Enguise d’introduction
J’ai rejoint l’Union des Guyanais et des Amis de la Guyane en 2025, c’est tout récent ! L’association fête ses 100 ans, je trouve que c’est un bel âge pour prendre un nouveau souffle. Un siècle ! La Guyane faisait encore partie de l’empire colonial fran- çais lors de la naissance de l’UGAG. En 1925, le monde de l’entre -deux-guerres laisse entrevoir combien la route sera longue et pénible, et combien les hommes politiques de l’envergure de Gaston Monnerville sont rares pour faire valoir les valeurs de res- pect des peuples. En 1925, Les accords de Locarno sont signés par plusieurs pays d'Europe, dont l'Allemagne, afin d'éviter une nouvelle guerre, paraît-il. En 1925, en Guyane, un arrêté promulgue le décret du 25 juin 1925 “portant création à la Guyane française d’un certificat de capacité correspondant au baccalauréat métropolitain.” En 1925, à Washington, 35 000 membres du Ku Klux Klan paradent sur la Pennsylvania Avenue, en face de la Maison-Blanche, vêtus d'une cape blanche et à visage découvert. En 1925, une troupe d'acteurs noirs venus d'Amérique débarque à Cherbourg. Une certaine Joséphine Baker en fait partie. Elle sera dévoilée au sens propre comme au sens figuré dans la Revue Nègre , au Music-Hall des Champs-Elysées : ce sont les Années Folles à Paris, une sorte de frénésie qui tente de faire oublier la Première Guerre mondiale, ses atrocités et la dette terrible qu’a maintenant la France vis-à-vis des Etats-Unis. Plusieurs voix suggèrent au gouvernement français de vendre ses colonies aux Américains : « À défaut d'argent, nous avons, si je puis dire, des immeubles : nos colonies » , écrit le 26 juin 1925 Claude Farrère dans les colonnes du quotidien La Petite Gironde. « Il est bien entendu, ce disant, je ne parle ni de nos colo- nies africaines… ni de notre Indochine. Je parle, pour bien préciser, de nos colonies d'Amérique et rien que d'elles. » 1958 : plus question de vendre la Guyane, devenue un départe- ment français, sous l’impulsion de Gaston Monnerville, douze ans auparavant. Voici des extraits de ce qu’écrit François Pinardel dans son Atlas de géographie destiné aux classes de troisième (Les Editions de L’Ecole, 1958): “La Guyane est, comme les Antilles, une de nos plus vieilles colonies occupée dès 1604… Sans être aussi malsain qu’on le dit, le climat est déprimant pour les Blancs, sur-
tout à la saison des pluies, où les insectes pullulent… La Guyane, le moins peuplé des territoires d’Outre-Mer (moins d’un habitant pour 3 km 2 ) et n’a que 28.000 habitants… La population com- prend des Indiens, des Noirs venus des Antilles, quelques Nord- Africains et Chinois. Les Européens sont peu nombreux… La capi- tale est Cayenne, petit port mal équipé ; autre centre : Saint- Laurent-du-Maroni, où se trouvait le pénitencier (la déportation est supprimée)… La Guyane forme un département français (carte extraite du manuel, ci-dessus). Elle est victime de son éloignement et du mauvais renom que lui a valu le bagne. Les voies de commu- nication sont insuffisantes : une seule route reliant Cayenne à Saint-Laurent ; pas de voie ferrée ; les transports se font en pirogue à l’intérieur… Résumé : Les territoires d’Amérique sont les lambeaux de nos anciennes possessions.” Pour moi qui ne suis pas membre guyanais de l’UGAG, mais ami de la Guyane, où j’ai souvent séjourné, longuement depuis une vingtaine d’année, passionné par ce territoire que j’aime, et par ses peuples, cette description de la Guyane par François Pinardel est une bonne illustration (et elle a contribué par sa propagande sco-
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U N I O N D E S G UYANAIS ET DES A M I S D E L A G U Y A N E
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