FNH N° 1105 (1)

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 20 avril 2023 - 8 DH - N° 1105

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Marché obligataire La hausse des taux en sursis !

AMO

Partenariat entre la CNSS et les notaires P. 14 P. 31 Nos banques sont-elles fragiles ? P. 10/11 SECTEUR FINANCIER Algérie Hicham Sabiri, président du CNONM

Hassan Boubrik, DG de la CNSS

Flambée des prix Non !, chers monétaristes, l’inflation au Maroc n’est pas monétaire

Les barbons engalonnés de la République

P. 12/13

Les banques appellent à revoir l’assurance crédit Exportations

P. 29

P. 15

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Soudan : Pouvoir ensanglanté Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde 4 5 6 7

> Bourse & Finances

Editorial

Point Bourse Hebdo : Encéphalogramme plat, ou presque Secteur financier : Nos banques sont-elles fragiles ? Flambée des prix : Non !, chers monétaristes, l’inflation au Maroc n’est pas monétaire Marché obligataire : La hausse des taux en sursis ! Exportations : Les banques appellent à revoir l’assurance crédit 8 10 12 14 15

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N e soyons pas bougons. Ne soyons pas comme les Français, qui veulent tout et son contraire. Toujours grin- cheux. Toujours en train de rouspéter. Jamais satisfaits. Bref, comme le disait Charles de Gaulle : « Comment voulez-vous gouverner un pays qui a 246 variétés de fromage » ? Heureusement donc que nous ne sommes pas un pays à fro- mages. Nous n’avons pas non plus un sous-sol riche en pétrole qui fabrique des rentiers paresseux. Nous n’avons que notre ambi- tion, notre imagination et notre volonté d’aller de l’avant. Rien qu’avec ça, nous réalisons, quand même, des prouesses économiques. Ce qui ne nous exonère pas de critiquer, s’il le faut, ceux qui sont aux affaires. Histoire de faire avancer les choses. Comme, par exemple, lorsqu’ils sont apathiques devant cette inflation qui lamine le pouvoir d’achat des citoyens et qui enfonce les plus démunis davantage dans la pauvreté. Il nous arrive ainsi d’agiter nos plumes braillardes pour nous plaindre. Mais pour la bonne cause. Mais il faut aussi, de temps à autre, fanfaronner sur les toits, sans triomphalisme, pour mettre sur orbite les acquis du Royaume. Citons-en quelques-uns ! Le TGV, par exemple, très critiqué à ses débuts pour son coût (22,9 Mds de DH), est une belle réussite économique. Ce projet inédit dans son genre au Maghreb et sur tout le continent africain a permis d’accélérer la mobilité entre les deux métropoles et de fluidifier davantage le monde des affaires. Le port Tanger Med s’inscrit dans la même veine, classé en mars 2022 dans le top 3 des ports à conteneurs les plus efficaces au monde, selon une étude américaine. Voilà deux bijoux dont les Marocains doivent être fiers. Tout comme ils peuvent l’être des performances réalisées par le sec- teur industriel, en particulier l’automobile avec ses 100 Mds de DH réalisés à l’export en 2022. L’écosystème automobile national, composé de plus de 250 sous-traitants, produit actuellement 9 modèles de voitures. Aujourd’hui, le Maroc est le 1er producteur de véhicules passagers en Afrique, avec une capacité installée de près d’un million de véhicules par an. Premier, le Royaume l’est également en termes de réseau auto- routier : s'étendant sur 1.800 km, il est considéré le plus long en Afrique. Comme dirait l’autre, petit à petit, le Maroc fait son nid… vers la modernité. Critiquons donc, mais ne faisons pas comme les Français : prenons le temps d’apprécier nos avancées à leur juste valeur. En n’oubliant pas que pour consolider notre dynamique de développement, Il faut constamment se comparer aux meilleurs. u NE SOYONS PAS COMME LES FRANÇAIS ! Par Fatima Ouriaghli

> Economie

Emploi : La société d’investissement de KfW lance son 1 er appel à projets au Maroc Tourisme : L’année 2023 s’annonce sous de bons auspices Entretien avec Abdelkhalek Hassini : Marocains du monde, «Des ressources généralement sous-utilisées» Immatriculation foncière : Le processus confronté à de nombreuses contraintes dans le monde rural

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> L'univers des TPME

Accompagnement entrepreneurial : Start Gate fait ses preuves 27

> Focus Agricole

Sécheresse : A la quête de variétés de plantes ésistantes

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> Politique 29 Algérie : Les barbons engalonnés de la République > Santé Coopération : Le Maroc et l’OMS prêts à relever le pari de la résilience AMO : Partenariat entre la CNSS et les notaires 30 31

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> Développement durable

SNDD 2035 : Poursuite des consultations jusqu’à fin mai Smart City : Rabat parmi les 5 villes africaines les plus intelligentes 32 33

> Société

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Aïd Al-Fitr - Vêtements : Les parents tiraillés entre la qualité et un budget serré

> Culture Bande dessinée : Le plein temps arabe 36

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> High-tech

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Marché du PC : Les ventes s'effondrent, Apple le plus touché

