CARDIO H - N°68 / DÉCEMBRE 2024
j’aimerais bien m’en inspirer et c’est ce que je suis en train de faire aussi bien pour le Sénégal, mais également pour les pays d’Afrique francophone dans le cadre de cette asso- ciation que je dirige actuellement. Dr ALBERT : Peux-tu nous donner la date du prochain congrès de car- diologie au Sénégal et quel est le nombre en général de participants ? Et nous exposer ta meilleure anecdote en cardiologie. Pr KANE : Nous avons un congrès dénommé Cardiothèque qui est en fait une sorte de symposium sur les avancées de la cardio- logie, qui a lieu tous les mois de décembre. Mais le congrès de la société sénégalaise de cardiologie, le grand congrès, aura lieu en décembre 2025 . J’espère d’ailleurs avoir une belle ouverture cette fois-ci, avec notamment un congrès conjoint invitant notamment le collège national des car- diologues des hôpitaux et qui sera certainement ouvert aussi aux autres pays notamment du Maghreb, puisque nous espérons fédérer toutes ces énergies et toutes ces compétences et notamment de ceux qui nous ont accom- pagné jusqu’ici. La meilleure anecdote, ce n’est peut-être pas une très belle anecdote, mais elle rappelle un peu que chacun a sa des- tinée. Très peu de gens et notamment de mes collègues savent que j’ai été perdu pour la cardiologie pendant un certain temps, puisque le jeune cardiologue interne que j’ai été un peu fougueux avait eu à remettre en question un certain nombre d’ordres reçus de ses supérieurs et mon patron m’avait tout simplement licencié. Ce licenciement, qui a duré un bon mois ou même un peu plus, a été un moment je crois important dans ma vie, puisque je pense que ça a permis d’abord au patron de considérer qu’il faut savoir écouter la jeunesse et ne pas toujours tout remettre en question. Et la réconciliation a été quelque chose de formidable pour moi, puisque licencié un instant, j’ai été réhabilité et je crois qu’après cette réhabilitation, ça a été pour moi le moment de continuer ma carrière et d’être le professeur agrégé que je suis devenu aujourd’hui.
beaucoup d’acuité. C’est dire également que pour nous, la question du numerus clausus ne se pose pas. Par contre, nous sommes contraints par les possibilités d’encadre- ment. Mais nous avançons quand même, nous formons de plus en plus de médecins et nous essayons d’en former un maximum possible. En tant que responsable de l’en- seignement notamment de la cardiologie, j’essaie d’être le moins limitatif possible en sachant que j’estime que je dois aussi contribuer à la formation d’autres pays, d’autres collègues africains. Mais l’un dans l’autre, nous sommes encore loin du compte, puisqu’il y a la question des sites de stage, des possibilités d’encadrement. La question de la démographie se pose, mais nous avançons quand même, puisqu’aujourd’hui nous avons bien sûr une bonne re- présentation à Dakar et ce qui était surtout le défi, c’était d’avoir des cardiologues dans les provinces. Aujourd’hui, quasi toutes les provinces sont couvertes mais ça reste bien entendu largement insuffisant. Ce ne sont pas les mêmes problématiques qu’en France, mais nous essayons d’avan- cer, de progresser et nous savons que malheureusement autant les maladies cardiovasculaires ont explosé, autant les besoins sont immenses. Et nous savons qu’il y a encore de la marge. Donc oui, problème de démographie comme ça peut se poser en France, mais bien entendu toute pro- portion gardée, les réalités sont quand même différentes. Dr ALBERT : Avec ton regard d’expert tu connais maintenant le Collège des hôpitaux depuis plusieurs années, comment vois-tu l’évolution du congrès et quel est ton avis ? Pr KANE : Je trouve l’évolution du congrès formidable, puisque j’ai eu la chance grâce à toi et l’équipe que tu as dirigée ces dernières années d’être impliqué et surtout participer à cette belle ouverture vers l’Afrique. Nous avons pu, grâce à vous, intégrer l’Afrique subsaharienne mais également les pays du Maghreb à ce magnifique congrès. Je pense que ce congrès évolue de façon remarquable et il est devenu un moment important de formation conti- nue, mais aussi de réflexion sur la cardiologie. Je peux d’ailleurs te faire un aveu, le livre blanc du CNCH est quasi devenu pour moi un livre de chevet. Je sais que ce ne sont pas les mêmes réalités, mais je trouve que ce livre a été tellement bien fait, tellement bien conçu, qu’il peut nous inspirer nous, cardiologues africains. Notre rôle n’est pas seulement de tenir des congrès, mais c’est réflé- chir sur les problématiques de notre spécialité, sur les en- jeux de santé de nos pays et je pense que le Collège fait un travail remarquable de ce point de vue. Personnellement,
Dr ALBERT : Merci Abdoul pour cette confidence.
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