BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 AVRIL 2025
Bourse de Casablanca Trump ravive les tensions, le marché encaisse le choc Alors que Donald Trump souffle de nouveau sur les braises du protectionnisme, les marchés financiers mondiaux réagissent en ordre dispersé. À Casablanca, la Bourse accuse le coup. Pour Abderrazak El Maghraoui, président de Serval Asset Management, le retour à une guerre douanière mondiale crée un effet domino qui dépasse largement les frontières américaines. Par Y. Seddik
contre un autre risque : le renfor- cement du Dollar, conséquence quasi-mécanique des tensions commerciales américaines. «Un Dollar fort renchérit les importa- tions, pèse sur certaines matières premières et exerce une pression sur les monnaies des économies comme la nôtre. Il faut garder un œil sur ce canal de transmission, souvent sous-estimé», prévient-il. Mais tout n’est pas noir. Pour El Maghraoui, les phases de stress sont aussi des moments de lecture fine des valorisations. Certaines valeurs fortement sanc- tionnées sans raison fondamen- tale deviennent attractives pour les investisseurs avisés. « Nous voyons émerger des points d’entrée intéressants, notamment dans les secteurs défensifs et les valeurs peu corrélées à l’interna- tional. Il faut faire preuve de sélec- tivité, mais il y a des opportunités», assure-t-il. Il ajoute : «Ce type de correction rappelle que les marchés ne sont pas linéaires. L’important, c’est de garder une vision claire, de distin- guer le bruit des vraies tendances et de ne pas céder à l’émotion». Alors que les grandes Banques centrales restent en retrait et que les flux internationaux rede- viennent volatils, la Bourse de Casablanca entre dans une phase de respiration. Mais pour Serval Asset Management, cela ne doit pas être interprété comme un signal d’alerte généralisé. «Les fondamentaux macroécono- miques du Maroc restent solides. Le marché est certes vulnérable à des secousses exogènes, mais il n’est pas structurellement mena- cé» , conclut El Maghraoui. Bref, une fois la panique passée, le contexte macroéconomique pourrait rapidement redevenir un catalyseur pour les actions maro- caines. La guerre commerciale, perçue comme déflationniste, commence déjà à produire des effets concrets sur les coûts logis- tiques. Les importateurs maro- cains constatent une forte baisse du fret et des prix des marchan- dises venues d’Asie, renforçant le pouvoir d’achat des ménages à terme sur des biens d'équipement légers. ◆
Les investisseurs réajustent leurs portefeuilles à la lumière de ce qu’ils perçoivent comme une montée des tensions internationales.
D
ans un environnement mondial marqué par une extrême nervo- sité, la Bourse de Casablanca a surpris par la violence de sa correction hebdomadaire. Avec une baisse de près de 7% sur la semaine, le Masi signe l’une des plus fortes contre-performances mondiales, loin devant des mar- chés pourtant exposés en pre- mière ligne à la guerre commer- ciale sino-américaine, comme le Hang Seng (-8,47%) et le SZSE chinois (-5,13%). Selon plusieurs opérateurs interro- gés, cette baisse s’explique avant tout par un phénomène de prise
de bénéfices paniquée de la part des investisseurs particuliers. Ces derniers, après avoir accumulé d’importants gains ces deux der- nières années, ont choisi de se désengager brutalement et sans discernement. Ce mouvement a été accentué par les arbitrages de certains OPCVM obligataires, en réduction de leur poche actions dans un souci de sécurisation des rendements. «Dès que Trump agite le spectre de surtaxes, les investisseurs inter- nationaux réévaluent leur exposi- tion aux marchés émergents. Le Maroc, bien que peu concerné directement, est embarqué dans ce mouvement global d’ajuste- ment», explique Abderrazak El Maghraoui, président de Serval Asset Management. Depuis l’annonce de Trump visant
à rétablir certaines barrières doua- nières, l’indice MASI a effacé plu- sieurs semaines de progression. Ce repli, selon El Maghraoui, ne reflète pas une détérioration des fondamentaux locaux, mais un simple « effet de propagation des risques globaux». «La Bourse de Casablanca reste étroitement corrélée au sentiment de marché mondial. Quand les places asiatiques tanguent et que les gérants étrangers réduisent leur exposition au risque, cela se ressent immédiatement ici, même si le Maroc n’est pas dans la ligne de mire de ces mesures», sou- ligne-t-il.
“Nous voyons émerger des points d’entrée intéressants, notamment dans les secteurs défensifs et les valeurs peu corrélées à l’international”.
Le risque Dollar et des opportunités à long terme
Au-delà des mouvements bour- siers, le financier met en garde
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