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Soudan

Pouvoir ensanglanté

L e pouvoir est un puissant aphro- disiaque qui abolit dangereuse- ment le discernement. Voire rend fou. Ce qui se passe au Soudan en est le parfait exemple. En cinq jours, deux généraux pétris d’égo et avides de pouvoir ont plongé le pays dans le chaos. Bilan provisoire des combats : près de 200 civils tués. Des civils, qui n’ont rien demandé, pris dans l’étau de rivaux qui n’ont trouvé comme moyen de dialogue que de faire tonner les armes. Des civils qui paient de leur sang, depuis bien long- temps, la convoitise de ces engalonnés qui se servent des armes pour briguer le pouvoir suprême, plongeant ce pays dans une instabilité politique permanente. Rappelons-le, le putsch militaire est quasi institutionnalisé au Soudan, pays qui détient un bien triste palmarès : une vingtaine de tentatives de coups d’Etat depuis son indépendance en 1956, dont six ont réussi. La figure emblématique de la prise de

Par D. William

pouvoir grâce au coup d’Etat militaire est sans aucun doute Omar el-Bechir. Après 30 ans à la tête du pays, il a été chas- sé du pouvoir en 2019 après plusieurs mois de contestations populaires, puis emprisonné. Il est actuellement mis en accusation par la Cour pénale internatio- nale (CPI) pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour les barbaries commises dans le cadre de la guerre du Darfour. Jusqu’à présent, il n’a pas été livré à la CPI. Mais la transition démocratique amorcée après le départ d’el-Bechir a été bru- talement interrompue en octobre 2021, à la faveur d’un nouveau putsch. Aux manettes, le général Fattah al-Burhane, actuel chef de l’armée soudanaise, avec la complicité du général Mohamed Hamdan Daglo, dit «Hemedti», qui dirige les Forces de soutien rapides (FSR). Ce sont ces compagnons d’armes d’hier qui se livrent aujourd’hui un combat fratri- cide, dont les enjeux sont loin des pré- occupations de la collectivité : lutte de

pouvoir et rivalités pour contrôler les res- sources du pays. Un pays amputé d’ail- leurs de sources de revenus considé- rables, le Soudan du Sud, devenu indé- pendant en 2011, concentrant 75% des réserves pétrolières du Soudan d’avant la sécession, miné par l’instabilité politique et fragilisé par la suspension de l’aide internationale. Conséquence : l’économie est en chute libre, le Soudan étant l’un des pays les plus touchés par l’insécurité alimen- taire au monde, selon l’ONU qui estime qu’ «environ 15,8 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire, soit 1,5 million de plus qu'en 2022, la plus forte augmentation depuis 2011». Pendant que les populations crèvent la dalle et que les civils tombent sous les balles, les chefs militaires se battent pour avoir toujours plus de privilèges. Et sou- vent indus. Voilà pourquoi cette Afrique aux sous-sols si riches ne prendra jamais le chemin du développement : elle souffre de la convoitise de ses dirigeants. ◆

Pendant que les populations crèvent la dalle et que les civils tombent sous les balles, les chefs militaires se battent pour avoir toujours plus de privi- lèges.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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Industrie : 320.000 emplois attendus au cours des trois prochaines années

L es produits industriels constituent 86,8% des exportations marocaines, selon le ministre de l'Industrie et du Commerce. Lors de sa réponse à une question orale sur l'éva- luation de la politique industrielle nationale, Ryad Mezzour a fait état de 1.600 projets industriels d'une enveloppe budgétaire de 125 milliards de dirhams. Ces investissements visent à créer 320.000 emplois au cours des trois prochaines années. Ainsi, 596 projets portent sur les petites et très petites entreprises en vue de créer 26.000 emplois, tandis que Baraka liste les projets en cours L e ministre de l'Équipe- ment et de l'Eau, Nizar Baraka, a passé en Réseau autoroutier national

Par ailleurs, Mezzour a souligné que le ministère avait épuisé, à la fin du mois de mars dernier, l'enveloppe budgétaire allouée à l'accompagnement de l'investis- sement industriel des petites et moyennes entreprises. De fait, le ministère a demandé des fonds supplémen- taires pour accompagner le rythme de cette dyna- mique créatrice d'emploi. A noter que 100.000 emplois nets ont été créés dans le secteur de l'industrie depuis le début du mandat du gouvernement jusqu'à la fin du mois de février de cette année, fait savoir Mezzour. ■

817 projets concernent les moyennes entreprises dans l'objectif de créer 80.000 emplois directs.

Dialogue social

Akhannouch rencontre le patronat L es rencontres menées dans le cadre du round d’avril du dialogue social, sous la présidence du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, se sont poursuivies mardi 18 avril 2023 à Rabat, par une rencontre avec les repré- sentants de la Confédération générale des entre- prises du Maroc (CGEM), conduite par Chakib Alj. Cette réunion s’est déroulée en présence de Nadia Fettah, ministre de l’Economie et des Finances, Younes Sekkouri, ministre de l’In- clusion économique, de la Petite entreprise, du Travail et des Compétences, Fouzi Lekjaa, ministre chargé du Budget, ainsi que de la secré- taire générale du ministère délégué auprès du chef du gouvernement chargé de la Transition numérique et de la Réforme administrative. La rencontre a été l’occasion de mettre l’accent sur l’importance de l’implication de la CGEM pour assurer la réussite du dialogue social et permettre la promulgation du code du travail et de la loi sur la grève, dans le cadre de l’attache- ment du gouvernement à l’action commune et responsable avec l’ensemble de ses partenaires sociaux et économiques, en vue de répondre aux revendications et aspirations de la classe des travailleurs au Maroc.

revue, mardi au Parlement, les principaux projets sur lesquels travaille son dépar- tement pour renforcer le réseau autoroutier national qui, s'étendant sur 1.800 km, est considéré le plus long en Afrique.

