28
ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 17 JUIN 2021
www.fnh.ma
Délais de paiement
◆ Les délais de paiement se sont rallongés de 40 jours supplémentaires pour les TPE. ◆ L’Etat souhaite instaurer un dispositif de sanctions pécuniaires à l’encontre des entreprises privées présentant des délais au-delà des limites réglementaires. Des chiffres «assez inquiétants» avec la crise
les délais plus courts afin de préserver leurs relations com- merciales.
de paiement, notamment pour les TPE qui étaient déjà à un niveau trop élevé, ont aug- menté entre 40 et 50 jours supplémentaires, et de 40 jours pour les grandes entre- prises. Nous atteignons des chiffres en termes de délais de paiement assez inquiétants» , martèle Amine Diouri. À noter que, de manière géné- rale, ce sont les entreprises dont l’activité est orientée vers une clientèle de particuliers qui affichent les niveaux les plus réduits. Quant aux sec- teurs d’activité dont la clien- tèle est composée essentielle- ment d’entreprises, les délais de paiement ressortent à des niveaux remarquablement plus hauts. L’Etat donne l’exemple Afin de pallier la non-maîtrise des délais de paiement qui s’est manifestée aussi bien au niveau des administra- tions, des collectivités territo- riales que des EEP durant les années écoulées, un ensemble de réformes juridiques ont été menées. Ce qui a permis d’atteindre plusieurs résultats encourageants, se traduisant par la réduction des délais glo- baux du côté des organismes publics. Et les récents chiffres en attestent. En effet, les délais de paie- ment déclarés par l’ensemble des EEP concernant le mois de mars 2021 ressortent en moyenne à 38,4 jours contre 42,6 jours à fin mars 2020. Des données qui corroborent
À contrario, les grandes entreprises jouissent de délais clients relative- ment bas et bénéficient parallèlement des délais fournisseurs largement au-dessus des moyennes observées chez les PME et les TPE. «La question des délais fournisseurs
Les montants des amendes que l’Etat souhaite appliquer sont de 3% pour le mois de retard et 1% pour chacun des mois suivants.
est importante, parce qu’on se rend compte que pour les grandes entreprises, les délais clients sont bas au moment où la durée de paiement des fournisseurs est plus longue» , confirme Amine Diouri. Le stock interentreprises est inquiétant Par ailleurs, aucun secteur d’activité n’échappe à la pro- blématique des délais de règlement, ce qui entraine un gonflement du stock de crédits interentreprises. «Le vrai défi est au niveau du crédit inte- rentreprises privés; on parle de 420 milliards de DH. J’attire l’attention sur le fait que près de la moitié de ce montant est détenue encore une fois par les grandes entreprises» , fait remarquer notre expert. Une situation qui ne risque pas de s’arranger avec la crise actuelle, qui a mis à sec les trésoreries de plusieurs entre- prises. «Sur la base d’études auxquelles nous avons parti- cipé, globalement on se rend compte que durant toute la période de crise, les délais
semblent ne pas s’améliorer et risquent de s’aggraver davan- tage avec la crise actuelle. Les délais de paiement demeurent assez longs dans l’ensemble, mais varient selon la catégorie et la taille de l’entreprise. Les grandes et moyennes entre- prises semblent plus maîtriser leurs délais de paiement, au moment où les très petites rencontrent de nombreuses difficultés. Selon Amine Diouri, directeur Etudes et Communication d’Inforisk, «les derniers chiffres connus jusqu’ici montrent que les TPE ont un délai client de 220 jours, les PME de 113 jours, et les AGE (grandes entreprises) de 80 jours». En effet, les petites entre- prises subissent, d’un côté, des délais longs avant de pou- voir récupérer leurs créances et, de l’autre, l’obligation de payer leurs fournisseurs dans
L es délais de paiement ont toujours consti- tué un défi majeur pour l’économie marocaine. La lenteur des exécutions des paiements ralentit le développement économique et représente un frein face à l’émergence des entreprises nationales, surtout celles en phase de démarrage, une période cruciale durant laquelle le besoin en liquidité est conséquent. Si l’Etat, de son côté, a accéléré les rem- boursements et paiements afin de donner l’exemple, mais aussi dans une optique d’amé- lioration du climat des affaires, le secteur privé peine pour sa part à suivre. Les petites structures sont les plus impactées Les pratiques de paiement Par B. Chaou
Les délais moyens de paiement pour les éta- blissements publics tournent aux alentours de 40 jours.
Made with FlippingBook flipbook maker