Ceci est révélateur de sa philosophie de la vie et son état d’esprit au service de l’autre. En 1938, il retourne en Afrique en tant que gouverneur du Tchad. Durant la seconde guerre mondiale, ce bâtisseur de routes permet, en février 1941, aux troupes du général Leclerc de remonter vers l’Afrique du Nord. En juillet 1940, il apporte son soutien à l’appel du Général de Gaulle et se rallie à la lutte pour la libération de la France. Recevant le Général de Gaulle à Fort Lamy (Tchad), le 15 octobre 1941, il est nommé gouverneur général de l’Afrique équatoriale française. C’est un des tournants de la guerre qui le conduit à créer une armée de 40.000 hommes, jouant ainsi un rôle essentiel dans la libération de la France. Épuisé par ces difficiles combats, il part se reposer en Égypte, au Caire, où il meurt d’une congestion céré- brale le 17 mai 1944. En reconnaissance de toute son action et sur proposi- tion de Gaston Monnerville, Président du Sénat, ses cendres sont déposées aux Panthéon aux côtés de personnalités, dont celle de Victor Schoelcher le 28 mai 1949.” Il nous semble intéressant de reprendre quelques élé- ments du discours prononcé ce jour-là par Gaston Monnerville, qui avait œuvré à ce que les cendres des deux hommes entrent au Panthéon le même jour :
“Un acte unique dans l'histoire du monde s'accomplit à Paris. L'homme qui a consacré sa vie à la lutte pour la libération des hommes, Victor Schœlcher, et l'un des fils les plus représentatifs des effets de cette libé- ration, Félix Eboué, sont solennellement inhumés au Panthéon, dans la volonté de la nation française. Victor Schœlcher, un nom qui pour nous, fils d'outre- mer, brillera toujours d'un exceptionnel éclat. Celui de l'Alsacien tenace, généreux, pleinement humain, qui toute sa vie refusa de reconnaître les différences entre les hommes, se dressa contre toutes les injustices, lutta sans merci contre l'esclavage des noirs, au nom du respect de la dignité humaine, et qui, au prix de mille périls, finit par arracher le glorieux décret du 27 avril 1848, édictant sans retour : « Nulle terre françai- se ne peut plus porter d'esclaves ». Schoelcher avait dit, « Au noir libéré, la République donne pour patrie la France. » Félix Eboué a justifié ce geste. Aux heures incertaines et lourdes de notre récente his- toire, il a montré que pour nous, France et liberté n’étaient qu’une seule et même chose. Premier résistant d'outre-mer, il a symbolisé par son adhésion active et spontanée à la continuation de la lutte pour la liberté, la volonté des fils d'outre-mer de
Photo page 29 : Panthéon. Page 30 en haut : l’Amazonie guyanaise ; en dessous : com- munauté améridienne (Guyane, années ‘70, photo : Pierre Paillard). Page 31 : Statue de Félix Eboué, Place des Palmistes à Cayenne. Oeuvre du sculpteur Maurice Gardon datant de 1957, elle est encadrée par un portique en maçonnerie déco- ré de bas-reliefs. Page 32 , en haut : Le Camp de la Transportation (bagne) à St Laurent du Maroni, dans les années ‘70 (photo Pierre Paillard). En-dessous : Gaston Monnerville rendant homma- ge à Felix Eboué et Victor Schœlcher, dans la crypte du Panthéon. Ci-dessus : De jeunes mem- bres de l’UGAG, lors d’ une commémoration au Panthéon. Ci-contre : Maison de Félix Eboué, à Cayenne. Page 34 : Les chaînes brisées, œuvre du sculpteur Jean-Luc Plé (2011) représente signifi- cativement la liberté : deux entraves reliées par des chaînes, brisées.
U N I O N D E S G UYANAIS ET DES A M I S D E L A G U Y A N E
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