Le chef du gouvernement a relevé que ces ren- contres se déroulent dans un climat empreint de respect et de confiance mutuelle, réitérant l’engagement du gouvernement à veiller au bon déroulement des sessions de dialogue sectoriel et à leur assurer les garanties et conditions de réussite. Il a salué le bilan honorable du dialogue social, après le respect par l’actuel gouvernement d’un grand nombre de ses engagements, et ce en dépit de la conjoncture difficile. Le round d’avril du dialogue social avait été lancé la semaine dernière par des rencontres avec des délégations de l’Union marocaine du travail (UMT) et de l’Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM), et se poursuivra par une ren- contre avec une délégation de la Confédération démocratique du travail (CDT). ■

Parmi ces projets, figurent le triplement de l’autoroute Casablanca- Berrechid et celui de l’autoroute de contournement de Casablanca, qui aura un impact positif sur le trafic entre le nord et le sud du Royaume. Il est également question de la construction de l’auto- route Tit Mellil-Berrechid sur 30 km, pour une enveloppe bud- gétaire de 1 milliard et 100 millions de dirhams, dont le but est d’accompagner le développement soutenu que connaît la région de Casablanca-Settat. Baraka a également fait savoir que le ministère travaille sur le projet de construction de l’autoroute Guercif-Nador longue de 104 km, pour un coût de 5,5 milliards de dirhams. Ce projet revêt une importance majeure, notamment après l’inaugu- ration du port Nador West Med, qui aura un fort impact économique sur les régions de l’Oriental et de Fès-Meknès, a-t-il ajouté. Autres projets : l’autoroute continentale Rabat-Casablanca sur 59 km, pour un coût de 5 Mds de DH, en plus de la finalisation de l’étude pour la construction de l’autoroute reliant Rabat, Marrakech et Fès, via Beni Mellal et Khénifra. ■

90% des 372.000 puits répertoriés sont illégaux

L e nombre de puits répertoriés dans les différentes régions du Royaume s'élève à 372.000, dont 90% ne sont pas autorisés, selon le ministre de l'Équi- pement et de l'Eau, Nizar Baraka, qui intervenait au Parlement. Ainsi, 12.800 puits de cet inventaire sont fermés, alors que 23.667 autres doivent être fermés. Baraka ajoute que son département travaille en coo- pération avec les services de la conservation foncière en vue de réaliser un inventaire pour déterminer la pro- fondeur et les utilisations de ces puits, et pour mettre en place une carte hydrique permettant de connaître les potentialités des nappes phréatiques du Royaume. Selon lui, le ministère œuvre également sur une nou- velle approche en matière d'autorisation de forage de

Il travaille également pour le lancement d'une plate- forme électronique permettant aux usagers d'avoir les imprimés en vue de consulter les conditions du système de licences en vigueur, ainsi que pour créer une application informatique qui permet d'obtenir des licences de forage des puits dans le bassin du fleuve Bouregreg, en attendant sa généralisation au niveau national d'ici la fin de l’année. Des travaux sont en cours sur l'alimentation des nappes phréatiques par la construction de seuils et de barrages collinaires, ainsi que des travaux sur les «nœuds des nappes» dans un certain nombre de régions, telles que Berrechid, Errachidia (Boudnib et Meski) et Zagora. Ces nœuds permettront de rationaliser les cultures et de les modifier en fonction des capacités en eau. ■

puits, évoquant, à cet égard, la création d'un système de guichet unique pour suivre et examiner les dossiers liés à l'utilisation du domaine public hydrique et obtenir les licences nécessaires dans des délais raisonnables n'excédant pas deux mois au plus tard.

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Nigeria-Maroc : Protocole d'accord sur le déploiement de la biotechnologie dans l'industrie pétrolière

Sénégal : Démarrage du recensement général de la population le 15 mai prochain

Croissance L'Afrique subsaharienne face à une «grande pénurie» de financement

L a croissance économique en Afrique subsaharienne ralentira à 3,6% en 2023, puis accélérera à 4,2% en 2024, a indiqué le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport sur les Perspectives de l'économie mondiale. Cinq pays exportateurs de pétrole de l'Afrique subsaharienne, à savoir le Nigeria, l'Angola, le Gabon, le Tchad et la Guinée équatoriale enre- gistreront un taux de croissance combiné de 3,2% en 2023 et de 3% en 2024, a souligné le FMI, notant que parmi ces cinq pays exporta- teurs de pétrole et l'ensemble de l'Afrique subsaharienne, la Guinée équatoriale est le seul pays dont l'économie devrait se contracter de 1,8% en 2023 et de 8,2% en 2024. Le Sénégal, en Afrique de l'Ouest, devrait enregistrer la plus forte crois- sance de l'Afrique subsaharienne, soit 8,3% en 2023. ■

