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ECONOMIE

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DU JEUDI 25, VENDREDI 26 ET SAMEDI 27 JUIN 2020

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Préférence nationale

◆ La crise du coronavirus a dégagé un consensus sur le sujet. ◆ Les opérateurs nationaux sont prêts à répondre aux besoins du marché national en qualité et en quantité. Plaidoyer pour un nouveau cadre juridique L a préférence nationale est sous les feux de la rampe. Sous l’effet de la Par C. Jaidani

Le décret sur les mar- chés publics est com- plètement dépassé. Il comporte des lacunes au niveau de la préférence nationale.

crise du coronavirus, un certain consensus natio- nal se dégage autour de cette question, aussi bien chez la classe politique que dans les milieux des affaires. Il est question d’assurer la reprise des activités et donner une nouvelle impulsion à l’éco- nomie en privilégiant les produits marocains. Une stratégie qui permet- tra de réduire le déficit commercial et préserver les avoirs en devises. Cette orientation est vivement défendue par le gouver- nement, qui ambitionne, à travers cette stratégie dite d’import-substitution, de booster l’investisse- ment industriel qui a des effets majeurs sur la créa- tion d’emploi et de valeur ajoutée. En réponse dernièrement à une question orale à la Chambre des représen- tants, Moulay Hafid Elamy, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Econo- mie numérique et verte, a étalé publiquement la pro- blématique. «J’ai découvert que nous importons des lits d’hô- pitaux, des tables d’éco- liers… ce n’est pas normal. Cela fait longtemps que j’appelle les entrepreneurs

ministre de l’Intérieur, qui a affirmé lors d’une ren- contre avec la CGEM qu’ «il fallait revoir le décret sur les marchés publics qui est complètement dépas- sé en raison des lacunes au niveau de la préférence nationale». Même son de cloche chez Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Economie et des Finances : «quand quelque chose peut être réalisée par les Marocains, on doit leur attribuer le marché. Ce n’est pas nor- mal que des cahiers des charges soient conçus pour favoriser les étran- gers», avait-il affirmé lors de la conférence de presse pour la présenta- tion du projet de Loi des Finances 2020. Les opérateurs, tous sec- teurs confondus, estiment que l’entreprise marocaine a atteint un certain niveau

de maturité lui permettant d’offrir des produits com- pétitifs par rapport à ce qui est importé. Il faut profiter de cette conjoncture pour donner un nouvel élan au tissu industriel national qui a montré sa capacité à relever les défis. «Il existe un consensus national sur la préférence nationale, mais il faut pas- ser à l’action et installer un nouvel environnement plus favorable pour l’entreprise nationale. Tout le cadre juridique et règlementaire est à revoir. Il faut s’ins- pirer des pays concur- rents comme la Turquie, la Tunisie ou l’Egypte qui, malgré l’ouverture de leur économie, favorisent leurs entreprises pour rempor- ter les marchés publics», explique-t-on auprès de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP). ◆

marocains à investir dans l’industrie, que les oppor- tunités ne manquaient pas. Mais il n’y avait pas de répondant. Là, j’ai décidé de changer de logiciel. J’ai donné des instructions à mes équipes afin de lister tous les produits que nous importons, et voir ce qu’on peut limiter, voire arrêter, en le substituant par une production locale », sou- ligne Elalamy. Interrogés sur le sujet, plu- sieurs opérateurs maro- cains partagent les pré- occupations du ministre de l’Industrie, relevant que l’entreprise marocaine ne dispose pas assez de sou- tien dans le cadre de la préférence nationale. «Nous sommes capables de produire en quantité suffisante pour approvi- sionner le marché national et aussi proposer une qua- lité répondant aux normes

exigées. Il est regrettable de tolérer des importa- tions qui portent un coup dur à l’industrie nationale. Comme il l’a fait pour un certain nombre de sec- teurs, le gouvernement devrait réduire les impor- tations de tous les produits qui peuvent être fabriqués localement, comme ce fut le cas pendant longtemps auparavant. Nous sommes en situation de crise et cette initiative très perti- nente peut donner un coup de pouce à l’économie, et surtout préserver des emplois», souligne David Toledano, président de la Fédération marocaine des matériaux de construction (FMC). Dans le même ordre d’idées, les officiels ont compris la nécessité de protéger l’entreprise maro- caine. Un constat défen- du par Abdelouafi Laftit,

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