FNH 988

32

ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO DU JEUDI 25, VENDREDI 26 ET SAMEDI 27 JUIN 2020

www.fnh.ma

Aéronautique

◆ Le secteur aéronautique connaîtra de grands changements durant les années à venir, tant sur les plans industriel que stratégique. ◆ Le Maroc a plusieurs cartes en sa faveur qui doivent lui permettre de continuer à être un acteur régional majeur de la chaîne de valeur aéronautique. L’industrie devra s’adapter aux nouveaux enjeux L’ aéronautique est l’un des secteurs les plus impactés par cette crise. Sa chaîne de valeur Par B. Chaou Pour Airbus, il est aujourd’hui trop tôt pour estimer l’im- pact de cette crise sur sa stratégie.

dans son ensemble n’a guère été épargnée, allant des com- pagnies aériennes jusqu’aux constructeurs aéronautiques. Afin de minimiser l’impact de cette crise, des plans de res- tructuration, accompagnés du soutien gouvernemental, ont été tout récemment annoncés. En France, l’Etat a initié un plan d’aide doté d’une enveloppe de 15 milliards d’euros dédiée à la relance du secteur. Mais la contrepartie des industriels serait, entre autres, la reloca- lisation vers la France de cer- taines de leurs activités ainsi que l’orientation vers la construction d’avions moins polluants pour la réduction d’émission de gaz à effet de serre. Etant fortement lié à l’industrie aéronautique française et euro- péenne de manière générale, le Maroc demeure concerné par ce revirement stratégique. Le Maroc a des cartes à jouer Interrogée sur l’impact de la relocalisation et du nouveau plan d’aide de l’Etat français en faveur du secteur, Airbus nous a confié qu’il est aujourd’hui trop tôt pour estimer les retombées de ces nouveaux paramètres sur sa stratégie, et de l’impact que cela aura sur ses sous-trai- tants.

La position du Maroc est néan- moins claire aujourd’hui : rester le partenaire fidèle de l’Europe et récupérer certaines activités qui pourraient être délocalisées des autres pays, notamment de Chine. D’ailleurs, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Economie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, a dit dans une récente interview dif- fusée sur Euronews que «nous avons des capacités de pro- duction et d'ingénierie impor- tantes qui peuvent être mises à contribution pour que l'Europe devienne encore plus compéti- tive, évidemment en récupérant une partie de ce qui se fait à l'extérieur». Ainsi, le Maroc a la volonté de conserver sur son sol l’en-

semble des acteurs aéronau- tiques déjà implantés. De plus, on imagine mal qu’un industriel tel qu’Airbus, présent au Maroc depuis plus de 50 ans, reloca- lise l’intégralité de sa chaîne de valeur en France. «En s’implantant à Casablanca, Airbus a été à l’initiative de la création de tout un écosystème aérospatial au Maroc (création d’emplois, recettes à l’export, développement d’une chaîne de valeur), entraînant l’implantation d’entreprises comme Safran, Daher, Figeac Aero qui se sont greffées à cette plateforme au fil du temps», nous explique Olivier Joffet, consultant en stratégie et spécialiste du sec- teur aérien. «L’industrie aéronautique maro-

caine est aujourd’hui présente sur l’ensemble de la chaîne de valeur (conception, ingénie- rie, assemblage, composants, matériaux, systèmes, sièges…) et permet de répondre à des enjeux cruciaux pour la produc- tion aéronautique, notamment via l’accélération des cadences de production dans un envi- La proximité géogra- phique Maroc - Europe et la structure de coûts sont des atouts non négligeables.

Made with FlippingBook flipbook maker