Afrique du Sud Réticences dans l’investissement dans des projets à forte intensité énergétique Equipment Industries, et NNPC Energy Services Limited ont signé, récemment à Abuja, un protocole d'accord tripartite sur le déploiement de la biotechnologie dans l'industrie pétro- lière. En vertu de ce protocole d'accord, les trois organismes vont s'associer pour utiliser la biotechnologie afin de résoudre les problèmes persistants de l'industrie pétrolière nigériane en amont et en aval. Ceci passera par l'application des outils biotechnologiques au nettoyage des réservoirs de pétrole, à la récupération du pétrole brut et de la paraffine et à l'assai- nissement des sols contaminés par le pétrole, fait savoir l’Agence de presse du Nigeria. ■ L’ Agence nationale de développement des bio- technologies (NABDA), Rahad Global Investment Limited, filiale nigériane de la société marocaine RVD L es investisseurs refusent d'investir dans des projets à forte intensité énergétique en Afrique du Sud, car la crise électrique du pays compromet la continuité des activités et nuit à la croissance économique, a indiqué le ministre du Commerce, de l'Industrie et de la Concurrence,

L’ Opération de recensement général de la population et de l'habitat au Sénégal est prévue du 15 mai au 15 juin prochain, à l'initiative de l'Agence nationale de la statistique et de la démogra- phie (ANSD). Cette opération sera pilotée par plus de 32.000 agents recenseurs sur l'ensemble du territoire national, a indiqué, récemment à Guédiawaye (nord Est de Dakar), le conseiller technique du directeur de l’ANSD, cité par les médias locaux. Ce recensement est le 5 ème du genre après ceux organisés respectivement en 1976, 1988, 2002 et 2013. Selon les autorités, tout est fin prêt pour le démarrage du recensement. ■

Le FMI revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie

Ebrahim Patel. «Il y a de gros investissements à forte intensité énergétique, mais les investisseurs sont prudents car ils ont besoin de voir que nous sommes en mesure de mettre en place les exi- gences d'investissement », a déclaré Patel lors d'une conférence de presse, notant que le pays se doit d'être en mesure de résoudre la grave crise énergétique à laquelle il sera confronté au cours des deux à trois prochaines années, faute de quoi la croissance économique sera compromise. ■

L e Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie à 1,3% pour l'année 2023, contre 2,5% au titre de l'année 2022. L'économie tunisienne devrait enregistrer une croissance de l’ordre 1,9% en 2024, selon la dernière édition des perspectives de l'économie mondiale du FMI. Le taux de croissance de la région Moyen- Orient et Afrique du Nord (MENA) a été éga- lement revu à la baisse et devrait s'établir à 3,1% en 2023 et 3,4% en 2024. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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Le FMI abaisse légèrement sa prévision de croissance mondiale pour 2023

L e Fonds monétaire international (FMI) a légèrement révisé à la baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2023, mais s'attend à ce que les principales régions écono- miques évitent la récession, selon les données publiées mardi à l'occasion de ses réunions de printemps à Washington. L'institution anticipe désormais une croissance mondiale de 2,8% en 2023, en léger recul par rapport à son estimation précédente en janvier (-0,1 point de pourcentage). Pour 2024, le FMI table sur une croissance mondiale de 3%, qui devrait également être la moyenne attendue sur les cinq prochaines années, la pire perspective de moyen terme D ébarrassée des restrictions sanitaires, la Chine a enregistré au premier trimestre une nette accélération de sa croissance, selon des chiffres officiels publiés mardi, les premiers à évaluer un trimestre complet sans l'impact du zéro Covid. Cette politique sanitaire draconienne, qui com- prenait des quarantaines obligatoires, confine- ments à répétition, tests PCR et restrictions aux déplacements, a été levée début décembre. Depuis sa mise en place en 2020, elle portait un coup rude à l'économie en raison du climat d'incertitude généré et des désagréments causés dans le quotidien des Chinois et des entreprises. La fin des mesures a permis à l'activité de repartir nettement au premier trimestre : le produit inté-

n'est cependant pas encore en vue. En cause notamment, l'inflation devrait rester importante en 2023, autour de 7% au niveau mondial. ■

OCDE : Les taux d’emploi

et d’activité atteignent des records au 4 ème trimestre 2022

L es taux d'em- ploi et d’activité dans la zone OCDE ont légère- ment augmenté pour atteindre 69,6% et

depuis 1990. Pour la plupart des pays, un retour à la normale

Après la fin du zéro Covid, la croissance repart en Chine

73,3% au quatrième trimestre 2022, annonce l’Organisation de coopération et de développe- ment économiques. Il s'agit de nouveaux records pour les séries qui ont débuté en 2005 et 2008 respectivement. Près de la moitié des pays de l’OCDE, dont l’Allemagne, le Canada, la France et le Japon ont enregistré des niveaux record pour ces deux indicateurs. Selon l’organisation internationale basée à Paris, au quatrième trimestre 2022, le taux d’emploi a retrouvé son niveau record proche de 70% dans la zone Euro et dans l'Union européenne, où il s’agit de son plus haut niveau depuis 2005. En revanche, il a diminué de plus de 1.0 point de pourcentage en Colombie et en Lituanie. ■

rieur brut (PIB) de la Chine a ainsi progressé sur un an de 4,5%, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS). C'est la première fois depuis 2019 qu'un trimestre complet est évalué sans l'impact des restrictions sanitaires. ■

