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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

DU JEUDI 25, VENDREDI 26 ET SAMEDI 27 JUIN 2020

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Cinéma Les tournages de films mis sur pause ◆ Les réalisateurs de films à gros ou à petit budget, interrompus par la crise, craignent pour l’avenir de leurs œuvres.

après la réouverture des salles de spectacle. Noire, l’année 2020 l’est et le sera au moins jusqu’à l’automne : la mise à l’arrêt, depuis lundi 16 mars, des salles de spectacles, de ciné- mas, des théâtres, des répétitions, des tournages et l’annulation en série des festivals et événements du printempsété ont stoppé net toute possibilité pour les artistes et techniciens de travailler. A cela s’ajoute l’absence de visibi- lité sur la date à laquelle les lieux pourront de nouveau accueillir des spectateurs. Dispositifs d’urgence pour maintenir l’accompagnement Pour l’heure, quelques mesures d’urgence ont été prises. Othman El Ferdaous, le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, a annoncé, le 1 er mai, le déblocage immédiat d’une somme de 7,7 MDH pour près de 124 dos- siers de subventions de soutien aux arts au titre de 2019 (52% aux théâtres, 44% aux musiques et arts chorégraphiques, le reste est dédié aux arts-plastiques). Dimanche 14 juin, El Ferdaous a annoncé le lancement d’un pro- gramme de soutien aux acteurs culturels des mondes de l’art et du livre, «en vue d’atténuer l’impact socioéconomique de l’état d’ur- gence sanitaire». Ce programme prévoit, entre autres, le lancement d’un appel à projets artistiques, pour une enve- loppe globale de 39 MDH, dans les domaines du théâtre et tour- nées nationales; de la musique, chanson, arts de la scène et arts chorégraphiques; des expositions d’arts plastiques et/ou visuels (portées par les galeries); d’acqui- sition d’œuvres d’arts plastiques ou visuels auprès des artistes «afin d’enrichir les collections du minis- tère et d’encourager les jeunes talents». Certes, nous sommes loin du compte et beaucoup ne sont pas très optimistes. Pourtant, on ne peut pas à la fois dire que la culture est essentielle et ne pas mettre les moyens pour la sauve- garder. ◆

L a fermeture des salles de cinéma n’aura pas été la seule conséquence de la crise sanitaire sur la vie des films. En amont, c’est aussi leur fabrication même qui s’est trouvée prise de vitesse par le passage en «phase 2» de la lutte contre l’épidémie. Parmi les nombreux secteurs d’activité touchés, le cinéma, parfois décrit comme une «indus- trie du prototype», a ceci de par- ticulier qu’il invente pour chaque film des conditions uniques, spé- cialement appropriées. Un tour- nage n’est autre qu’un chantier éphémère, rassemblant pour une durée limitée une équipe qui, ensuite, se dispersera, des décors, des saisons, des cir- constances qui disparaîtront, et dont le film dépend entièrement. Autant de paramètres fugaces qui expliquent en partie pour- quoi, dans le domaine, l’interrup- tion est si vivement redoutée. C’est pourtant cette situation qu’ont à affronter, depuis le début du confinement, plusieurs réalisateurs dont les tournages avaient débuté entre fin janvier et début mars. L’annonce du confi- nement a néanmoins été vécue comme un choc émotionnel, qui a coupé net l’élan artistique. Les réalisateurs essaient malgré tout de faire avancer la machine. Certains ont -peut-être- com- mencé le montage à distance, à travailler sur la musique... La sortie de crise apparaît com- plexe pour ceux à qui il reste à

tourner une scène de fête par exemple avec plusieurs figu- rants. Les réalisateurs craignent dans ce sens le poids coercitif des protocoles sanitaires à venir sur la liberté artistique. Mais un film, ce n’est pas comme un manuscrit qu’on laisse de côté. C’est une matière vivante qui dépérit. Pour une jeune héroïne de 16 ans, impossible de lui laisser prendre six mois de croissance, par exemple. Là encore, la reprise du tour- nage n’est aucunement remise en cause, mais n’a rien d’évident. Si, pour certains, il leur reste essentiellement des scènes en intérieur et de nuit, donc rien d’insurmontable. Mais pour d'autres, si c'est un film d’hi- ver…. Si toutes les scènes déjà tournées y correspondent. La saison est importante. Difficile d’imaginer reprendre en juillet, avec les acteurs qui fondent sous leur doudoune. Reste une inconnue, aussi, avec les protocoles sanitaires : si les acteurs doivent encore jouer à proximité les uns des autres, des scènes de contact. Les réalisa- teurs ignorent comment gérer tout cela avec les contraintes de distanciation. Une embrassade serait-elle soudain devenue plus problématique que jamais ? Une seule chose est sûre : si la Covid19 est en train de modi- fier sensiblement les usages, elle ne laissera sans doute pas indemnes nos récits et nos repré- sentations. ◆

Comment éviter alors l’hécatombe sociale et culturelle ? Ou tout court: comment éviter de mourir ? Les intermittents ont des fonc- tionnements particuliers, du fait du caractère saisonnier de leur métier et de calendriers contraints (la plupart des salles de spectacle ont leur programmation engagée pour la saison 2020-2021 depuis le mois de février). Ainsi, la plu- part des spectacles ou des projets reportés ne pourront se réaliser au mieux qu’un an à un an et demi Les troupes les plus en difficulté sont celles dont les répétitions avaient à peine commencé avant le confinement.

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