FNH N° 1192

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 AVRIL 2025

déficit devrait se situer dans une fourchette comprise entre 300 et 340 milliards de DH à l’horizon 2027. Le programme de transi- tion énergétique doit être accéléré pour réduire la dépendance du Royaume vis-à-vis de l’étranger. Il est indispensable de renforcer les sources d’énergies non fos- siles, particulièrement éoliennes, solaires, hydraulique…». Effina précise par ailleurs que le Royaume est appelé «à diver- sifier ses débouchés et ne pas trop dépendre des marchés clas- siques, particulièrement ceux de l’Europe. Davantage d’effort doit être déployé pour soutenir les exportations, surtout industrielles, censées créer plus de valeur ajou- tée. Pour les autres secteurs, le Made in Morocco doit s’imposer notamment sur le marché natio- nal. Notre pays a la capacité de produire localement de nombreux produits qu’il importe». En outre, notre interlocuteur tient à signaler que «le Maroc n’a pas été épargné par les chocs de grande ampleur qui ont impacté son économie, comme la pandé- mie du Covid-19, la crise finan- cière de 2008 ou la guerre en Ukraine dont les retombées ont perturbé sérieusement les chaînes de valeur et réduit la demande mondiale. D’où l’urgence de déve- lopper les conditions de sa rési- lience». Outre la promotion des exporta- tions, le Maroc est tenu aussi de relever le défi de la maîtrise des importations. Cela passe par la consolidation et la refonte des accords d’association et ceux de libre-échange. «Il faut réviser les accords com- merciaux avec les pays ou les groupements de pays avec les- quels les échanges du Maroc sont déficitaires. Le Royaume respecte ses engagements, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Certaines clauses lui sont défa- vorables ou ne sont pas respec- tées. Je cite notamment l’accord d’Agadir ou celui conclu avec la Turquie. Le creusement du déficit risque d’impacter la souveraineté nationale sur des domaines très stratégiques comme l’énergie et l’alimentation» , conclut Effina. ◆

 La promotion du Made in Morocco est un levier important pour substituer certaines importations par une production locale.

Échanges extérieurs Quelles options pour le Maroc pour réduire le déficit commercial structurel ? C Le Maroc peine à corriger le déséquilibre structurel de sa balance commerciale. Tiré par des importations toujours plus élevées, le déficit s’aggrave d’année en année, mettant en lumière la vulnérabilité du Royaume face aux chocs exogènes. Par C. Jaidani

es dernières années, le commerce extérieur du Maroc a connu une nette évolution, passant d’une valeur de 858 milliards de DH en 2021 à 1.217 milliards de DH en 2024, soit une progression de 41,84%. En dépit de ce bond, les échanges du Royaume avec le reste du monde continuent d’affi- cher un déséquilibre structurel qui ne cesse de se creuser, passant, lors de la même période, de 199 milliards de DH à 305 milliards de DH. L’aggravation du déficit est due en grande partie à une hausse accé- lérée des importations par rapport aux exportations. De ce fait, le taux de couverture est passé de 61,8% en 2021 à 59,8% en 2024. Quant au taux d’ouverture de

l’économie nationale sur l’éco- nomie mondiale, il est passé de près de 72% en 2021 à 85,8% en 2022 pour se stabiliser à 77,7% en 2024. Cet indicateur, qui mesure la valeur des exportations et des importations par rapport au PIB, montre la bonne intégration du Maroc dans les chaînes de valeur du commerce mondial. Mais il dévoile aussi la vulnérabilité du Royaume face aux chocs exo- gènes, particulièrement pour ce qui est de l’approvisionnement en pétrole, en blé et en produits-semi- finis où le pays dépend beaucoup de l’étranger pour satisfaire ses besoins. «Le déficit commercial s’accen- tue d’une année à l’autre et tout laisse présager que ce phéno-

mène devrait se poursuivre dans les années à venir. Grâce aux performances du tourisme et des transferts de nos MRE ainsi que d’autres secteurs phares comme les phosphates, l’automobile, l’aéronautique, le Maroc a pu évi- ter l’amenuisement de ses avoirs extérieurs», explique Driss Effina, professeur universitaire et pré- sident du Centre indépendant des analyses stratégiques. Et de poursuivre que «la facture énergétique pèse lourdement sur la balance commerciale. Elle est la cause de près de 50% de ce défi- cit. La facture alimentaire affiche, elle aussi, un coût élevé parti- culièrement pendant les années de sécheresse. Si les conditions actuelles restent inchangées, ce

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