BCE : La crise bancaire

ne devrait pas impliquer de baisse des taux

USA : L'inflation au plus bas depuis mai 2021

L’ indice des prix à la consommation (IPC) aux Etats-Unis a baissé en mars der- nier pour le neuvième mois consécutif, indique le département du Travail. L'inflation a ralenti à 5% en mars, contre 6% en février, a précisé le département, notant que l'IPC a plongé à son plus bas niveau depuis mai 2021. Pourtant, l'IPC a montré un certain refroidis- sement sur une base mensuelle. L'indice a augmenté de 0,1% par rapport à février, com- parativement à une augmentation précédente de 0,4%. C'est la baisse des prix de l'énergie (-3,5% sur le mois et -6,4% sur un an) qui a favorisé le tasse- ment de l'inflation générale. L'inflation dite sous-jacente, qui exclut les sec-

L a récente crise bancaire ne devrait pas impliquer de baisse des taux de la Banque centrale européenne pour

protéger la croissance économique, a affirmé sa présidente, Christine Lagarde, jugeant essentiel d'observer dans quelle mesure les banques res- serrent ou non les conditions de crédit. « Nous n'avons pas à réduire (les taux). Nous ver- rons. Parce que nous devons vraiment mesurer ce qui sortira de ces récents événements finan- ciers », a indiqué la présidente de la BCE lors d'une interview sur la chaîne CNN. ■

teurs volatils comme l'alimentation ou l'énergie, a aussi ralenti légèrement sur un mois, à +0,4% contre +0,5% en février. Sur un an toutefois, elle reste élevée à 5,6%, contre 5,5% le mois d'avant. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis avril 2022

Encéphalogramme plat, ou presque ◆ Dans un contexte toujours dominé par les craintes inflationnistes et la perspective d'un nouveau resserrement monétaire à venir de la part de BAM, l'heure est de nouveau à la retenue sur le marché casablancais.

«stress» pourrait également revenir si les prochains chiffres de l’inflation du mois de mars font apparaître quelques désillu- sions sur la baisse des prix tant espérée par les opérateurs. De son côté, la thématique taux, avec un marché obligataire qui se stabilise et qui multiplie les signaux de détente, n’a pas plus beaucoup d’impacts sur les actions, comme c’était le cas en début d’année. D’ailleurs, lors de la dernière séance d’adjudication, les taux ont légèrement baissé : -5,1 pbs pour le 2 ans et -9 pbs pour le 52 semaines. Selon des opéra- teurs du marché, ce genre de séances remet en cause le consensus haussier sur les taux obligataires pour le reste de l'année. Cette semaine, le marché a marqué une hausse symbolique de 0,09%. Sur le front des valeurs, 11 indices sectoriels

ont clôturé la semaine en bonne mine, 10 indices en territoire négatif et deux sont restés stables. Le secteur des boissons a signé la meilleure performance de la semaine (+6,06%), devant celui des loi- sirs et hôtels (+4,58%) et celui de l'agroa- limentaire (+3,31%). A l’inverse, l'indice ingénieries et biens d'équipement industriels a enregistré la plus forte baisse (-5,53%), suivi du sec- teur pharmacie qui a laissé 4,62% et celui de la sylviculture et papier (-3,61%). Au titre de cette semaine, le volume glo- bal des échanges s'est élevé à plus de 495,012 MDH, dont plus de 494,84 MDH réalisés sur le marché central. Les dos- siers les plus actifs de la semaine sont LafargeHolcim Maroc, avec un volume transactionnel de près de 66,59 MDH, suivi d'Attijariwafa bank (51,38 MDH) et de Afma (48,71 MDH). ◆

L a star de la semaine est sans conteste la volatilité... ou plutôt son absence totale du marché. Vous voulez une preuve. Sur les 12 dernières séances, la Bourse de Casablanca a évolué sur une mer d'huile en se maintenant dans un couloir serré entre 10.440 et 10.550 points, sans pouvoir s’y extirper. En l'absence de catalyseurs, les inves- tisseurs se sont encore montrés peu ins- pirés lors de cette séquence hebdoma- daire, comme en témoigne la faiblesse des volumes (voir plus bas). En revanche, la saison des publications trimestrielles qui démarre dans une dizaine de jours, apportera une certaine volatilité au mar- ché et poussera les investisseurs à sortir de leur torpeur. Une recrudescence du Par Y. Seddik

Au titre de cette semaine,

le volume global des

échanges s'est élevé à plus de 495,012 MDH.

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BOURSE & FINANCES

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Secteur financier

◆ La débâcle de Crédit Suisse et la crise bancaire américaine montrent que la solidité d’un système bancaire est d’abord une question de confiance. Nos banques sont-elles fragiles ?

les banques, ne représente que 15% des engagements. La deuxième raison, ce sont les ratios régle- mentaires confortables du sec- teur avec, entre autres, un ratio de liquidité LCR qui mesure la quantité d’actifs liquides et de haute qualité mis à la disposition des banques pour gérer des sorties de trésorerie en cas de crise sur une période d’un mois. Ce ratio s’établit à 187% en 2021 contre un minimum réglementaire de 100%. Enfin, les investisseurs étrangers, qui détiennent 30% de la capitalisation boursière dans le cadre de positions stratégiques, ne détiennent que 8,2% du flottant en termes de positions spéculatives, un chiffre en baisse constante depuis plusieurs années (13,8% en 2015). Ces investisseurs détiennent 12% de la capitalisation boursière des banques». L’analyste évoque également l’inter- diction des cryptomonnaies au Maroc, ce qui réduit aussi le risque de conta- gion.

