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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

DU JEUDI 25, VENDREDI 26 ET SAMEDI 27 JUIN 2020

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Taux bas

◆ La nouvelle baisse du taux directeur constitue un véritable coup dur pour l’épargne institutionnelle. ◆ Plusieurs alternatives de placement se présentent face aux produits classiques. L'épargne longue plus que jamais dans le dur E n contrôlant le levier «taux» de sa politique monétaire, Bank Al-Maghrib a Par Y. Seddik

La nouvelle baisse du taux direc- teur pousse les profes- sionnels de l'épargne à trouver des placements alternatifs à aux produits classiques.

jusqu'à présent proté- gé l'épargne nationale. Aujourd'hui, sur fond de crise sanitaire et par la force des choses, la Banque s'est déchargée de cette mission pour aller sauver d'autres secteurs aussi essentiels de l'économie : la crois- sance, l’investissement et donc la création d'emplois. La nouvelle baisse du taux directeur de 50 pbs ne sera pas sans conséquences sur la rémunérationde l'épargne longue et celle des fonds de retraites. Elle tombe dans un contexte où la durabi- lité des taux bas préoccu- pait déjà les compagnies d'assurances, les caisses de retraite et les sociétés de gestion d'OPCVM (des acteurs structurellement épargnants). «L'impact sur les taux pri- maires et secondaires des bons du Trésor sera immé- diat sur la partie courte, avec une transmission graduelle pour les parties moyenne et longue de la courbe», commente Ahmed Zhani, économiste chez CDG Capital, suite aux décisions de BAM. Pour lui, la baisse pourrait dépasser les 50 pbs en liaison avec la formation de nouvelles anticipations baissières sur les deux prochains Conseils de la banque au titre de l'année 2020.

UC, un intérêt grandissant

Pas plus tard qu'en début d'année, Christophe Buso, Directeur général de Saham Assurance, a alerté sur cette probléma- tique : «la courbe des taux s’aplatit. C’est un élément très impactant pour nous qui sommes structurel- lement des épargnants. Il est évident qu’au Maroc comme ailleurs, les taux ont un effet négatif sur les rendements et donc sur les taux servis». Le constat est immuable et fait l'unanimité des pro- fessionnels de l’épargne. Maintenant, la question est de savoir comment ils s’y prennent face à une configuration qui réduit leur capacité à recourir aux pro- duits financiers classiques. La recherche d'alternatives de placement (OPCI, par- tenariats publics privés (PPP), unités de comptes (UC), non-coté) est donc plus que jamais le sujet de préoccupation.

seul 1 er trimestre 2020, les primes émises dans le cadre des contrats d'assurance vie en unités de compte ont progressé de 78,3%. Ces produits profitent des arbitrages par rapport à l'épargne classique dont l'activité a régressé de 31,8% sur la même période. PPP, un cadre encore à peaufiner Pour l’épargne institution- nelle, les PPP sont le pro- duit de substitution adapté. Il s'agit de placer des liqui- dités à long terme dans des projets d'infrastructures, et avec un couple rendement/ risque attractif portant sur des rémunérations pouvant facilement atteindre deux à trois fois ceux des bons du Trésor. Mais le cadre juridique doit encore être peaufiné. La tutelle est en train d’amen- der et d’actualiser la loi sur le partenariat public - privé pour apporter plus de sou-

Les contrats en UC ne sont plus à présenter. Ils permettent un investisse- ment multisupport, avec une dose de risque adap- tée au profil de l’épargnant. Toutefois, le marché maro- cain n’est encore pas habi- tué à ce type de produits. Dit autrement, les clients ne sont pas accoutumés à supporter le risque. Le DG de Saham Assurance nous avait d’ailleurs expli- qué que la généralisation de ce véhicule auprès du marché devrait prendre du temps. Et que cela se fera d’autant moins rapidement que les taux servis en assu- rance vie au Maroc sont encore «relativement cor- rects» . Or, l’abaissement plus marqué que prévu du taux directeur et la perspective de nouveaux gestes sur ce dernier vont accélérer le recours aux UC. Sur le

plesse et d’ouverture aux projets qui peuvent être financés. De manière générale, le non-coté (y compris le Private Equity) est scruté de près par les opérateurs. Son taux de pénétration est extrêmement faible, alors que son potentiel est énorme avec des TRI supé- rieurs à 10%. En définitive, après cette crise sanitaire, la situation de «Too low for too long» ou «très bas pour très long- temps» devrait désormais constituer la norme des taux au Maroc. ◆ L'impact sur les taux primaires et secon- daires des bons du Trésor sera immédiat sur la partie courte de la courbe.

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