rend en Guyane pour célé- brer le tricentenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France. Monnerville était un homme politique profondément attaché à la France, il n’avait rien d’un autonomiste… Philippe Martial : Il était contre l'autonomie. La chance de la Guyane, pour lui, c'était qu’elle soit rattachée au pays des droits de l'homme. Encore fallait-il que les droits de l’homme y soient appliqués.
Jean-Emmanuel Hay : Quels étaient les liens entre Gaston Monnerville et Félix Eboué ?
Philippe Martial : Félix Eboué avait été gouver- neur de la Guadeloupe, c’était un poste très important. Aller en Afrique, cela ne lui disait rien ; ce n'était pas du tout une promotion, à ses yeux. Monnerville l’a convaincu que l’Afrique allait être le point stratégique de la guerre à venir.
Jean-Emmanuel Hay : Que s’est-il passé entre le Général de Gaulle et Gaston Monnerville ?
Philippe Martial : Lorsque René Coty, Président de la République a envoyé les deux prési- dents des assemblées rencontrer secrètement le Général de Gaulle en mai 58, pour préparer son retour au pouvoir, tout le monde était d'accord, sauf les communistes, pour dire qu’il fallait renforcer l'exé- cutif et affaiblir le régime d'Assemblées. Gaston Monnerville a introduit la question des colonies, rap- pelant qu’il était partisan d'une quasi-indépendance de ces pays, s’ils gardaient des liens privilégiés avec la France, pour créer une sorte de Commonwealth à la française. Il a toujours défendu cette idée-là. Plus tard il s'est aperçu que le Général de Gaulle l'avait trompé en acquiesçant à toutes ses propositions. En fait, le Général de Gaulle avait pour projet que la France se débarrasse de ses colonies. Pour lui, l'avenir, c'était d’investir dans la bombe atomique, pour défendre le pays.
Photo ci-dessus : Eliette Golitin, Vice-Présidente de l’UGAG, en compagnie de Philippe Martial, membre bienfaiteur de l’UGAG, posant aux côtés du buste de Gaston Monnerville, face aux Jardins du Luxembourg. Ci-contre : Au Sénat. Page 28 : Gaston Monnerville, portrait.
U N I O N D E S G UYANAIS ET DES A M I S D E L A G U Y A N E
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