Les banques maro- caines ont des ratios de liquidité de 187%.

Avis d’expert Pour les experts de BMCE Capital Global Research qui évoquaient ce sujet lors d’un webinaire récent, la crise bancaire américaine a un faible risque de contagion. D’abord, sur l’Europe où les banques ont moins de bons du Trésor dans leurs bilans (12% contre 30% pour les banques américaines), les analystes évoquent également une croissance moins rapide des dépôts, le durcissement de la réglementation avec Bâle III et la disposition des Banques centrales à offrir des liquidi- tés aux banques en cas de tension. Quant au Maroc, la banque d’affaires estime que le risque de contagion est faible. Pour Khadija Moussali, analyste chez BKGR, 3 éléments expliquent ce faible risque de contagion : «la diver- sification du portefeuille des banques marocaines contrairement à la SVB qui est très concentrée sur les start-up de la Silicon Valley. Au Maroc, l’industrie, qui est le secteur le plus financé par

N os banques peuvent-elles passer par un épisode simi- laire à celui de Silicon Valley Bank (SVB) ? Pour tuer tout suspense, disons qu’au- cune banque au monde ne peut sur- vivre à un «Bank run». Cette situation extrême où les clients de toutes tailles et de toutes bourses se ruent dans les agences (et aujourd’hui les applica- tions mobiles) pour transférer ou retirer massivement leur argent. Mais ce phé- nomène aurait du mal à faire tomber une banque soumise à Bâle III, qui introduit de nouvelles règles de diver- sification et de liquidités et auxquelles sont également soumises les banques marocaines sous la supervision d’une Banque centrale crédible et rigoureuse. Ce n’était pas le cas pour SVB et les banques régionales américaines simi- laires, aux bilans inférieurs à 50 mil- liards de dollars. Par A. Hlimi

Le gouvernement met des garde-fous

Pour permettre à Bank Al-Maghrib de continuer à maîtriser parfaitement la situation, le Conseil de gouvernement du 6 avril a adopté un décret préci- sant les conditions et les modalités permettant à l'Etat d'offrir une garan- tie à la Banque centrale pour couvrir les besoins de liquidités urgents des banques. Une carte de plus dans les mains de la Banque centrale pour agir vite, en cas de besoin, sans qu’elle ne dégrade sa signature. Ce projet s'inscrit dans le cadre de l'application des dispositions de l'ar- ticle 67 de la loi n°17.40 qui autorise Bank Al-Maghrib, dans l'exercice de sa mission de préservation de la stabilité

Le porte- feuille des banques

marocaines est diversifié

contraire- ment à la

SVB qui est très concen- trée sur les start-up de la Silicon Valley.

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financière, à accorder, à sa dis- crétion, des liquidités d'urgence en faveur d'un établissement de crédit rencontrant des difficultés quant à sa liquidité et dont la sol- vabilité est mise en doute. Selon ce décret, ces facilités accor- dées par BAM sont condition- nées par une garantie accordée par l'Etat pour couvrir la Banque centrale, et dont les modalités seront déterminées par un texte réglementaire. Cette garantie accordée par l'Etat à Bank Al-Maghrib à titre excep- tionnel, dans le cadre du main- tien de la stabilité financière, vise à maintenir la solidité financière de Bank Al-Maghrib après avoir fourni des liquidités d'urgence aux établissements de crédit. Ce projet comprend un ensemble de dispositions précisant les conditions d'octroi d'un garant étatique pour couvrir les liqui- dités d'urgence, a précisé le porte-parole de l'Exécutif suite au Conseil de gouvernement. Cette garantie couvre les liqui- dités d’urgence octroyées à des établissements de crédit ayant des problèmes de liquidité et pré- La garantie est accordée, au cas par cas, après une demande motivée formulée par BAM. Elle est assortie d’une commis- sion supportée par l’établis- sement de crédit bénéficiaire de la liquidité d’urgence. La garantie est levée à la fin de la liquidité d’urgence ou suite à son remboursement par anti- cipation. Dans ce sens, une conven- tion d’échange d’informa- tions entre le ministère des Finances et Bank Al-Maghrib précisera les modalités tech- niques de cet échange. Les modalités d’octroi de la garantie de l’Etat

sentant des doutes quant à leur solvabilité dans le cadre du main- tien de la stabilité financière. Comment ça marche ? L’appréciation de ces conditions est laissée à BAM à travers la définition de critères qualitatifs et quantitatifs. Les conditions

préalables devant être réunies avant l’octroi de la garantie sont, primo, le lien avec la stabilité financière. Secundo, la banque concernée par l’octroi de la liqui- dité d’urgence rencontre des problèmes de liquidité et pré- sente des doutes au plan de la solvabilité. Enfin, que celle-ci ait

épuisé toutes les autres voies possibles de refinancement avant la demande de la garantie de l’Etat par BAM. Cette garantie a une durée maxi- male de trois mois, qui peut être prorogée suite à l’accord de l’au- torité gouvernementale chargée des finances. ◆

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Flambée des prix Non !, chers monétaristes, l’inflation au Maroc n’est pas monétaire D epuis le début de la flambée des prix au Maroc, le débat va bon train sur le fon- dement de ce que qui présentent l’actuelle inflation au Maroc comme étant exclusi- vement monétaire et imputable à un prétendu laxisme moné- taire de BAM qui remonterait au moins à 2005. monétaire, M3 est un agrégat utilisé pour mesurer la masse monétaire. Il comprend M1, à savoir les actifs liquides (monnaie fiduciaire, scripturale et dépôts à vue), M2, les actifs monétaires moins liquides (comptes sur car- net, livrets) et les actifs les moins liquides (comptes à terme, titres OPCVM,...). Par Rachid Achachi, chroniqueur, DG d’Archè Consulting

moins d’une urgence ou d’une envie pressante et irrésistible de tomates, cela ne risque pas d’arriver, du moins si l’on se situe toujours dans le paradigme libéral de l’homo-economicus. A partir des données sur ce tableau, il nous est possible de distinguer 2 phases. La première va de 2005 à 2015. Durant cette période, M3, soit la masse moné- taire, a effectivement plus que doublé. Cependant, la part de M2, soit la composante liquide de la masse monétaire, a même relativement diminué, au profit de la partie la moins liquide. Cela peut s’expliquer en partie par le fort développement qu'ont connu les marchés financiers durant le milieu des années 2000, avec notamment l’introduction de plusieurs grandes entreprises comme Maroc Telecom. La capitalisation boursière a ainsi, à titre d’exemple, connu une augmentation de 65,30% en 2006 par rapport à 2005. Ainsi, le surplus monétaire constaté durant cette période à travers l’évolution de M3 a davantage nourri la croissance des marchés financiers que l’économie réelle. Quant aux actifs monétaires liquides, leur part relative a même diminué. Par conséquent, si une inflation a bien résulté de l’augmenta- tion de la masse monétaire (M3) entre 2005 et 2015, elle s’est située davantage au niveau des marchés des titres financiers. Quant à la deuxième phase allant de 2015/2016 à 2019, la remontée de la part relative de M2 dans le total de la masse monétaire peut en partie s’expli-

Qu’en est-il réellement ? Si cette dernière analyse d'obé- dience monétariste paraît à première vue imparable, il en est tout autrement dès que l’on plonge dans le détail. Je la quali- fie de monétarisme en référence à la célèbre définition donnée par Milton Friedman de l’infla- tion, pour qui : «l’inflation est toujours et partout un phéno- mène d’origine monétaire». Elle serait dans cette perspective provoquée par une hausse plus rapide de la masse monétaire que du PIB. Cette analyse se fonde sur plusieurs arguments majeurs, que l’on tentera de dis- cuter un à un. Premièrement, le ratio M3/PIB Pour rappel, en macroéconomie

l’on a pris l’habitude de qualifier d’inflation. Car, si au début la racine du mal était clairement énergétique au vu du conflit en Ukraine, elle a très rapidement pris un tournant de plus en plus alimentaire, de quoi semer le doute dans les esprits des non- initiés. Ainsi, si certains économistes et hauts responsables comme Ahmed Lahlimi ou Najib Akesbi pointent du doigt des dysfonc- tionnements structurels propres à notre économie, d’autres ont un avis fortement contrasté. On peut citer à titre d’exemple l’évo- lution de l’avis du Wali de Bank Al-Maghrib pour qui, l’inflation fut importée à ses débuts avant de devenir un peu plus tard endogène. Ou encore d’autres

Si ce ratio (M3/PIB) sert habituel- lement à mesurer le niveau de maturité d’un système financier, certains entendent implicitement l’utiliser pour démontrer que le déphasage entre l’évolution de la masse monétaire et le PIB au Maroc, est à l’origine de l’in- flation actuelle. Pour cela, ils comparent graphiquement l’évo- lution des deux agrégats, qui démontrent effectivement qu’à partir de 2005/2006, la masse monétaire a commencé à croître plus rapidement que le PIB. Première objection : pourquoi M3 ? Car s’il s’agit de rapporter la monnaie en circulation, c'est- à-dire celle qui peut poten- tiellement nourrir des ten- sions inflationnistes, au PIB, il serait plus adéquat d’uti- liser l’agrégat qui exprime le plus pertinemment la composante liquide de la masse monétaire, soit M2. Car le risque que j’aille ache- ter massivement des tomates ou un smartphone avec mon argent bloqué sur mon compte à terme, est me semble-t-il qua- siment nul, vu le coût que je devrais supporter pour convertir cet actif non liquide en monnaie sonnante et trébuchante. Car à

Milton Friedman : «l’inflation est toujours et partout un phénomène d’origine monétaire».

Les légumes ne coûtent pas plus cher car les Marocains ont plus ou trop d’argent.

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quer par la hausse importante et ininterrompue des crédits immobiliers à partir de 2016. Ainsi, au moment où les crédits à la consommation ont quasi- ment stagné durant la période, ceux destinés à l’immobilier ont connu une croissance impor- tante, à l’origine certes d’une hausse importante des prix des biens immobiliers, mais aucu- nement de l’inflation qui est une hausse généralisée et non sec- torielle des niveaux des prix. Par conséquent, de même que les marchés financiers, l’immo- bilier a capté en partie l'excé- dent de la croissance de la masse monétaire. Deuxième objection : le PIB, Seriously ? Passons désormais à la deu- xième composante du ratio uti- lisé, j’ai nommé le PIB. L’économie marocaine, comme nous le savons, est composée de deux grands secteurs : le formel et l’informel. Mais comme pour la plupart des pays en voie de développement ou d’émer- gence, la part de l’informel au Maroc est largement supérieure à celle que l’on retrouve dans des pays développés. Le poids de l’informel au Maroc est estimé entre 30 et 40% du PIB. Soit environ un tiers de la création de richesses ou de valeurs se fait en dehors des radars. Mais si du point de vue de la comptabilité nationale, l’in- formel est pris en compte dans le calcul du PIB, il n’en demeure pas moins vrai que la démarche se fonde sur des estimations, des enquêtes et des données diverses et éparses. Ainsi, les plus belles estimations du monde ne peuvent donner que ce qu’elles ont. Il est par consé- quent fort probable que le poids de l’informel soit sous-estimé dans le calcul du PIB marocain. Ce qui, le cas échéant, risque de remettre en cause les résul- tats obtenus par le ratio M3/ PIB, ainsi que les conclusions qui peuvent en découler. Car si notre PIB est par exemple

Évolution de la structure de la masse monétaire (M3, M2 et M3-M2)

2005

2007

2010

2013

2015

2019

2022

M3 (la masse monétaire)

480.011

651.333,7

868.502

993.067

1.100.392,7

1.331.859

1.605.149

804.638

M2 (la composante liquide)

363.758

487.986

618.857,7

727.709

1.028.741

1.296.951

M3-M2 (la composante la moins liquide)

116.253

163.347,7

249644,3

265.358

295754,7

303.118

308.198

M2 (en % de M3)

75,78%

75%

71,25%

73,27%

73,1%

77,24%

80,8%

M3-M2 (en % de M3)

24,2%

25%

28,74%

26,72%

26,87%

22,75%

19,2%

Ventilation du crédit bancaire entre 2008 et 2023

350.000

300.000

250.000

200.000

150.000

100.000

50.000

0

Crédiits immobiliers

Crédits a la consommation

réellement de 10% supérieur à sa valeur officielle, cela tirera le ratio vers le bas, ramenant ainsi le rapport entre la masse moné- taire et le PIB à des niveaux moins problématiques. Troisième objection : le tro- pisme énergétique, puis ali- mentaire de l’inflation Si le mal, soit la politique moné- taire prétendument laxiste de BAM, remonte à 2005, il a fallu quand même attendre environ 15 ans pour que cela produise ses effets. Cependant, le fait est que la dynamique inflationniste actuelle a bel et bien commencé avec la crise énergétique mon- diale, ce qui donna un caractère éminemment importé à l’inflation que nous vivons. Car comme le dit si bien l’excellent Charles Gave, l’économie c’est avant tout de l’énergie transformée. Quand les prix de l’énergie aug- mentent, tous les prix augmen- tent. Il est vrai que la hausse des prix de l’énergie à l’échelle mon- diale a été un peu trop facilement imputée au conflit en Ukraine.

Car en réalité, les raisons sont à chercher du côté des poli- tiques monétaires, pour le coup réellement laxistes, menées par les plus grandes Banques cen- trales occidentales (FED, BCE, BOE) depuis 2008, et à des niveaux plus importants durant la période Covid. Ajoutons à cela la désorganisation de la Supply Chain qui en découla, et l’explo- sion des prix et la raréfaction des semi-conducteurs. Mais le cœur de mon objec- tion réside ailleurs. Il réside au niveau du tropisme désormais alimentaire de la hausse des prix. Car, contrairement aux pro- duits de luxe et aux biens à fortes intensités technologiques dont l'élasticité de la demande est importante, la demande de biens essentiels est fondamen- talement rigide. Autrement dit, les riches ne mangent pas plus de tomates que les pauvres. Ainsi, que M1, M2 ou M3 augmentent, cela ne se traduira aucunement par une augmentation fulgurante de la demande de tomates,

de carottes ou d'oignons. Il en résulte que non, les légumes ne coûtent pas plus cher car les Marocains ont plus ou trop d’argent comme le sous-entend cette analyse. Par conséquent, si la demande est rigide et n’y est donc pour rien, le problème au niveau du marché de l’alimentaire réside davantage au niveau de l’offre. Autrement dit, au niveau de la hausse des coûts des intrants, des séquelles des précédentes sécheresses, de la multiplicité et de l’opportunisme des inter- médiaires, et enfin, au niveau de l’échec enfin constaté du Plan Maroc Vert. Pour le dire plus simplement, cette hausse, comme l’a clairement expliqué Ahmed Lahlimi, ne peut avoir pour origine que des problèmes structurels profonds. Pour conclure, je rappellerais que je maintiens en réserve d’autres objections constructives, que je garderais bien au chaud pour une future chronique. En atten- dant, je vous souhaite une bonne fin de Ramadan. ◆

La dyna- mique infla- tionniste actuelle a bel et bien commencé avec la crise énergétique mondiale.

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